Covid-19 : des hôpitaux en profitent pour extorquer les malades

La prise en charge des personnes testées positives du nouveau coronavirus en Haïti varie en fonction de l’hôpital ou le centre sanitaire choisi. Les services médicaux privés font la spéculation sur le prix à payer pour un malade, tandis que les institutions sanitaires publiques sont mises en doute.

La gestion de la pandémie Covid-19 réserve encore des surprises en Haïti. Avec un système sanitaire aussi désorganisé, les personnes infectées par le nouveau coronavirus, dont leurs cas demandent une prise en charge dans les hôpitaux, doivent affronter des difficultés financières pour trouver des soins dans les hôpitaux ou centres disposant d’une unité de traitement pour la Covid-19.

Dans les hôpitaux publics, les soins de Covid-19 sont gratuits. Cependant, les malades doivent disposer de moyens économiques pour acheter les médicaments prescrits par les médecins.

À Port-au-Prince, l’une des plus grandes unités de traitement de la Covid-19 se trouve à Delmas 2. Cette zone est pratiquement inaccessible à cause des conflits armés des gangs de ces quartiers populeux. Pour avoir accès à cette zone, seulement le Centre ambulancier national (CAN) peut tenter de se faufiler sous les balles assassines. Et, les véhicules privés sont exposés à toutes sortes de danger. Là dans cette infrastructure sanitaire à peine construite, les patients reçoivent des soins en isolement avec le vacarme des tirs nourris en toile de fond.

Et, l’autre hôpital public de référence dans le traitement de la Covid-19 à proximité de Port-au-Prince est celui de Mirebalais. Pour accéder à ce dernier, il faut avoir une recommandation d’une autre institution sanitaire. Car, l’hôpital de Mirebalais reçoit les cas présentant des complications respiratoires notamment. Il est, en fait, le dernier recours dans le traitement des patients du virus SARS-CoV-2 en Haïti.

Le prix exorbitant des institutions sanitaires privées

Quelques jours après la mort de la femme de l’ancien secrétaire d’État à la communication, Esther Dorestal, la belle-mère de Eddy Jackson Alexis a été testée positive à la Covid-19. Après des jours d’automédication, elle a été transportée dans une institution sanitaire privée de l’aire métropolitaine de Port-au-Prince. L’institution sanitaire a exigé une somme de 250 000 gourdes pour recevoir la patiente. Incapables de payer ce montant, les proches de la belle-mère de M. Alexis ont rebroussé le chemin avec la malade. Elle a été emmenée en urgence à l’hôpital de Delmas 2, là où sa fille a rendu l’âme, quelques jours plus tard suite à la détérioration de son état.

Cette situation n’est pas différente dans d’autres institutions privées de la place. L’argent est primé sur la vie. Même au moment de la propagation de la pandémie Covid-19, ces structures ne bronchent pas dans leur démarche financière pour pouvoir sauver autant de vie possible. Pas d’argent, pas de service. Des institutions sanitaires privées contactées ne veulent pas parler sur ce sujet.

L’hôpital St-Luc renouvelle sa vocation humanitaire

L’hôpital St-Luc de Tabarre est l’une des institutions de référence dans le traitement de la Covid-19 dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Cet hôpital n’entend pas dévier de sa vocation humanitaire malgré les contraintes financières rencontrées. Si l’institution a sollicité, au début de l’année, une cotisation quotidienne de 500 gourdes aux patients, elle a renoncé à cette participation à partir du mois d’avril. Les patients n’ont rien à payer comme redevance des soins reçus, même pour l’oxygène.

L’hôpital St-Luc de Tabarre s’appuie sur les dons de certains bons samaritains envers la Fondation pour continuer à offrir ses services à la population. L’institution a apprécié les supports de l’État à travers le ministère de la Santé publique qui l’a offerte une génératrice et un générateur d’oxygène.

Entre autres, toutes les institutions sanitaires n’ont pas la capacité de recevoir les patients de la Covid-19. Le MSSPP met des unités spéciales de traitement dans chaque région. Cependant, les institutions privées s’arrangent pour fournir des soins aux demandeurs ayant la somme exigée. Le partenariat public-privé évoqué tout au début de la pandémie semble ne pas prendre en considération le prix à payer par les patients.

Woovins St Phard

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