Fantôme 509 : Le chef du Gouvernement hausse le ton

Dans ses déclarations après la sortie des policiers de Fantôme 509 vendredi dernier, le Premier ministre haïtien exige l’arrestation de tous les adhérents de ce groupe qu’il qualifie de bandits et terroristes. Selon le chef du Conseil supérieur de la Police nationale d’Haïti (CSPN), ces individus ne sont pas de vrais policiers. Ils devraient être arrêtés et mis hors d’état de nuire.

C’est une déclaration inquiétante qui prouve que l’État n’a aucun contrôle sur les institutions du pays, et qu’il ne peut assurer la sécurité sur le territoire. À leur guise, les membres de la nébuleuse Fantôme 509 bloquent les activités dans le pays. Quand ils sont dans les rues, même les policiers en poste n’y peuvent rien, sinon qu’observer. Ils possèdent des armes de grands calibres et portent les uniformes des unités spécialisés de la PNH. Pourtant le Premier ministre ne les reconnaît pas comme policiers.

Vendredi dernier, ces individus, qui se réclament de la PNH, ont fait une démonstration de force dans les rues de la capitale. Au bilan, une dizaine de véhicules ont été incendiés. Selon diverses personnalités, Fantôme 509 est le résultat de l’échec de l’équipe en place qui n’arrive pas à gérer les institutions du pays ni créer une base de confiance populaire. Entre l’équipe de Jovenel Moise et le peuple haïtien, c’est un dialogue de sourds depuis au moins trois ans. La frustration est à son paroxysme.

Conscientes de cette frustration, les deux branches de l’exécutif se sont lancées à la conquête des esprits. À travers des campagnes médiatiques, le président et le Premier ministre cherchent à conquérir les cœurs des Haïtiens. Pourtant, au lieu d’une amélioration, on dirait que les dirigeants aggravent la situation quand ils prennent la parole.

Voulant donner l’impression d’être très proches du peuple, le président de la République et le Premier ministre font la tournée des médias, discutant sur des sujets les uns plus préoccupants que d’autres. La semaine dernière, le chef de l’État, Jovenel Moise, a été reçu en exclusivité dans plusieurs médias de la capitale. Ce lundi 23 novembre, Joseph Jouthe, a démarré sa semaine de travail de la même façon. Toujours avec l’objectif de se rapprocher du peuple, et de le faire comprendre le bien-fondé des actions gouvernementales.

Pourtant, le constat montre qu’en dépit de tous ces efforts déployés, la connexion entre l’équipe au pouvoir, la population et certaines institutions est difficile. La décision de changer le directeur de la PNH a été prise au moment de la tournée médiatique. Et selon le président Jovenel Moise, cette décision est dans l’intérêt de la population ainsi que les agents de la PNH. Pourtant, cela n’empêche que les policiers de Fantôme 509 de paralyser le Centre-ville de la capitale durant au moins une demi-journée.

Il faut noter que cette frustration n’est pas le monopole de l’institution policière. La population est méfiante et incrédule. La parole portée par les officiels soulève encore plus la colère et l’indignation chez les gens. Les réactions sur les réseaux et à travers les manifestations populaires en disent long sur cette relation peu cordiale entre l’équipe actuelle et le peuple haïtien.

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