Pour des mécènes haïtiens du livre et des bibliothèques haïtiennes

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Docteur Jean-Price Mars, dans  l'une de ses conférences au public de Port-au-Prince publiées dans son  ouvrage La Vocation de  l'Elite, paru en avait dressé  un tableau assez sombre et, par moments alarmant, de la situation relative à la production intellectuelle d’Haïti en  son époque. L'auteur d' Ainsi parla l’oncle  s’inquiétait, et à juste titre que, « nous possédons pour l'ensemble du pays 15 journaux dont 10 à Port-au-Prince, 3 au Cap-Haïtien, 1 à Jacmel et 1 aux Cayes.[...]Port-au-Prince, pour alimenter 100 000 habitants, ne possède que 4 quotidiens et 8 journaux hebdomadaires ou bihebdomadaires, une ou deux feuilles mensuelles. Quant aux revues, jusqu'en juin 1917, il en existait encore 10 dont 8 à Port-au-Prince, 1 aux Cayes, 1 à Jérémie »[1]. Et l'auteur  d'Ainsi parla l'Oncle s'interroge : « Savez-vous quel est le plus grand nombre des abonnés de bibliothèques ? L'union catholique accuse 295 lecteurs, encore que sa bibliothèque publique et gratuite soit pourtant libérale et éclectique à ce que m'assure l'aimable homme qui en a la direction, Me. Léo Alexis. C'est ensuite la bibliothèque de Saint-Louis de Gonzague, intéressante à plus d'un titre avec 250 abonnés et, enfin 50 autres abonnés à la Société biblique et des livres religieux. […] De tout ce qui précède il est aisé, je crois, de tirer une conclusion. C'est que notre outillage intellectuel est d'une extrême médiocrité »[2].

