Yanick Lahens honorée par l'Ambassade de France en Haïti

La femme de lettres haïtienne de renom, Yanick Lahens, a reçu les insignes de chevalier de la Légion d’honneur, une distinction décernée par la République française. La cérémonie s'est déroulée, le vendredi 25 février 2022, à la résidence de l'ambassadeur de France en Haïti, Fabrice Mauriès, en présence d'un public select. Cela a été l'occasion pour l'ambassadeur Mauriès de retracer le parcours de madame Lahens et vanter la qualité de ses œuvres.

«C’est un grand plaisir de vous accueillir ici à la résidence pour un événement qui nous permet, une fois de plus, de célébrer l’alliance entre, d’une part, ce bout d’île balayée par les vents contraires de l’Histoire et, d’autre part, les Belles Lettres, qui sont au cœur de la culture franco-haïtienne», a d'entrée de jeu lancé l'ambassadeur Fabrice Mauriès à l'endroit de son invitée.

Plus loin, dit-il, cette alliance «est constitutive des grandes œuvres, la vôtre, comme toutes celles qui en tout temps en tout lieu savent nous ouvrir à notre universelle condition».

Grandie à Port-au-Prince au sein d’une famille élargie, où la culture traditionnelle haïtienne tenait une place importante,  Yanick Lahens a quitté Haïti,  à 15 ans, dans le contexte de la dictature. Arrivée en France, elle a fait des études de lettres à la Sorbonne, a rappelé M. Mauriès qui dit comprendre que cet exil parisien a marqué un tournant décisif dans l'engagement culturel, social et politique de Yanick Lahens.

«De retour en Haïti, vous enseignez à l’École normale supérieure, en particulier la littérature des Lumières. Vous participez à l’élaboration de la réforme qui a introduit le créole dans le système éducatif haïtien. Vous contribuez alors au lancement de la revue haïtienne Chemins critiques, avec entre autres Laënnec Hurbon et Bérard Cénatus, et vous collaborerez à d’autres revues, dont la revue franco-haïtienne Conjonctions de l’Institut Français», a précisé le diplomate avant de retracer le parcours de la romancière.

«Le goût pour les langues mêlées à la saveur des mots et vous voilà gagnée par l’imaginaire romanesque, car vous savez comme l’a dit Julien Green que la Vie est un romancier au travail très inégal. Après le recueil de nouvelles Tante Résia et les Dieux, en 1994, le tournant des années 2000 voit croître votre notoriété au fil de vos publications, et après La petite corruption en 2003, arrive aux éditions Sabine Wespieser La couleur de l’aube, qui avec une remarquable économie de moyen dépeint la résistance effrénée à l’ensauvagement en Haïti.

Le tremblement de terre de 2010 meurtrit les vies et l’imaginaire collectif sur lequel Failles tente de poser les mots du réconfort.  Écrire, dites-vous,  demeure cependant un leurre magnifique, un jeu avec l’ombre et le silence et vous préférez le plus souvent vous en tenir aux mots qui nous font du bien, qui sont cette lueur dans la nuit dont parle James Baldwin. 

Nouvelle consécration, en 2014, vous obtenez le prestigieux Prix Femina pour Bain de lune, une fresque qui retrace sur trois générations le destin de paysans haïtiens à travers la voix d'une jeune fille. Dans sa préface à la traduction anglaise de 2017, Russell Banks décrit une œuvre subtile, suprêmement intelligente, une histoire aussi intemporelle qu’une tragédie grecque.

Puis c’est le  roman de la sensualité, de l’amitié et de l’amour, Guillaume et Nathalie, pour lequel vous composez une autre facette au désastre, pour redresser cette Haïti ravagée par la violence urbaine, jusqu’à nous encourager à faire preuve d’une infinie considération, celle qui se révèlera peut-être, comme limite à la violence.  Ce travail vous l’avez poursuivi dans Douces Déroutes, dont le titre dit tout de votre projet éthique et esthétique.

En 2020, vous avez reçu le Prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-Monde pour l’ensemble de votre œuvre. Ce prix a consacré notamment votre contribution à une meilleure connaissance de la littérature et de la culture haïtiennes, et à la représentation du monde caribéen en général. »

À côté de ses activités littéraires, Madame Lahens est très impliquée dans la vie associative en Haïti. En 2008, elle a  créé la fondation « Action pour le changement » qui a notamment permis la construction de bibliothèques. Mais les enjeux de santé mentale la préoccupent également, c'est pourquoi elle s'est engagée à cette thématique dans le cadre de l’Inisyativ sante mantal Ayiti, dont elle est membre fondatrice.

La Rédaction

 

Crédit Photo: Page Facebook de l'ambassade de France en Haïti.

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