Une pandémie sous contrôle ?

Lors de l’annonce de la reprise des activités dans le pays, le Premier ministre Joseph Jouthe avait expliqué que cette décision est motivée par le fait que la pandémie est maintenant sous contrôle. Donc, par cette déclaration, tout le monde s’attentait à une prise en charge efficace en vue d’éviter les cas de décès. Au lieu de cela, la fameuse pandémie continue de faire des victimes.

Le dernier bilan du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) fait état de 5 nouveaux cas de décès. Ce qui porte le bilan total de personnes décédées à 171. Dans la majorité des pays où des cas de décès sont enregistrés tous les jours, c’est parce que les hôpitaux sont en surnombre, à court d’oxygène et autres matériels permettant aux médecins de garder les malades en vie. En Haïti, les hôpitaux et centres de traitement du coronavirus sont peu fréquentés. Ce qui peut vouloir dire qu’ils ne sont pas en manque d’oxygène ni autres matériels nécessaires pour garder en vie les personnes malades.

En plus des matériels reçus de la part des pays amis et plusieurs ONG et organisations internationales opérant dans le pays, 18 millions de dollars de matériels sanitaires ont été commandés par l’État haïtien auprès des institutions chinoises. Donc, on part avec l’idée que le pays n’est pas à court de stock. Par conséquent, l’État haïtien devrait avoir la capacité nécessaire de garder en vie cette infirme quantité de personnes ayant besoin d’une assistance médicale parmi les infectés. Pourtant, pas un jour sans l’annonce des cas de décès dans les rapports habituellement fournis par le MSPP.

Les scientifiques s’accordent à dire que 80 % des cas de coronavirus sont sans gravité, 15 % sont considérés comme sévères et 5 % sont jugés graves. Parmi ces 5 %, la moitié a un risque de décès, selon Dr Grégoire Cozon, immunologue au CHU de Lyon, France. Il est vrai que la population haïtienne n’est pas dépistée, mais cette approche est plus ou moins prouvée, si on considère la quantité de personnes ayant besoin d’une assistance médicale après avoir été infectées. À date, certains pays n’ont jamais enregistré de décès en raison du fait que les hôpitaux au niveau de ces pays ne sont jamais submergés par des malades.

Haïti fait partie de longue liste des pays épargnés totalement ou presque par les ravages du coronavirus. Certes, notre système hospitalier est défaillant, mais la résilience du peuple haïtien vis-à-vis de la maladie nous donne le choix de sauver toutes les personnes ayant besoin d’une assistance médicale. Les médecins travaillant dans des centres de traitements rapportent très souvent que les centres ne reçoivent pas tellement de cas de coronavirus. Alors, qu’est-ce qui empêche de sauver l’infirme minorité qui se présente à l’hôpital ? S’il est tant difficile de sauver cette minorité ayant besoin d’assistance, quelle serait la situation en Haïti au cas où la maladie aurait touché le pays comme certains pays amis, dont la France, les États-Unis ou plus près de nous la République dominicaine ? Le pouvoir ne doit pas se contenter de dire que la maladie est sous contrôle, les statistiques doivent le prouver également.

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