Le coronavirus frappe à toutes les portes

À date, certaines couches de la population haïtienne refusent d’accepter la présence de la maladie sur le sol haïtien. Mais ce qui est certain, Haïti est touchée par la pandémie, et le pays est à son plus haut niveau de contamination depuis l’enregistrement des deux premiers cas le 19 mars dernier. La maladie frappe à toutes les portes sans exception, dont celle du gouvernement haïtien qui a enregistré un décès ce mardi 9 juin.

À présent, le dernier bilan du ministère de la Santé publique et de la Population (MSPP) est de 3 538 cas positifs, pour 54 décès. L’administration Moise / Jouthe est touchée de la façon la plus triste par le coronavirus. L’un de ses membres, le secrétaire d’État aux Affaires sociales, Emmanuel Cantave, a été tué par cette maladie provoquée par la pandémie du nouveau coronavirus. Le secrétaire d’État à la Communication, Eddy Jackson Alexis, l’avait annoncé sur son compte Twitter.C’est le premier décès des suites du coronavirus enregistré au sein du gouvernement actuel depuis le début de ce calvaire en mars dernier. Le secrétaire Catave était âgé de seulement 59 ans.

En effet, ce décès devrait servir d’exemple pour aider à grandir cette couche de la population qui refuse de croire que la Covid-19 est présente dans le pays, et que les cas révélés positifs sont une manœuvre du pouvoir afin d’obtenir de l’aide financière de la communauté. En fait, la gestion de la maladie faite par les autorités étatiques est loin d’être une gestion idéale, mais le virus est bien présent dans le pays. Plusieurs individus de différents secteurs d’activités, dont le secteur des affaires, la politique, l’administration publique, l’université et la presse sont déjà touchés par la maladie.

En outre, l’augmentation des cas est une réalité en Haïti. Les mesures-barrières sont plus que nécessaires ces derniers temps si on veut éviter une plus grande vague de contamination. 204 nouveaux cas ont été enregistrés à partir du dernier bilan fourni par le MSPP. Près de 7500 cas suspects sont en observation. En dépit des doutes, on doit se contenter de ces données. Le MSPP est la seule institution habilitée à les divulguer, bien que les dirigeants soient toujours dans l’impossibilité de communiquer le pourcentage de la population qui a été testé pour ce bilan ni le nombre de tests effectués par jour.

C’est une gestion bloquée uniquement au bilan journalier des cas détectés et des décès enregistrés. C’est la raison pour laquelle elle alimente encore plus des doutes chez la population qui ignore la dangerosité du virus. De plus, des rumeurs autour de l’injection mortelle d’un vaccin dispensée aux malades qui se présentent à l’hôpital fragilisent encore plus la population haïtienne déjà exposée au virus. Partout, les gens présentent des symptômes de la Covid-19, mais ils refusent toujours de prendre conscience de cette pathologie, de se présenter à l’hôpital ou encore d’adopter les mesures-barrières.

Le personnel médical, en première ligne dans la gestion du coronavirus en Haïti, redoute une contamination à grande échelle.Les dirigeants de Médecins sans frontières (MSF) se plaignent de la présentation tardive des personnes potentiellement atteintes de coronavirus à l’hôpital. Deux semaines après l’ouverture d’un centre réservé aux patients de la Covid-19 par MSF, la structure de 45 lits est loin d’être surchargée. Dans un pays dominé en majeure partie par l’économie informelle, certaine des gestes barrières, notamment le confinement total ou même partiel de la population, sont difficiles à appliquer. D’où l’augmentation des risques d’enregistrement d’un plus grand nombre de contaminés. Face à une situation pareille, si les gens ne prennent pas conscience de l’existence de la maladie, ce pays avec un système hospitalier défaillant risque de sombrer dans le chaos.

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