Clôture du Festival Boirond Tonnerre

Du 27 au 31 janvier 2025, la ville historique des Gonaïves a été le théâtre d’un événement littéraire d’exception : le Festival Boirond Tonnerre, un rendez-vous incontournable qui a célébré la richesse de la poésie haïtienne dans toute sa diversité et sa profondeur. Dirigé de main de maître par le poète et artiste multidisciplinaire Richardson Auguste, ce festival a réuni les plus grandes figures de la poésie haïtienne contemporaine, offrant une plateforme unique pour le dialogue entre les générations, mais aussi un espace de réinvention de la poésie dans le contexte actuel de la société haïtienne.

À l’occasion de cette édition 2025, le festival a vu l’hommage rendu à deux des figures emblématiques de la scène poétique haïtienne, Anivince Jean Baptiste et Marc Exavier, invités d'honneur qui ont su captiver le public avec leurs œuvres puissantes, métaphoriques et engagées. Ces artistes, aux plumes acérées et aux voix profondes, ont incarné toute la richesse des sensibilités poétiques contemporaines et ont été les fers de lance de ce voyage littéraire. Mais au-delà de ces figures maîtresses, une pléiade d’autres poètes haïtiens, tels que Philippeson Juste, Ricardo Auguste, Adlyne Bonhomme, Iléus Papillon et Douglas Zamor, Gegphile , Godson MOULITE, Frantzley Valbrun, Richardson auguste, Wedny Bezil, Roberto Louis Charles, ont fait briller de mille feux la scène du festival, chaque récitation et chaque intervention devenant une véritable performance en soi, un moment de communion avec le public.

Un voyage au cœur de la poésie haïtienne
Le festival Boirond Tonnerre, à travers la direction artistique visionnaire de Richardson Auguste, s’est imposé comme un moment où la poésie s’affranchit des contraintes du passé pour aborder des thématiques plus vastes et plus contemporaines, tout en restant profondément ancrée dans la réalité haïtienne. En effet, le choix de Gonaïves, une ville au riche héritage historique et culturel, n’a pas été anodin. Il symbolisait l’alliance entre passé et avenir, entre mémoire et renouveau. La scène poétique y a trouvé un terrain fertile pour des créations qui, tout en s’inspirant des luttes passées, apportent des réponses poétiques aux défis actuels du pays. Les récitals poétiques, souvent enflammés par la ferveur des artistes, ont abordé des thèmes aussi variés que la condition humaine, les crises sociales, la révolte contre l’injustice, l’amour et la souffrance, mais aussi la quête d’un avenir meilleur pour Haïti. Anivince Jean Baptiste et Marc Exavier ont, chacun à leur manière, illuminé la scène avec leurs poèmes d’une densité rare, oscillant entre la métaphore, l'engagement et l’introspection. Les spectateurs, captivés, ont été emportés dans un tourbillon de mots, de sons et d’émotions.
La poésie haïtienne, dans ses différentes formes, a toujours eu un pouvoir singulier : celui de dire l’indicible, de faire entendre ce que les mots ordinaires ne peuvent exprimer. Cette édition du festival a réussi à fusionner cette tradition avec une approche résolument moderne de la poésie. Philippeson Juste, Ricardo Auguste et Adlyne Bonhomme, entre autres, ont démontré à quel point la poésie peut se réinventer à travers les nouvelles pratiques artistiques, tout en préservant la force des formes poétiques traditionnelles. Les ateliers littéraires ont constitué un autre moment fort du festival, créant un véritable espace d’échange et de réflexion autour de la poésie. De jeunes poètes en herbe ont eu l’opportunité de dialoguer avec leurs aînés, de partager leurs créations et de recevoir des conseils précieux. Ces échanges ont permis de renforcer l’idée que la poésie n’est pas une forme figée, mais qu’elle peut se renouveler à travers les générations, tout en restant fidèle à l’esprit de résistance et d’affirmation culturel.
Mais au-delà de la qualité littéraire, le festival Boirond Tonnerre s’est également distingué par son caractère populaire et inclusif. Il a su attirer un large public, allant des étudiants aux intellectuels, en passant par les habitants de Gonaïves, qui ont montré un enthousiasme sans faille pour les événements proposés. Loin d’être réservé à une élite, cet événement a offert à chacun la possibilité de se rapprocher de la poésie, de la vivre intensément et de la comprendre à travers ses multiples facettes. Richardson Auguste, qui a su insuffler son dynamisme et sa passion tout au long de la semaine, a affirmé l’importance d’un tel festival dans un contexte haïtien marqué par les défis socio-politiques. « La poésie, plus que jamais, doit être le miroir de notre époque, elle doit nous permettre de réfléchir sur notre présent tout en nous projetant vers l’avenir », a-t-il déclaré lors de la clôture du festival, soulignant la portée politique et sociale de cet art.
À l’heure de la clôture, il était évident que cette édition du festival Boirond Tonnerre avait atteint son objectif : celui de mettre en lumière la poésie haïtienne sous toutes ses formes et de faire entendre les voix des poètes qui, chaque jour, œuvrent pour la préservation et la réinvention de la langue et de la culture haïtiennes. Les échanges entre les artistes et le public, la qualité des performances, ainsi que l’atmosphère de fraternité et de solidarité ont fait de ce festival un véritable succès. Le Festival Boirond Tonnerre 2025 a été un moment de célébration et de réinvention, un hymne à la poésie haïtienne, qui, à travers ses mots, continue d’inspirer, de questionner et de transformer. Le public est reparti, emportant avec lui des souvenirs inoubliables et l’espoir que la poésie, loin de se limiter à une forme d’expression élitiste, peut et doit se vivre, se partager et se diffuser dans toute la société haïtienne. Les organisateurs et les artistes, satisfaits de cette réussite, ont déjà promis une nouvelle édition encore plus ambitieuse. Car, comme le dit si bien l’un des poètes présents, « la poésie est un feu sacré qui ne s’éteint jamais. » Et le festival Boirond Tonnerre, en 2025, a incontestablement ajouté de nouvelles flammes à cette lumière infinie.

 

Godson Moulite

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