Enfin un vaccin contre le coronavirus !

L'entreprise allemande de biotechnologie de Mayence et son partenaire américain Pfizer ont annoncé, le 9 novembre, la nouvelle attendue avec tant d’impatience depuis des mois : la mise au point d’un vaccin pouvant nous prévenir et nous prémunir du coronavirus. Le monde médical serait-il arrivé en fin de course ?

C’est désormais chose faite : dans la course au premier vaccin contre le coronavirus, Biontech et son partenaire Pfizer ont remporté la mise. Lundi, la société de biotechnologie de Mayence (Allemagne) et le groupe pharmaceutique américain ont rendu publics les premiers résultats d’essai clinique de phase 3 pour leur candidat vaccin désigné « BNT162b2 ». Selon ces données, le potentiel vaccin atteindrait un taux d'efficacité de plus de 90 % sept jours après la deuxième dose, indiquent les entreprises. Cela signifie que la protection sera atteinte 28 jours après le début de la vaccination, qui consiste en deux doses de 30 microgrammes chacune. Les données en question sont basées sur l’évaluation de 94 cas de volontaires ayant reçu le vaccin ou un placebo. Les entreprises n'ont pas encore fourni d'informations sur la durée de l'effet protecteur.

Cette première analyse préliminaire de l'efficacité du vaccin a été menée par un comité externe et indépendant, le 8 novembre. Il n'y aurait pas de graves problèmes de sécurité. Biontech et Pfizer avaient également recueilli des données sur la sécurité et la tolérabilité lors d'essais cliniques antérieurs.

Les deux firmes ont maintenant l'intention de demander une autorisation d'urgence à la Food and Drug Administration (FDA) américaine, qui devrait être accordée au cours de la troisième semaine de novembre. Le moment choisi est déterminé par d’autres données requises, qui sont par exemple liées à la période d'observation après la vaccination. Les partenaires sont également en discussion avec d'autres autorités de régulation.

FrankfurterAllgemeineZeitung, le quotidien de Francfort, indique que depuis quelques semaines, l'Agence européenne des médicaments (EMA) évalue aussi le vaccin dans le cadre d'un processus d'examen accéléré, appelé « rollingreview », c’est-à-dire que les données sont soumises en continu plutôt qu'à la fin des essais cliniques.

« Biontech et Pfizer se concentrent sur un vaccin à ARNm qui utilise les substances messagères responsables de la communication entre les cellules. La société de biotechnologie Curevac, basée à Tübingen, et la société américaine « Moderna », qui est également à un stade de développement avancé, s'appuient également sur cette technologie. Cependant, aucun vaccin de ce type n'a jamais été approuvé auparavant », indique le FAZ en date du 9 novembre 2020.

Près de 44 000 volontaires de 18 à 85 ans ont participé à l'étude, dont près de 39 000 ont déjà reçu la deuxième dose. Environ 42 % des participants mondiaux et 30 % des participants américains auraient des origines ethniques diverses. L'étude se poursuit et suivra les sujets pendant deux ans.

Néanmoins, au lieu de l'objectif de 100 millions de doses, seulement 50 millions seront fournies cette année, indique-ton, sans en donner la raison. Jusqu'à 1,3 milliard de doses sont encore prévues pour l'année prochaine. À cette fin, Biontech et Pfizer ont massivement augmenté leurs capacités de production au cours de ces derniers mois. Toutefois, divers gouvernements auraient déjà obtenu des centaines de millions de doses à l'avance.

La nouvelle a été bien accueillie par les autorités allemandes et américaines qui avaient placé leur espoir dans le vaccin. Son effet sur le marché boursier ne laisse pas de doute : le cours de l'action Biontech a augmenté de 24 %, celui de l'action Pfizer de 14 %.

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Selon le Südwest Presse d’Ulm,Biontech, « financée avec l’argent des contribuables, utilise une nouvelle technologie qui a le charme de pouvoir produire beaucoup et rapidement, mais qui a aussi l’inconvénient de nécessiter des températures basses, inférieures au point de congélation, pour le transport et le stockage. C’est l’une des raisons pour lesquelles les doses doivent être administrées dans des centres spécialement créés à cet effet. ». Il doit être conservé à moins de 75 degrés.