Depuis, des efforts ont été faits tant dans le domaine de l'édition avec de nouvelles maisons éditoriales que dans celui des centres de lecture avec la constitution de la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH) et d'autres bibliothèques départementales par le Président Sténio Vincent et les bibliothèques de l'Institut Français et de l’Institut Haïtiano-américain,  et des bibliothèques de la FOKAL. Des auteurs ont pu trouver des subventions en Haïti même pour publier leurs  ouvrages. Situation qui n'existait pas au moment ou le Docteur Jean Price Mars publia le résultat de ses recherches sur notre « outillage intellectuel ». Cependant, il s'agit d’une progression en dents de scie. S’il  y a eu progrès, il y a eu stagnation et, même des cas de régression tout court dans le domaine. Par exemple, en maintes occasions, le Révérend Père William Smarth insistait sur le paradoxe  qu’Haïti, au cours de la seconde moitié du XIXème siècle  et jusqu'à la fin des années 1950, avait plus de journaux (quotidiens et hebdomadaires) qu'aujourd'hui (deux quotidiens).  Le paradoxe, c'est qu'avant, la population scolarisée était moindre et la quantité de journaux importante alors que cette même quantité de journaux diminue de nos jours alors que la population scolarisée augmente[3]. A écouter le Révérend Père William Smarth[4], j'ai beaucoup réfléchi à la question. J'ai interrogé des documentalistes, des  historiens-chercheurs, des lecteurs. J'ai suivi l'évolution des différentes  éditions de  la foire du livre, la plus grande manifestation du livre en Haïti pendant ces dernières décennies. Il faudrait interroger l'acte de lecture lui-même en Haïti en tenant compte de tous ces paramètres dans le contexte historique, social, économique et culturel avec pour matrice sociale disciplinaire la sociologie de la lecture. Dans mes rencontres d'échanges avec le chercheur Lewis Ampidu Clorméus[5], ce chercheur insiste toujours sur l'importance et la diversité de la production  intellectuelle haïtienne  de la seconde moitié du XIXème siècle. « C'est une chose incroyable » me disait le Professeur et chercheur Lewis. Ce qui prouve amplement d'ailleurs ses travaux sur M. Duverneau Trouillot[6]. Pour le Professeur Watson Denis[7], détenteur de la Chaire d'Histoire de la pensée sociale haïtienne  de la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l'Université d'Etat d'Haïti (UEH) et qui a écrit sa dissertation doctorale sur la période considérée[8], il y aurait toute une réappropriation de la production intellectuelle à effectuer. Ce serait une tâche titanesque  demandant non seulement des moyens appropriés pour effectuer les recherches, mais encore des équipes préparées et une volonté politique. D'autant plus qu'il y a de très sérieux problèmes d'accès, selon le Professeur Watson Denis dans les archives et les infrastructures documentaires actuellement en Haïti. Les affirmations du Révérend Père William Smarth méritent des éclaircissements, des explications. La société haïtienne a évolué, beaucoup évolué. Jusque vers le milieu des années 1960, les classes moyennes  en Haïti lisaient et achetaient des journaux et des revues. La petite bourgeoisie et les classes moyennes des villes de province lisaient beaucoup et avaient des abonnements des revues venant régulièrement de l'étranger, particulièrement de France, par le biais de la poste. Le Professeur Jean-Rénol Elie m’a fait savoir que la ville de Jacmel possédait, au début du XXème siècle, un journal municipal livrable par abonnement à ses lecteurs. Des familles de la Petite-Rivière de l'Artibonite, comme les Grand-Pierre, Jumelle, Morisseau, Cadet, Donatien[9], Lacoste[10], Excellent, Préval, Duvalsaint, Legrand, Hérard, Aubin, Saget, Bélizaire, Chrysostome, Thomas, Désir, Louis, Déliard, Rosier, Jean-Baptiste, Delva, Malvoisin par exemple, possédaient de nombreux ouvrages de qualité et, dans certains cas, des collections complètes d’Historia, de Sélection, de Constellation ou des revues de France qu’elles recevaient par la Poste[11]. Les salons de coiffure de Port-au-Prince, de leur côté, avaient une tradition d’être en même temps des centres de lecture des journaux et des revues, des espaces de discussion de toute sorte et de pratiques de jeux de dames, de cartes ou de lido. Les directions des écoles prenaient des abonnements de journaux. Avec la montée de la dictature de Duvalier, au milieu des années 1960, les bases de cette structure avaient commencé à s'effondrer. La petite bourgeoisie et les  intellectuels des classes moyennes, clés de voûte de toute production et de toute consommation des biens culturels, ont massivement laissé le pays pour l'Afrique, le Canada et les Etats-Unis d'Amérique (USA). Les départ des congrégations religieuses traditionnellement producteurs et diffuseurs de connaissance, détentrices d'énormes fonds documentaires comme les Jésuites, les Spiritains, la fermeture des centres de documentation, des laboratoires de physique et de chimie,  le climat de peur et de suspicion  qui s'était installé, tout cela avait porté nombre de journaux, comme par exemple La Phalange, à cesser de paraitre. Les journaux restés sur le terrain comme Le Nouvelliste et Le Matin ont dû pratiquer l’autocensure pour survivre. Une véritable traversée du désert… Dans la même foulée, la production intellectuelle du pays s'est déplacée vers l'étranger comme le montre l'étude des catalogues des grandes bibliothèques du pays comme par exemple celle de la Bibliothèque Nationale d'Haïti (BNH). Après le départ de Duvalier en 1986,  il y a eu un certain regain dans la publication des journaux. Il en est de même de nouvelles maisons d'édition. Des auteurs jusque-là interdits dans le pays, comme par exemple Leslie F. Manigat, Michel Hector, Marc Romulus,  Gérard Pierre-Charles et Suzy Castor, ont  pu rentrer au pays et assurer la diffusion de leurs ouvrages. Des associations de jeunes ouvrent des bibliothèques communautaires dans leurs quartiers respectifs. La FOKAL est en train de réaliser sur le terrain un travail immense en termes de mise en place de bibliothèques pour les jeunes et les populations traditionnellement marginalisées et exclues. Des campagnes d'alphabétisation ont pu se tenir avec de bons résultats. A l'université, les étudiants et professeurs exigent de nouvelles conditions d'enseignement, de recherche et de production du savoir. Il y a tout un renouveau. Cependant, le livre, l’imprimé coûte toujours cher et les catégories sociales qui avant, achetaient régulièrement la production intellectuelle, n'avaient pas revenu massivement au pays, après 1986, de la même façon qu'elles l'avaient laissé. Entretemps, les nouveaux riches, au pays, ne se sont pas (encore ?) manifestés comme de grands consommateurs de biens et services culturels comme la peinture, le cinéma, le théâtre ou la lecture.  Avec la crise politique, l’insécurité, l’inflation galopante, il y a toute une reconfiguration de la vie intellectuelle dans le pays.

