Dans le cadre du lancement de l’atelier « Etensèl 2.0 » piloter par le collectif Kanzo. Le National s’est entretenu avec Madame Lincifort Phannuella Tommy, médecin, dramaturge et psychothérapeute, responsable principale de l’atelier psycho-théâtre et Sarah Jina Penina Midi, Comédienne, Performeuse, Enseignante, Plasticienne, et designer, membre de l’atelier pour parler de cette journée d’activité.
LN: Vous représentez le collectif des anciens de l’atelier Psycho-théâtre, qui prévoit d’organiser ce samedi 16 septembre 2023 une série d’activités sous le nom de « etensèl 2.0 ». Pouvez-vous nous présenter le collectif ainsi que l’initiative « etensèl 2.0 »?
Sarah-Jina Penina Midi: Comme vous l’avez si bien dit, je me fais porte parole des anciens dénommés (kanzo) de l’atelier Psycho-Théâtre. Normalement après avoir participé à l’une ou plusieurs séances on devient Kanzo (dans le parler haïtien, un Kanzo c’est quelqu’un qui a les pouvoirs de maîtriser le feu et la chaleur). Et on sait aussi qu’après nous, il y a une équipe sur qui on peut compter, on est une famille, on est soudée. Le collectif est avant tout un espace d’entre aide, a un groupe Whatsapp où on partage tout, sans jugement et à n’importe quel moment de la journée, si l’un d’entre nous resent le besoin de se faire aider, la personne envoie un SOS à tout moment il y aura quelqu’un pour prendre en charge cette dernière. Quand on regarde les derniers événements dans le pays, on a jugé bon d’organiser des activités pour consolider le lien et aussi pour permettre à d’autres jeunes de savoir ce que c’est qu’une communauté d’entre aide. Et aussi avoir le moyen de financer notre propre espace pour accueillir les jeunes à volonté.
Lincifort Phannuella Tommy: L’idée de l’atelier psycho-théâtre est né du constat des retombées mentales de la situation socio-politique et securitaire du pays sur la population haïtienne, particulièrement les jeunes. Jean Fritz Junior Odné et moi avions convenu que si personne ne se dresse entre le chaos du pays et l’esprit de certains les conséquences psychologiques seront peut-être sans réparations. C’est ainsi, de Janvier 2022 à aujourd’hui nous avons réalisé 35 ateliers et touché près de 900 personnes
LN: Qu’est ce qu’il y aura comme activités et à quelle catégorie de personnes s’adressent t’elles?
SJPM: On aura l’activité pilié qui est notre atelier Psycho-Théâtre qui est gratuit bien-sûr. On aura l’espace psychologique avec des professionnels du domaine, qui est aussi gratuit et ouvert à tout le monde .
Une foire gastro-artisanale, des ateliers (danse, de jeux) une formation sur le choix des produits cosmétiques. Des consultations ( gynécologique et dermatologiques) et une vente d’ouvrages, un coin photos et un espace dédié aux enfants.
Cette journée d’activités est dédiée à tout le monde, dès le plus jeune jusqu’au troisième âge. On aura des activités durant toute la journée et tout le monde y trouvera du plaisir.
LN: Ces derniers mois, la condition dégradante de la sécurité oblige des milliers de personnes à abandonner leur espace habituel pour se réfugier dans des camps de fortune ou en province. Comment cette activité peut aider ces gens à garder foi en la vie?
LPT: L’objectif de ces ateliers est d’aider les participants à mieux comprendre leurs émotions en explorant différentes techniques théâtrales, également les aider dans la découverte de nouveaux moyens d’exprimer leurs émotions dans leur vie quotidienne. Une auto-évaluation pour une meilleure auto-responsabilisation. Les participants n’ont pas besoin d’avoir une expérience préalable en théâtre ou en psychothérapie pour participer aux activités. Les ateliers sont toujours gratuits
La résilience est un atout majeur dans l’adversité ainsi que l’assurance d’être compris (e) et supporté (e) c’est ce dont nous offrons particulièrement dans nos ateliers. Et nous permettons aussi aux participants de faire et d’apprendre à faire ce que nous appelons une décharge émotionnelle pour être mieux armés à faire face aux jours les plus sombres.
LN: Y aura t-il d’autres activités prévues pour la suite ?
SJPM: Sincèrement oui, même-si on ne peut pas vous les dévoiler aujourd’hui. Mais on a un calendrier remplit et notre équipe est motivée aussi pour la suite de l’aventure.
LN: La participation aux ateliers est gratuite. Avez vous des partenaires qui prennent en charge les dépenses pour la réalisation de ces ateliers ?
LPT: J’ai fait le choix d’animer les ateliers gratuitement. Parce que pour moi, chaque jeune qui participe à un atelier sentira la nécessité de partager ce qu’il a reçu de l’atelier. ( li pap kenbe l pou kont li, e se egzakteman sa kanzo yo ap fè jounen jodi an)
Et non on a pas de partenaire et c’est ce qui fait qu’on a ce problème d’espace aujourd’hui.
LN: Un dernier mot ?
SJPM: On attend tout le monde. On les dit déjà bienvenue dans la famille et sachez qu’à partir de ce jour, vous ne serez plus seul(e). Et merci à Le National pour cet interview.
Propos recueillis par Lesly SUCCÈS