Tenue d’une table ronde autour des enjeux de l’inscription de la « Soup Joumou », Soupe de l’Indépendance, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO

L’Institut haïtien| patrimoine & tourisme (INAPAT) a réalisé ce mardi 28 décembre 2021 au local de la CNIGS une table ronde sur l’inscription de la « Soup Joumou », Soupe de l’Indépendance, sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité de l’UNESCO. En format hybride, plusieurs personnalités dont la professeure Bayyinah Bello de la Fondation Marie Claire Heureuse Félicité Bonheur Dessalines (FF), le professeur Frantz Délice du ministère de la Culture, l’ambassadrice Dominique Dupuy de la Délégation haïtienne auprès de l’UNESCO, le chef Stéphan Berrouet Durand, le sociologue Kesler Bien-Aimé de la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO, l’architecte Farah Hyppolite de l’INAPAT, le professeur Piou Jean Fernney et Leila François du département tourisme et patrimoine, IERAH/ISERSS de l’Université d’État d’Haïti, ont co-animé cette activité.

Ancrée dans la tradition haïtienne, la « Soup Joumou », cet élément identitaire du peuple haïtien, est aujourd’hui appropriée par l’Humanité. Le giraumon en tant que produit principal de cette pratique culinaire est additionné à d’autres ingrédients comme le malanga, l'igname, le navet, le mirliton, l'oignon, la carotte, la banane plantain, la pomme de terre, le chou, les pâtes, le piment, etc.

Pour le professeur Frantz Délice, l’inscription de la « Soup Joumou » sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis le 16 décembre 2021 est liée à la Convention de 2003 sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel. Selon lui et l’ambassadrice, cette inscription est une victoire pour le peuple haïtien. Tout au cours du déroulé de cette table ronde, les enjeux mémoriels, sociaux, culturels et économiques ont été soulignés. Par exemple, à la question qu’est-ce qu’on va faire pour la sauvegarde de ce patrimoine culturel immatériel de l’humanité dans une société où la conscience patrimoniale n’est encore en état ? Quelle sera l’implication effective de l’État quand son système normatif ne dote pas encore d’une loi-cadre sur la sauvegarde de ce type de patrimoine culturel ?

Ces interrogations méritent une réponse de la part de tous les médiateurs du patrimoine culturel immatériel (autorités publiques et société civile). Si plusieurs initiatives visant à conscientiser le grand public sur la sauvegarde de ce patrimoine culturel sont en cours, elles méritent d'être supportées et encouragées. Pour la sauvegarde « durable » de cette image forte dans l’espace rural, urbain et diasporique, les interventions ont plaidé pour le « partage » comme symbole qui nous rassemble. En pensant aux autres éléments du PCI haïtien à sauvegarder, l’« implication » de tous et de toutes dans le processus devient une injonction collective. Comment faciliter les planteurs à produire davantage ? Comment stimuler les médiateurs de l’art culinaire haïtien ? Comment rentrer le PCI haïtien dans le système scolaire? sont des points soulevés par l’éducateur culturel Antoine Godson de Réf-Culture, Raymond Lerebours de « Soup Libète, Loïk Yémi du public et le professeur Kenrick Demesvar ?

Pour la viabilité de cette pratique culinaire et le développement de la conscience patrimoniale, ces échanges sur la « Soup joumou », la Soupe de l’Indépendance, doivent continuer dans toutes les unités géographiques du pays ; puisque l’enjeu principal est surtout de renforcer les capacités des autorités et des communautés locales à la sauvegarde de ce patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Midson Jean Batard

Maître en patrimoine culturel

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