Dans les secteurs des classes moyennes, dans les  milieux défavorisés, le désir de lire existe. Je puis en témoigner. Mais, le livre est encore trop cher en Haïti eu égard aux possibilités économiques du public lettré. Dans les écoles secondaires, à l'université, le désir de lire est  réel et profond parmi de nombreux jeunes de bonne volonté. Mais, il manque l'accompagnement, la méthodologie de la lecture et, dans bien des cas, les infrastructures documentaires elles-mêmes sont défaillantes.  Dans un contexte général où le cycle du secondaire actuel, tel qu'il fonctionne, ne prépare pas le jeune pour des études universitaires sérieuses, le  problème se complique. Mais, une fois sensibilisé, le jeune veut faire des efforts dans le domaine de la lecture. J'ai rencontré personnellement, dans les universités tant publiques que privées du pays, à Port-au-Prince tant qu'en province, des jeunes qui ont le profond désir d'apprendre et de lire. Ils n'ont malheureusement pas accès au livre qui est encore un produit cher en Haïti, vu les possibilités  réduites des  secteurs moyens et défavorisés du pays. On en est à un autre paradoxe: ceux qui ont les moyens économiques en Haïti n'achètent pas le livre haïtien et ceux qui n'ont pas ces moyens veulent acheter et lire le livre haïtien. Comment résoudre ce problème? Disons-le clairement. Il faut une décision d'Etat en la matière. La Déclaration du Président américain James Madison au début du XIXème siècle sur l’importance de l'éducation de la population et du rôle des bibliothèques publiques dans ce processus devrait et doit inspirer les Responsables haïtiens[12]. Ce, dans la mesure où ils  ont le projet de  construire un pays dans le sens premier et aristotélicien du mot politique, à savoir de la  « polis grecque », l'organisation de la Cité. Le Dr. Jean-Price Mars en avait longuement parlé au début du XXème  siècle dans son ouvrage La vocation de l’élite. Plus près de nous, le célèbre « Rapport Parent » du Québec pose des bases solides et peut toujours inspirer nos Responsables[13]. Il faut des subventions de l'Etat au livre haïtien pour en faciliter la lecture et la diffusion sur le sol d'Haïti. Evidemment, il faut des critères sérieux pour avoir la subvention. Il revient au Ministère de la Culture, par le biais de la Direction Nationale du Livre (DNL) de fixer ces critères en accord avec les associations d'Ecrivains et les éditeurs. C'est ce que j'appellerai un mécénat d'Etat. Mais, j'ai toujours pensé personnellement qu'un grand mouvement en faveur du livre haïtien et des bibliothèques haïtiennes doit aussi se manifester dans le monde des affaires. J'ai toujours à l'esprit l'action continue du grand industriel américain Andrew Carnegie en faveur des bibliothèques publiques aux Etats-Unis. Et je le dis toujours: si le nom d'Andrew Carnegie est célèbre aujourd'hui dans le monde entier, ce n'est pas à cause de ses usines et de ses aciéries. C'est plutôt par son action philanthropique en soutenant financièrement, tenez-vous bien, plus 2.500 bibliothèques publiques  aux Etats Unis et dans le monde. J'ai eu l’occasion d'effectuer un stage pratique à la Bibliothèque Publique Andrew Carnegie de San Juan durant mes études à Porto-Rico. La bibliothèque publique, bien administrée, est un puissant instrument de développement et un levier de mobilité sociale ascendante et de diffusion du savoir dans les diverses couches de la société. A Porto-Rico toujours, j'ai été personnellement témoin de l'action heureuse d'une bibliothèque publique  dans le quartier défavorisé de Santa-Rita, tout près de Río Piedras. Disons-le clairement, il faut des mécènes pour le livre haïtien et les bibliothèques haïtiennes. Il y a certes des mécènes qui soutiennent le livre haïtien et les bibliothèques haïtiennes. Nous avons ici l'action courageuse du Professeur James Boyard en faveur de la bibliothèque du Lycée Pétion  que nous donnons en exemple.

