Formation des professionnels pour inventorier le patrimoine historique d’Haïti !

D’une pierre plusieurs coups, le projet pilote d'inventaire des mémoires de l'esclavage a été  lancé dans le contexte de plusieurs grandes dates importantes. On peut citer dans un premier temps : la commémoration des 232 ans de la cérémonie du Bois-Caïman (14 août) et du soulèvement général des esclaves dans  le Nord d'Haïti (22/23 août) ; la commémoration de la Journée internationale du Souvenir de la Traite négrière et de son abolition (23 août).

D’autres manifestations historiques d’importance majeure viennent compléter l’argumentaire de cet ambitieux projet historique, qui combine les dimensions culturelles, éducatives et scientifiques de l’histoire d’Haïti, telles  la commémoration des 230 ans de la proclamation de la liberté générale des esclaves à Saint -Domingue par Léger Félicité Sonthonax (29 août) ; la commémoration de la Journée internationale pour l'abolition de l'esclavage (2 décembre et la décennie internationale des personnes d'ascendance africaine 2015-2024.

Dans les propos du numéro un de la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l'Université d’État d’Haïti (CUHP-UEH), le professeur Kenrick Demesvar, il précise que: «Ce projet a pour objectif principal de réaliser un inventaire des mémoires de l’esclavage (lieux, récits, événements, personnages, témoignages, objets) principalement dans le Nord d’Haïti. Il entend mener une étude approfondie des habitations coloniales afin d’identifier les rapports que les communautés locales, les groupes et individus, développent avec ces lieux et traditions ainsi que le type d’appropriation qui se fait de ces lieux de mémoire.»

De la Société haïtienne d'Histoire, de Géographie et de Géologie, la Société Capoise d'Histoire et de Protection du Patrimoine, en passant par des structures culturelles et scientifiques internationales telles que  The UNESCO Chair on Digital Cultural Heritage at Cyprus University of Technology; The EU ERSA Chair on Digital Cultural Heritage at Cyprus University of Technology ;  The Bonn Center for Depency and Slavery Studies de l'université de Bonn ; le Laboratoire d'Enquête Ethnologique Multimédia (LEEM) et l'Institut du Patrimoine culturel (IPAC) de l'Université Laval, nombreuses sont les institutions partenaires retenues dans l’organisation de ce projet, en dehors de  la Coordination du Programme de Master en Histoire, Mémoire et Patrimoine; le Centre d'Études sur le Patrimoine et le Tourisme (CEPAT) ; L'Institut National Patrimoine et Tourisme (INAPAT).

Des professionnels haïtiens et étrangers, spécialisés dans les champs du patrimoine ont été mobilisés autour des actions visant à animer une session de formation à l'intention d'un groupe de trente étudiants et professionnels du patrimoine sur le Système d'Information géographique (SIG), les Outils digitaux pour la gestion du patrimoine et les techniques d'inventaire du patrimoine.

Dans un autre temps, ils allaient se donner parmi les objectifs de dresser une liste géolocalisée des anciennes habitations coloniales qui se trouvent dans le Nord de la République d'Haïti à partir des données existantes et/ou collectées sur le terrain.

Dynamique institutionnelle et coopération culturelle, ce projet va contribuer à  inventorier les mémoires individuelles et/ou collectives (des lieux, des personnages, des récits et événements, des pratiques, des représentations et des formes d’expression) liées à l’esclavage dans la zone d'étude, tout en favorisant la réalisation d’une reproduction 3D d’un site de mémoire, à savoir la Citadelle Henry, monument emblématique du Parc National Historique : Citadelle, Sans-Souci et Ramiers, site classé sur la liste du patrimoine mondial.

Du lundi 28 août au vendredi 1er septembre 2023, la ville du  Cap-Haïtien a accueilli le lancement d'un Projet pilote d’inventaire des mémoires de l’esclavage en Haïti avec une phase initiale dans 9 des 19 communes du Département du Nord par l'Université d'État d'Haïti.

Derrière cette  université d'été qui visait à former trente (30) enquêteurs volontaires dans le cadre du lancement du Projet pilote d’inventaire des mémoires de l’esclavage en Haïti (août à décembre 2023) dont la phase initiale concerne 9 des 19 communes du Département du Nord, l’on retrouve l’institut d’Études et de Recherches africaines d’Haïti (IERAH) et la Chaire UNESCO en Histoire et Patrimoine de l'Université d’État d’Haïti (CUHP-UEH).

Dans la liste des participants on retient, selon les responsables, des  étudiants et étudiantes du Campus Henri Christophe de Limonade (CHCL), l'Université Publique du Nord à Cap-Haïtien (UPNCH) et professionnels de la culture et patrimoine dont des représentants de la Direction régionale Nord de l'Institut de Sauvegarde du Patrimoine national (ISPAN), de l'Organisation de Gestion de la Destination Nord d'Haïti (OGDNH), de la Direction départementale Nord du Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) ainsi que d'organisations de la société capoise. Ces derniers ont été accueillis au local de l'Organisation de Gestion de la Destination Nord d'Haïti (OGDNH) / Historic Haïti.

Dans un format hybride,  cette université d'été a été animée par des formateurs chevronnés et expérimentés, des spécialistes haïtiens et étrangers de la culture et du patrimoine dont : Kenrick Demesvar, Farah François Hyppolite, Neat Achille, Jean Ronald Augustin, Jean Sergo Louis, Wisly Dieujuste, Jean Rony Gustave et Reynold Sénécharles.

Des conférences en ligne ont été animées par des intervenants se trouvant en Haïti et dans d’autres parties du monde, comme Harold Gaspard, Laurier Turgeon, Erol Josué, David Telcy, Louis Josué Honoré, Jakenson Baptiste, Marinos Ioannides, Kyriakos Efstathiou, Alexa Voss, Jean Mozart Féron et Kesler Bien-Aimé.

De nombreuses institutions partenaires de cette université d’été figurent en particulier le Rectorat de l'Université d'État d'Haïti (UEH); L'Association Touristique d'Haïti (ATH) / AVIS S.A. ; la Fondation Françoise Canez Auguste; le Bureau de l'UNESCO en Haïti; le Bureau national d'Ethnologie (BNE); la Commission nationale haïtienne de Coopération avec l'UNESCO (CNHCU); le Centre National d'Information géospatiale (CNIGS), entre autres.

D'autres institutions comme le Comité national haïtien de la Route de l'Esclave; L'Institut Panaméricain de Géographie et d'Histoire (IPGH); la Direction régionale Nord de l'Institut de Sauvegarde du Patrimoine national (ISPAN) et la Direction départementale Nord du Ministère de la Culture et de la Communication (MCC) se sont également  associées dans la mise en œuvre de ce projet d’inventaire des mémoires de l’esclavage.

 

Dominique Domerçant

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