Une radiographie de la démocratie haïtienne

Le 15 septembre ramène la Journée internationale de la démocratie. À l’occasion de cette commémoration, le politologue Roody Stanley Penn a fait une radiographie du système démocratique en Haïti. Le pays a besoin de revoir le fondement de sa démocratie.

La démocratie intermittente haïtienne est en train de vivre sa plus longue période de cheminement malgré son parcours mi-figue mi-raisin. Depuis la chute de la dictature des Duvalier en 1986, le pays retourne dans l’ère démocratique. Constitutionnellement, le pays est régi par un système démocratique qui s’appuie sur l’élection des citoyens pour assurer le bon fonctionnement des institutions républicaines. Entre les documents consacrant le pays sur la voie démocratique et la réalité dans le pays, la démocratie se porte mal en Haïti, indique le politologue Roody Stanley Penn en soulignant le mauvais fonctionnement des institutions.

Selon Roody Satanley Penn, ce n’est pas la démocratie qui fait mal au pays, mais de préférence le pays qui piétine la démocratie. Il estime que la démocratie n’a rien à voir avec la situation dégradante dans laquelle le pays se trouve. Au contraire, le politologue croit que l’alternance politique et les nouvelles offres des aspirants au pouvoir peuvent contribuer de préférence dans le développement du pays.
Le besoin d’une entente pour le cheminement de la démocratie dans le pays

Si la démocratie met en phase la relation entre les mandants et les mandataires, en Haïti, cette relation est difficile à établir. D’après M. Penn, le mandataire est systématiquement contesté après sa victoire aux élections. Ce qui fragilise davantage la démocratie dans le pays. Le pays vit de protestation en protestation, et compromet la stabilité du pays.

À la base de ce problème, le politologue décrit l’absence d’entente sur des sujets très importants dans la vie du pays. Il relate l’inexistence d’un « contrat social » dans le pays pour définir les orientations à prendre au-delà des différences qui peuvent exister dans la société. En opposition à ce manquement, les groupes politiques tendent vers des luttes révolutionnaires au lieu de démocratiques.

Pour celui qui dirige la firme Politico Tech, il faut revoir la Constitution si on veut transformer réellement le pays. « La Constitution haïtienne est une source d’instabilité politique. Elle empêche les autorités compétentes de diriger le pays », affirme Roody Stanley Penn. Pour lui, le pays a besoin d’une culture démocratique pour contrecarrer la culture du régime des Duvalier qui est ancrée dans la société. À titre d’exemple, il met en cause le problème d’alternance dans les partis politiques et les organisations de la société civile.

S’agissant du problème des élections dans le pays, le politologue attribue cet état de fait à la contestation de l’État. Cette situation ne va pas résoudre, selon lui, si le pays ne se met pas d’accord sur les sujets importants.

AGORA : pour une évaluation de la démocratie en Haïti

Suivant le protecteur du citoyen, Renan Hédouville, la démocratie est liée à la paix, aux droits de l’homme, au développement et à la sécurité. En Haïti, on a connu des moments de haut et de bas dans combat permanent qu’est la démocratie. Le protecteur du citoyen signale un manque d’implication des jeunes dans le processus démocratique dans le pays. Toutefois, il met en garde contre deux maux qui rongent tout processus démocratique : la corruption et l’impunité.

Pour Nesmy Manigat, « En Haïti, la démocratie existe sur le papier, les prescrits sont là... mais au quotidien ici, elle est totalement dysfonctionnelle ». L’ancien ministre de l’Éducation précise que les trois pouvoirs fonctionnent avec des manquements. Il plaide pour l’éducation des enfants et jeunes à la démocratie.

Faut-il souligner qu’aucune activité officielle n’a été organisée par le Gouvernement haïtien pour marquer cette journée. Selon les Nations unies, la Journée internationale de la démocratie est l'occasion de réexaminer l'état de la démocratie dans le monde. « La démocratie est un processus autant qu'un objectif, et seuls la pleine participation et l'appui de la communauté internationale, des organes de gouvernance nationaux, de la société civile et des individus, permettront de faire de l'idéal démocratique une réalité universelle », estime l’ONU.

Woovins St Phard

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