Dans cette même perspective, nous pourrions citer l'action de la Fondasyon Konesans ak Libète FOKAL, de la Fondation Jean Vorbe, de l'entreprise E. Power, de la Fondation Eric Jean- Baptiste[14], de l’Unibank, de la Sogebank, de la Banque de la République d’Haïti (BRH), de MSC-Trading, de l'entreprise Barbancourt, de la Maison Henri Deschamps, du journal Le Nouvelliste... De grands groupes industriels, financiers ou commerciaux du pays manquent encore à l'appel. Nous sollicitons leur appui. De groupes étrangers qui font de bonnes affaires en Haïti manquent aussi à l'appel. Ils peuvent aider le livre haïtien et les bibliothèques haïtiennes et contribuer ainsi à un avancement, au développement culturel et mental  de la population haïtienne. Il faut lutter sans arrêt contre l'analphabétisme et l'illettrisme. Il nous faut un maillage du pays par le biais de bibliothèques publiques de proximité et un sérieux accompagnement des populations, des lecteurs et des lectrices de ces bibliothèques dans le cadre de nouvelles conceptions de la vie et du pays d'Haïti. Il nous alors faut des mécènes haïtiens et étrangers du livre haïtien et des bibliothèques haïtiennes. Ce, dans la perspective d'un nouveau pays. Je suis fermement convaincu que l'avenir d'Haïti, sur le long terme, passe par cette voie qui a été celle de nombreux pays qui, aujourd'hui, ont pu passer de la misère farouche, abjecte, humiliante et extrême à la pauvreté digne et assumée en vue de rechercher le bien-être de leurs peuples.

 

Jérôme Paul Eddy Lacoste

Responsable académique de  la Faculté des Sciences Humaines (FASCH) de l’Université d’Etat d’Haïti (UEH).

Juillet 2024  

babuzi2001@yahoo.fr

 

NOTES

[1] Jean-Price Mars (1919). La vocation de l'élite. Réédition les Editions Fardin, 2013. Port-au-Prince. p. 40. D’après nous, il s’agit de la première démarche systématique pour saisir dans son exhaustivité la situation du fait  documentaire et des pratiques culturelles de la lecture et des mécanismes de transmission du savoir.  Par la suite, l’écrivain  René Victor avait travaillé en  1983 sur les librairies en Haïti avec son ouvrage  « Les Gouverneurs du livre ». M. Jimmy Borgella,  dans les colonnes du Nouvelliste avait commencé une étude sur le livre en Haïti.

2 Ibid. p. 45.

3 Il convient de  nuancer la question avec la présence de nos jours des  journaux et publications en ligne. Il faudrait mener des recherches  sur  ces publications en ligne et  leur niveau de lecture par la population.  Il  s’agit là  d’un champ de recherches  immense pour l’Université.  

