Un homme dangereux ou la rhapsodie en blues-guédé

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Souvent, quand il arrive qu'un auteur se fait demander de lire un passage de sa propre prose, c'est pour faire ressortir et/ou lui soutirer le caractère poétique dans l’œuvre.

De là, par des questions adroitement posées, lui faire livrer l'allure pathétique qu’il a pris soin d'y insérer.

Mais, il peut arriver aussi, ici, l’on veut prendre à témoin: le cas de “Un Homme Dangereux” de Gary Victor, qu’un lecteur se sente pivoter dans une espèce de rhapsodie en blues- Guédé! 

Même si parfois la crudité mielleuse de la prose tire l'ensemble des éléments fondamentaux du texte vers un côté fantastique.

L’on veut vous dire que derrière les scènes d'érotisme débridé, ponctuées de foucades qui mettent en mémoire celles que l'on attribue au loa haïtien Guédé, il y a tout un pan de l'imaginaire haïtien que l’auteur veut se mettre à déplier.

L’on fait projeter le côté étalon de l'homme haïtien, ce, pour toujours ensemencer, maintenir cette terre fertile en simulacreurs. L’on croit gagner, de ne jamais dire honnêtement, son impotence ou son infertilité à une conjointe. Pour le plus grand honneur du patriarcat.

Quand un auteur se met à transformer ce genre en une "rhapsodie fantastique en pas guédé" comme l'a fait Gary Victor dans un homme Dangereux, plus d'un se sentent comme tomber de cheval.

Pour d'autres, rien ne leur fait retenir le souffle, que de le voir essayer à la tâche d'instruire vieux et jeunes dans une histoire qui est la leur.

En entendant partir dans tous les sens, à la muette, le proverbial "à ses risques et périls", ou le bon vieux "la degaje y" haïtien, en cela, l'on gagnerait gros à parier.

Car à la clé, il y a un contentement béat: celui de le voir perdre "les épaulettes gagnées sur le champs de bataille". Celui de l'écriture, vous conviendrez.

Ceci peut être qualifié de contentement de l'envieux! Car son but inavoué, c'est de mettre un frein à la créativité d'un être en plein essor, qui veut toujours repousser les limites qui sont les siennes.

"Peste, donc, des envies de la sorte et les envieux qui l'entretiennent et les nourissent"! 

Et que la rhapsodie -fantastique- en pas guédé telle que la joue l'auteur de Un Homme Dangereux, continue son train de voluptés, faits de jambes levées, puis entrelacées en lignes sinueuses, comme le sont les arabesques! Elles sont avant tout fantastiques!

Fantastiques jusqu'au bout, il faut le dire.

Mais seulement voilà, ces arabesques telles que décrites sont avant tout fantastiques. On veut le répéter.

Elles planent, surpassent l'imagination pour entrer dans un au-delà du naturel.

Dans ce livre, elles ont la propriété d'une missile guidée; larguée en état de rêve! Le temps d'une prenette, ou d'un kat kanpé, respè, je vous dois!

Ah que Tonton Bicha est vulgaire! Sauf votre respect, il laisse suinter, ses vertus de troupier.

Et quand on aura fini de vous dire qu'elles peuvent engrosser une femme à distance, au moment de la sortie violente des jets inséminateurs, vous conviendrez qu'une appellation comme "misil guédé" ou autre aurait été la plus appropriée.

Car leurs contours sinueux, en rythme saccadé, les contortions orgiaques des ébats sexuels, tombent  dans le catalogue des prouesses du Loa Guédé.

Dans de pareil état d'esprit, comment vient à nous parler du patriarcat, sujet trop sérieux, pour en rire.

Puisque friands et vous vous décidez à laisser à Gary Victor de vous en parler : "Puisse Dieu vous donner des fils dont vous êtes le père". Et un rapt pour vous payer de votre peine.

 

P. G.Eugène

Trou-du-Nord

19 Août 2024

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