Samuel Clermont ne manque pas à l’appel pour la 9e édition des résidences Par Quatre chemins. Il se fait une place cette année parmi les 3 candidats retenus pour la résidence, avec son projet intitulé Grafonyen, une comédie musicale pour la catégorie Théatre.
Rappelons que le programme Par 4 chemins est créé par l’Association 4 Chemins et oeuvre depuis 2014. Chaque année, des résidences de recherche artistique sont proposées à des artistes de toute catégorie. Ces résidences se tiennent toujours hors de la capitale, dans des villes provinciales, afin de décentraliser l’activité artistique. Cette année, Samuel Clermont est de la partie.
Surnommé Dyaman Nwa, Samuel Clermont est natif de Petit-Goâve. Âgé de 31 ans, il porte déjà plusieurs chapeaux : écrivain, poète, dramaturge pour ne citer que ceux-là. Il a été associé à différentes troupes de théâtre depuis 2012. D’abord avec la troupe PAPA PIPO, il a exercé ses talents d’acteur à divers endroits du pays. En 2013, avec la troupe PADH(Production des arts d’Haïti), c’est en tant qu’écrivain et metteur en scène qu’il intervient, avec la pièce Trayizon sou tè libète. En 2019, avec la troupe TANBOU LITERE, il joue au Triomphe pour Akademi Kreyòl Ayisyen, dans le cadre de la célébration de la langue créole. Depuis 2022, Samuel Clermont s’investit dans l’écriture et la mise en scène. Il a déjà présenté Mò rèd, une pièce écrite et mise en scène par lui. Le 16 avril dernier, il a réalisé la mise en scène de Kavakye Pòlka, une pièce de l’écrivain et metteur en scène Syto Cavé. Et aujourd’hui, un nouveau projet pour la résidence Par 4 Chemins.
Grafonyen, cette comédie musicale est née de ce constat de l’artiste: la plupart des jeunes de cette société ne savent plus la valeur des chants et des danses de Lakou. Ils se laissent au contraire envahir par ce que l’occident leur apporte à travers la radio et la télévision. L’écrivain, dramaturge dit vouloir réagir face à un système qui veut nous rendre étranger à nous-même en exposant qui nous sommes vraiment. Selon lui, Grafonyen est une réponse artistique qui choisit le théâtre comme média. C’est une volonté de nous montrer ce qu’on a tendance à oublier, ce dont on ne peut ou ne veut pas parler.
Grafonyen est une combite culturelle, dit Samuel Clermont. Il dit entretenir un rapport ethnologique avec son projet et veut accoucher une création qui donnerait à voir le théâtre comme un lien fort qui nous rassemble. Cette idée du rassemblement autour de quelque chose de commun est donnée par le théâtre qui a comme objectif de faire public, mettre les gens ensemble. L’artiste différencie ainsi la signature d’un livre qui se cristallise autour de l’épuisement du stock, du théâtre qui lui veut atteindre le plus de gens possible. Il veut à travers le lien, éveiller la conscience culturelle et faire voir ce qui nous unira à jamais en tant que peuple, quelles que soient les circonstances. Samuel Clermont espère que de l’extraordinaire sortira de ce mois de résidence.
Une combite culturelle semble bien à propos dans la conjoncture actuelle où notre nation est plus éparpillée que jamais, au moment où ne savons plus qui nous sommes; si l’union est force, si le théâtre rassemble.
Dorvensca M. ISAAC