4 Le Révérend Père William Smarth est une référence, un militant intégral et écouté. Il a été exilé avec les Pères Spiritains par le Président François Duvalier au début des années 1960. En exil, le  Révérend Père William Smarth avait, de concert avec le Révérend Père Antoine Adrien et le Père Max Dominique, édité la revue créole SEL. De retour au pays après la chute de la dictature en 1986, Le Révérend Père William Smarth a participé dans toutes les initiatives citoyennes de construction et de renforcement de la démocratie dans le pays. Il a publié en 2015 un ouvrage de référence en deux tomes: Histoire de l'Eglise catholique  en Haïti de 1492 à 2003. Des points de repères. Préface du Professeur Laënnec Hurbon. Editions CIFOR, Port-au-Prince.

5 Entretien  de l'auteur avec le Professeur Lewis Ampidu Clorméus le 2 juillet 2021 dans la salle des Professeurs de la Faculté d'Ethnologie.

6 Lewis Ampidu Clorméus. Entretien accordé à l’auteur le 2 juillet 2021 dans la Salle des Professeurs de  la Faculté d’Ethnologie.  

7 Entretien  de l'auteur avec le Professeur Watson Denis le 21 août 2021 dans la Salle des Professeurs de  la Faculté des Sciences Humaines. 

8 Voir sous ce rapport la dissertation doctorale du Professeur Watson Denis. (2004). Miradas de mutua desconfianza entre dos Repúblicas americanas: el expansionismo marítimo de Estados Unidos de América frente a la francófila haitiana, (1888 - 1898). Faculté de lettres et de philosophie, Université de Puerto Rico, Campus de Río Piedras, publiée par UMI, Ann Arbor, Michigan, USA, 2005.

9 Dans le cas de la famille Donatien, il faut rappeler les personnalités de Me  Michel Donatien et de M. Délinois Donatien. Le premier a été un avocat célèbre,  spécialisé dans les questions d’adoption et de divorce des étrangers. Il a occupé, entre autres, les fonctions d’Avocat-Conseil de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de Juge à la Cour de Cassation. Le second, M. Délinois a étudié en France. Il a été l’ami personnel du Pape Paul VI et avait été reçu en plusieurs occasions en séance spéciale par le Saint-Père. Il avait fondé au milieu des années 1960, une œuvre  sociale chrétienne le Mouvement Patriotique Chrétien (MPC) intervenant dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assistance aux familles et aux personnes âgées. Avant sa mort, M. Délinois avait légué ses biens matériels, ses propriétés à la Congrégation des Petites Sœurs de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. Il est à noter que cette congrégation haïtienne, fondée par le R.P. Farnèse Louis-Charles, et dirigée vers la paysannerie,  maintient, depuis plus d’une cinquantaine d’années, une présence éducative remarquable et appréciée dans les montagnes des Cahos et d’autres régions éloignées du pays.   

10 Il faut mentionner ici notre oncle, M. Ricot Lacoste, grand lecteur, multi-instrumentiste et Maestro de musique.   M. Ricot Lacoste  avait d’ailleurs fondé la célèbre fanfare de la Petite-Rivière de l’Artibonite. Il est à noter que cette fanfare avait formé plusieurs musiciens de renom  performant actuellement au sein de  la fanfare du Palais National.

11 Il faut mentionner ici l’action  à la Petite-Rivière de l’Artibonite de M. Roger Milcent, journaliste à l’époque  au Nouvelliste.  En  plus de ses activités comme correspondant de presse dans l’Artibonite, M. Roger Milcent possédait de  nombreux ouvrages et il concédait des prêts aux jeunes élèves et étudiants.  D’ailleurs, il avait fondé un journal Le Messager de l’Artibonite qui n’avait pas fait long feu. La famille Duvalsaint, pour sa part, distribuait des journaux du pays et de l’étranger.

12 « Un gouvernement populaire sans une politique d'éducation populaire est le début d'une comédie ou d'une tragédie ou des deux à la fois. La connaissance gouvernera toujours l’ignorance et les peuples qui veulent être maitres de leur destin doivent s'armer avec cette puissance que confère la connaissance ».

