Coronavirus : les points de passage clandestin à la frontière représentent le plus grand danger pour Haïti

Ces dernières semaines, toutes les conversations tournent autour du « Covid 19 » : le nouveau coronavirus. Les pays européens et d’Amérique du Nord se confinent. Presque tous les pays de la Caraïbe sont déjà atteints par la pandémie. De notre côté, les autorités nationales informent qu’elle n’est pas encore présente sur le territoire d’Haïti. Pourtant, les gens restent encore perplexes en raison du fait que du point de vue sanitaire, le pays est sous-équipé et vulnérable.

La maladie se propage à une vitesse exponentielle. À date (mardi 17 mars, 24 h 47), 192 309 cas sont confirmés. 7 840 personnes en sont décédées et 67 003 ont été guéries. Les pays les plus touchés sont la Chine, l’Italie, l’Iran, l’Espagne, la Corée du Sud, l’Allemagne, la France, les États-Unis, la Suisse, le Royaume-Uni, le Pays-Bas. En Haïti, plusieurs personnes ont été placées en quarantaine. Marie Greta Roy Clément, ministre de la Santé publique, a annoncé que dans le cadre des mesures de confinement, 19 voyageurs haïtiens qui revenaient d’Europe dimanche dernier ont été placés en quarantaine. Ces personnes ont été soumises à des tests médicaux préliminaires et sont actuellement en observation.

Le virus n’est pas un jeu. Des prévisions faites par des spécialistes dans le monde entier invitent à se préparer au pire si le virus n’est pas maîtrisé dans les prochains mois. Sur le territoire dominicain qui partage l’île avec Haïti, un cas de mort est déjà enregistré. Ce qui devait être un signal clair pour les autorités haïtiennes afin d’adopter au mieux des mesures pouvant empêcher la propagation de la maladie, en cas de son éventuelle apparition sur le territoire. Ce qui est très probable compte tenu des relations intenses et non contrôlées d’Haïti avec la République dominicaine. Le gouvernement annonce l’adoption de certaines mesures. Mais de l’avis des observateurs, elles sont insuffisantes et ne pourront pas être appliquées à la lettre.

Des restrictions sur les rassemblements publics, des bateaux de croisière sont interdits d’accoster, les vols sont suspendus, sauf ceux en provenance des États-Unis, la frontière haïtiano-dominicaine est à moitié fermée, mais la population trouve cela insuffisant. Tout le doute réside dans les relations incontrôlées entre les deux républiques qui partagent l’île d’Haïti. Il existe seulement 4 postes frontaliers officiels entre Haïti et la République dominicaine. Malpasse (Ganthier)/Jimani (le plus important poste-frontière) représente environ 51 % des échanges transfrontaliers, puisque la route qui le franchit relie directement les deux capitales : Port-au-Prince et Saint-Domingue. Ouanaminthe et Dajabón, c’est le deuxième point de passage en importance, Belladère/Comendador est en 3e position en termes d’importance, alors qu’Anse-à-Pitres et Pedernales se trouvent à la 4e place en ce qui concerne les échanges transfrontaliers entre ces deux pays.

La décision gouvernementale de ralentir les échanges entre Haïti et la République dominicaine concerne uniquement ces 4 points frontaliers. Néanmoins, des échanges assez importants s’effectuent chaque jour entre les deux pays dans des points frontaliers non officiels. Il existe plus d’une dizaine de points frontaliers non officiels où s’effectuent des échanges commerciaux entre les deux peuples, en dehors de tout contrôle gouvernemental (contrebande). En plus des échanges commerciaux, la circulation des individus est très fréquente au niveau de ces points frontaliers qui ne sont pas contrôlés par les autorités des deux pays. Des Haïtiens sans papiers font des allers-retours presque tous les jours au niveau de ces points frontaliers. Et, selon les observateurs, c’est cela qui représente à présent la plus grande menace concernant une irruption éventuelle du virus (Covid 19) sur le territoire.

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