À propos de la distribution du vaccin, le quotidien « Mitteldeutsche Zeitung » estime qu’il serait nécessaire d'établir d'autres priorités au sein des groupes. « Les infirmières ou les personnes âgées en premier lieu ? Policiers ou enseignants ? Une femme alitée de 95 ans ou un jeune homme ayant reçu une greffe de rein ? Il n'y a pas encore de réponse » à ce sujet.

Pour sa part, le « Süddeutsche Zeitung » recommande de « fairevaccinerd’abord les personnesqui ont pris des risques pour la communautépendant la pandémie et qui, si elles sont infectées,apporteront le virus dans les groupes les plus vulnérables : médecins, infirmières, enseignants etéducateurs ». Le quotidien pense toutefois qu’une telle stratégie de vaccination « ne sera acceptée que si les gens comprennent qui bénéficiera de la vaccination préférentielle ». Il ajoute qu’il ne répondra aux exigences de l'éthique médicale moderne « si chaque citoyen peut décider en connaissance de cause s'il veut se faire vacciner ».

Toujours est-il pour le « Reutlinger General-Anzeiger » que « l'idéede base du concept devaccination, à savoir ne vacciner sur une base volontaire que les groupes à risque, les employés dessoins infirmiers et des hôpitaux et les personnes occupant des postes clés dans la société, estcorrecte ». Ce serait « insupportable », signale le journal, si le vaccin devait être distribué « sur labase de lacapacité à payer » du clientou de « la devise premier arrivé, premier servi ». Cela entraînerait, de l’avis du journal, de « graves perturbations sociales ». Aussi juge-t-il bon que cette question soit maintenant discutée à tous les niveaux. « La politique et la société sont confrontées à une tâche gigantesque - également en termes d'organisation et de logistique ».

Le quotidien « Pforzheimer Zeitung » avertit qu’il est « trop tôt pour faire sauter les bouchons », estimant que non seulement le vaccin n'est pas encore sur le marché et de toute façon, le stock actuel ne suffira pas pour tout le monde. En ce qui concerne la distribution du vaccin, il suggère la stratégie suivante : « Tout d'abord, les plus vulnérables sont ciblés, puis les travailleurs de la santé, les policiers et les pompiers. C'est le plan de la Commission permanente des vaccins. Un bon plan ». Jusqu'à ce qu'elle puisse être mise en pratique, « la discipline et la persévérance sont nécessaires », estime le quotidien.

« Selon les enquêtes, 50 à 60 % de la population sont prêts à se faire vacciner contre le Covid-19 », note le « Berliner Zeitung ». « Selon les experts, 70 % sont nécessaires pour survivre à la pandémie ». Le journal constate que des institutions sanitaires et d’éthique commela Commission permanente de vaccination, le Conseil allemand d'éthique et l'Académie nationale des sciences Leopoldina sont également conscients du problème et soulignent l'importance d'une information transparente. « Car une chose est claire, estime fort à propos le journal, les théoriciens de la conspiration et les opposants à la vaccination vont inlassablement se plaindre contre la vaccination et tenter de saper la confiance de la population dans la médecine. Une communication inadéquate de l'État ferait le jeu de ces derniers ». Surtout que des médecins et des scientifiques s'associent parfois aux complotistes pour relativiser la dangerosité du coronavirus et mettre en doute toute médication. Or, comme disait un spécialiste des mythes conspirationnistes, la négation d'un danger réel ne permet pas de réguler, d'intégrer et de gérer les craintes : elle conduit plutôt au contraire. À leur exacerbation.

Huguette Hérard

Sources combinées : Frankfurter Allgemeine Zeitung ; Südwest Presse ; Mitteldeutsche Zeitung ; Süddeutsche Zeitung ; Reutlinger General-Anzeiger ; Pforzheimer Zeitung ; BerlinerZeitung.

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