13 Entretien de l'auteur avec le Professeur Marc Exavier le 24 octobre 2016.

14 En révisant le texte du présent ouvrage, nous avons appris l’assassinat de M. Eric Jean-Baptiste, homme d’affaires, dirigeant politique et Secrétaire-Général du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) fondé par le Professeur Leslie-François Manigat. Nous nous recueillons devant la dépouille de cet homme d’affaires différent qui avait une grande implication dans les œuvres sociales de son pays.  Il est à noter que M. Eric Jean-Baptiste avait soutenu des initiatives des jeunes en matière de bibliothèques publiques. Il travaillait personnellement à la reconstruction de l’Ecole de Droit et des Sciences Economiques de Jacmel (EDSEJ). Il octroyait des bourses d’études à des jeunes de Carrefour. De plus, il avait soutenu financièrement la publication des ouvrages  de nombreux  auteurs  haïtiens, y  compris la parution de certains volumes de la collection  du Dr. Rony Gilot. La mémoire de M. Eric Jean-Baptiste mérite une place de choix dans l’histoire du mécénat en Haïti. Nous souhaiterions que son œuvre se poursuive. 

 

Legende: Madame  Michèle Duvivier Pierre-Louis, Directrice  de la Fondasyon Konesans ak Libète (FOKAL), institution  faisant un travail remarquable de support pour le livre hattien.

 

[1] Jean-Price Mars (1919). La vocation de l'élite. Réédition les Editions Fardin, 2013. Port-au-Prince. p. 40. D’après nous, il s’agit de la première démarche systématique pour saisir dans son exhaustivité la situation du fait  documentaire et des pratiques culturelles de la lecture et des mécanismes de transmission du savoir.  Par la suite, l’écrivain  René Victor avait travaillé en  1983 sur les librairies en Haïti avec son ouvrage  « Les Gouverneurs du livre ». M. Jimmy Borgella,  dans les colonnes du Nouvelliste avait commencé une étude sur le livre en Haïti.

[2] Ibid. p. 45.

[3] Il convient de  nuancer la question avec la présence de nos jours des  journaux et publications en ligne. Il faudrait mener des recherches  sur  ces publications en ligne et  leur niveau de lecture par la population.  Il  s’agit là  d’un champ de recherches  immense pour l’Université.  

[4] Le Révérend Père William Smarth est une référence, un militant intégral et écouté. Il a été exilé avec les Pères Spiritains par le Président François Duvalier au début des années 1960. En exil, le  Révérend Père William Smarth avait, de concert avec le Révérend Père Antoine Adrien et le Père Max Dominique, édité la revue créole SEL. De retour au pays après la chute de la dictature en 1986, Le Révérend Père William Smarth a participé dans toutes les initiatives citoyennes de construction et de renforcement de la démocratie dans le pays. Il a publié en 2015 un ouvrage de référence en deux tomes: Histoire de l'Eglise catholique  en Haïti de 1492 à 2003. Des points de repères. Préface du Professeur Laënnec Hurbon. Editions CIFOR, Port-au-Prince.

[5] Entretien  de l'auteur avec le Professeur Lewis Ampidu Clorméus le 2 juillet 2021 dans la salle des Professeurs de la Faculté d'Ethnologie.

[6] Lewis Ampidu Clorméus. Entretien accordé à l’auteur le 2 juillet 2021 dans la Salle des Professeurs de  la Faculté d’Ethnologie.  

[7] Entretien  de l'auteur avec le Professeur Watson Denis le 21 août 2021 dans la Salle des Professeurs de  la Faculté des Sciences Humaines. 

[8] Voir sous ce rapport la dissertation doctorale du Professeur Watson Denis. (2004). Miradas de mutua desconfianza entre dos Repúblicas americanas: el expansionismo marítimo de Estados Unidos de América frente a la francófila haitiana, (1888 - 1898). Faculté de lettres et de philosophie, Université de Puerto Rico, Campus de Río Piedras, publiée par UMI, Ann Arbor, Michigan, USA, 2005.

