Haïti et les États-Unis: 13 ans après ?

Dans l’histoire des relations culturelles entre les États-Unis et la République d’Haïti, la date du 6 septembre 2010 rappelle les interventions du Centre de Sauvetage des Biens culturels (CSBC) pour récupérer sous les décombres du bâtiment  du Centre d’Art, les  œuvres d'art, les artefacts, les documents et archives de cette institution Culturelle phare, fondée par l’américain Dewitt Peter en 1944, dont les locaux de la Rue Roy,  n’ont pas pu résister aux ondes de choc du séisme du 12 janvier 2010.

Dans un article publié sur le sujet, et disponible sur le site de Haïtilibre, on retient que : «Le CSBC a lancé, lundi 6 septembre 2010, des opérations de sauvetage en partenariat avec l’équipe d’ingénieurs du contingent japonais de la Minustah sous la supervision technique du CSBC. Ces travaux de sauvetage constituent la phase pratique de la session de formation sur la gestion des collections, axée sur l‘importance et la valeur du patrimoine culturel haïtien, les matériaux et agents de détérioration, l’intervention d’urgence, la gestion des risques de catastrophes, la mise en place d’espaces de stockage sains et de solutions durables de conservation préventive».

Déjà 13 ans après (6 septembre 2010 - 6 septembre 2023), après cette intervention réalisée dans le cadre de cette session de formation organisée du 23 août au 10 septembre 2010, organisée par le CSBC : «En partenariat avec le centre international d’études pour la conservation et la restauration des biens culturels, la Smithsonian Institute, l’institut canadien de conservation d’Ottawa, l’institut central de conservation de Belgrade [en Serbie], à l’intention des cadres haïtiens d’institutions œuvrant dans la préservation des biens culturels», rapporte l’article sur le sujet.

Dans le cadre de ce projet des laboratoires de traitement, de restauration ont été installés, avec l'aide d'un personnel de restaurateurs mis à la disposition par la Smithsonian Institute, l'American Institute for conservation et la Commission américaine du bouclier bleu. 

Difficile de ne pas rappeler treize années plus tard, les principales institutions culturelles américaines qui étaient impliquées dans ce projet après la catastrophe de 2010. Face au terrorisme actuel que subit le pays qui risque de vivre une nouvelle catastrophe humanitaire et culturelle, en tenant compte de la destruction des vies et des biens en cours, et sans oublier  la vulnérabilité renforcée des pans importants du patrimoine de plusieurs villes et quartiers (Croix des Bouquets, Martissant, Centre-Ville de Port-au-Prince, Fort-Jacques, Carrefour Feuilles, entre autres),  Haïti devrait commencer à réfléchir sur les prochaines formes d’assistance culturelles à solliciter pour déplacer et protéger les biens culturels et les collections abandonnées, en dehors de ceux déjà détruits, qui se trouvent sur la trajectoire  ou dans l’agenda des groupes armés qui terrorisent la population.

Dans le cadre de  cette assistance culturelle apportée par les plus hautes autorités des États-Unis, sous l’administration du président Barack Obama, assisté de son vice-président Joe Biden, actuel chef d’État des États-Unis, on retient ce qui suit : «Le projet est organisé par la Smithsonian Institution de concert avec le Gouvernement haïtien, en particulier le ministère de la Culture et de la Communication et la Commission présidentielle pour la Reconstruction d’Haïti, en partenariat avec la Commission présidentielle des États-Unis pour les Arts et les Humanités».

Des supporteurs non des moindres établis aux États-Unis, parmi lesquels on peut citer: « La Fondation nationale pour les Arts (the National Endowment for the Arts), la Fondation nationale pour les Humanités (the National Endowment for the Humanities), l’Institut des Services de Musée et de Bibliothèque (the Institute of Museum and Library Services), la Ligue du Broadway (the Broadway League) et la communauté du Broadway. Des fonds supplémentaires ont été fournis par Affirmation Fonds pour les Arts (Affirmation Arts Fund), Peggy Burnet, Société nationale d'Art Haïtien (National Haitian Art Society), Macondo Galerie (Macondo Gallery), Centre de Waterloo pour les Arts (Waterloo Center for the Arts), Amis de l'Art Center (Friends of the Art Center), Jérôme et Thao Dodson ».

D'autres institutions culturelles américaines importantes et des partenaires qui bénéficient du financement aux États-Unis, comme la Fondation Connaissance et Liberté (FOKAL), étaient également retenues dans cette grande mobilisation en faveur du projet de Sauvetage du Patrimoine culturel haïtien, qui  visait à récupérer, sauvegarder et restaurer des œuvres d'art, des artefacts, des documents, des médias, et des éléments architecturaux haïtiens endommagés et mis en péril par le séisme et ses conséquences.  La liste est complétée par le Comité du Bouclier Bleu des États-Unis (the US Committee of the Blue Shield), la Fondation de l’Institut américain pour la Conservation (the Foundation of the American Institute for Conservation), le Centre International d’Études pour la Conservation et la Restauration des Biens culturels (ICCROM), L’UNESCO et la Bibliothèque Présidentielle de William J. Clinton.

Dans la dynamique des relations culturelles entre les États-Unis et Haïti, on ne manquera pas de rappeler la portée qualitative et quantitative du soutien des artistes et créateurs haïtiens envers le peuple des États-Unis, au lendemain des attentats terroristes du 11 septembre 2001. 22 ans après, on retiendra les souvenirs des œuvres poétiques, musicales, picturales, photographiques, symboliques entre autres, conçues par des talents artistiques haïtiens évoluant en Haïti et dans la diaspora, en dehors des expositions organisées pour marquer ce sombre événement, à la galerie Nader à Pétion-Ville. Comment les créateurs haïtiens pourraient-ils sensibiliser et attirer les regards des institutions des États-Unis sur le sort des milliers de familles haïtiennes, et la destruction des biens (culturels) face à la marche accélérée du terrorisme qui sème la terreur dans l’espace haïtien de nos jours ? 

Devant les risques énormes de voir détruire ou partir en fumée, un réseau d’institutions culturelles importantes, des ateliers, des résidences privées et d’autres administrations qui disposent de riches collections, en dehors des bâtiments anciens classés  dans le patrimoine national,  qui sont des témoins  privilégiés de l'évolution historique, politique et culturelle, les survivants et les acteurs sensibles et attachés aux biens communs et culturels devraient s’organiser pour sensibiliser les autres acteurs d’ici et d’ailleurs sur les nouvelles urgences culturelles du pays, 13 ans après.

 

Dominique Domerçant

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