Le « Blanc »

On est toujours très fier de déclarer pompeusement que nous sommes la Première république noire, même si depuis l’époque des fondateurs très peu d’entre nous avaient compris ce que cela implique. Aujourd’hui, pour expliquer la catastrophe, on revient toujours à la dette de l’Indépendance, alors que Boyer n’avait nulle raison objective de payer cette prétendue redevance. Et, bien sûr, l’Occident a toujours voué une haine au nouvel État parce que d’anciens esclaves, des hommes de couleur, avaient vaincu une armée aguerrie.

Ce qui est effarant, c’est comment nous en sommes arrivés à nous agenouiller devant les étrangers qui nous étranglent, le « Blanc », comme on aime à le dire chez nous, jusqu’à leur remettre tous les pouvoirs de décision. Dans des partis politiques, dans des cénacles où la réflexion devrait s’élever à un certain niveau, on remet tout à la volonté du « Blanc ». Ainsi on attendra les élections américaines pour planifier telle action, comme si la politique internationale de ce pays impérialiste changeait sensiblement avec une autre administration. Il est vrai qu’au vu de la puissance de ce pays, le monde entier est à l’écoute de sa politique, mais s’en remettre entièrement à des décideurs — souvent d’obscurs petits fonctionnaires — à Washington relève d’une incommensurable incompétence. Nos dirigeants politiques et économiques bombent le torse devant leurs citoyens, mais courbent l’échine de manière pitoyable devant le « Blanc ». On a vu récemment un haut dignitaire de l’État dans une posture ridicule devant un simple ambassadeur.

Tout patine actuellement sur la scène politique parce que tout le monde attend une décision du « Blanc »  qui ignore, jusqu’au mépris, une douzaine de millions de nègres dont les dirigeants démontrent chaque jour leur inaptitude à gouverner, leur voracité à profiter des maigres ressources de leur pays et aussi leur bestialité dans la satisfaction de leurs bas instincts en faisant main basse sur le peu que la nation génère.

Les États-Unis et le Canada sont plus intéressés à ce qui se passe à des milliers de kilomètres de leurs frontières. Notre pays est à quelques centaines de kilomètres, mais nous ne sommes pour eux qu’une petite nuisance qu’on peut mésestimer. Cela profite bien à nos dirigeants qui peuvent rêver encore à des mois, à des années de ripailles. Biden a donné des ailes à leurs rêves, avec ces milliers de citoyens qui ne pensent plus qu’à fuir. Il y aura moins d’âmes pour nourrir une possible contestation. L’élite haïtienne a le même songe qu’une certaine élite mondiale qui pense que la planète est trop peuplée et qu’il faudrait la débarrasser de ce trop-plein. D’autant que chaque Haïtien, qui part et laisse de la famille derrière lui, enverra quelques dollars au pays, vite happés par le super gang faisant main basse sur le pays.

Rapatrier la pensée est une exigence pour nous. Il faut que nous arrivions à décider par nous-mêmes de notre destin. Face à cet Occident qui ne montre que mépris à notre égard, il faut que nous réfléchissions à d’autres amitiés plus en accord avec notre histoire. Des pays africains comme l’Afrique du Sud, le Rwanda, le Nigéria et bien d’autres de ce continent qui refusent maintenant d’être des valets de l’Occident peuvent mettre leur poids dans la balance si nous leur faisons comprendre que là, dans cette Caraïbe, se prépare peut-être une autre offense à l’Humanité. Mais on n’a pas encore d’hommes d’État pour entamer une autre politique favorable à notre nation. Et le « Blanc »  fera tout avec l’appui de nos domestiques nationaux pour que nous n’en ayons pas.

 

Gary Victor

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