[9] Dans le cas de la famille Donatien, il faut rappeler les personnalités de Me  Michel Donatien et de M. Délinois Donatien. Le premier a été un avocat célèbre,  spécialisé dans les questions d’adoption et de divorce des étrangers. Il a occupé, entre autres, les fonctions d’Avocat-Conseil de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de Juge à la Cour de Cassation. Le second, M. Délinois a étudié en France. Il a été l’ami personnel du Pape Paul VI et avait été reçu en plusieurs occasions en séance spéciale par le Saint-Père. Il avait fondé au milieu des années 1960, une œuvre  sociale chrétienne le Mouvement Patriotique Chrétien (MPC) intervenant dans les domaines de l’éducation, de la santé et de l’assistance aux familles et aux personnes âgées. Avant sa mort, M. Délinois avait légué ses biens matériels, ses propriétés à la Congrégation des Petites Sœurs de Sainte-Thérèse de l’Enfant Jésus. Il est à noter que cette congrégation haïtienne, fondée par le R.P. Farnèse Louis-Charles, et dirigée vers la paysannerie,  maintient, depuis plus d’une cinquantaine d’années, une présence éducative remarquable et appréciée dans les montagnes des Cahos et d’autres régions éloignées du pays.   

[10] Il faut mentionner ici notre oncle, M. Ricot Lacoste, grand lecteur, multi-instrumentiste et Maestro de musique.   M. Ricot Lacoste  avait d’ailleurs fondé la célèbre fanfare de la Petite-Rivière de l’Artibonite. Il est à noter que cette fanfare avait formé plusieurs musiciens de renom  performant actuellement au sein de  la fanfare du Palais National.

[11] Il faut mentionner ici l’action  à la Petite-Rivière de l’Artibonite de M. Roger Milcent, journaliste à l’époque  au Nouvelliste.  En  plus de ses activités comme correspondant de presse dans l’Artibonite, M. Roger Milcent possédait de  nombreux ouvrages et il concédait des prêts aux jeunes élèves et étudiants.  D’ailleurs, il avait fondé un journal Le Messager de l’Artibonite qui n’avait pas fait long feu. La famille Duvalsaint, pour sa part, distribuait des journaux du pays et de l’étranger.

[12] « Un gouvernement populaire sans une politique d'éducation populaire est le début d'une comédie ou d'une tragédie ou des deux à la fois. La connaissance gouvernera toujours l’ignorance et les peuples qui veulent être maitres de leur destin doivent s'armer avec cette puissance que confère la connaissance ».

[13] Entretien de l'auteur avec le Professeur Marc Exavier le 24 octobre 2016.

[14] En révisant le texte du présent ouvrage, nous avons appris l’assassinat de M. Eric Jean-Baptiste, homme d’affaires, dirigeant politique et Secrétaire-Général du Rassemblement des Démocrates Nationaux Progressistes (RDNP) fondé par le Professeur Leslie-François Manigat. Nous nous recueillons devant la dépouille de cet homme d’affaires différent qui avait une grande implication dans les œuvres sociales de son pays.  Il est à noter que M. Eric Jean-Baptiste avait soutenu des initiatives des jeunes en matière de bibliothèques publiques. Il travaillait personnellement à la reconstruction de l’Ecole de Droit et des Sciences Economiques de Jacmel (EDSEJ). Il octroyait des bourses d’études à des jeunes de Carrefour. De plus, il avait soutenu financièrement la publication des ouvrages  de nombreux  auteurs  haïtiens, y  compris la parution de certains volumes de la collection  du Dr. Rony Gilot. La mémoire de M. Eric Jean-Baptiste mérite une place de choix dans l’histoire du mécénat en Haïti. Nous souhaiterions que son œuvre se poursuive. 

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