Stivenson Magloire: peintre immortel ou artiste incomparable !

Des entrailles de l’artiste Louisianne Saint-Fleurant, est sorti un autre génie de l’art haïtien, qui malheureusement n’a pas fait long feu.  Stivenson Magloire est cet artiste peintre, unique comme lui seul, dans sa palette, qui va marquer pendant longtemps sa génération.

Dans un article publié le 6 octobre 2006, dans les colonnes du Journal Le Matin, on peut lire ceci: « Sa peinture s’écarte totalement des autres styles et tendances de sa génération. En général, chacun de ses tableaux représente à la fois deux scènes. En arrière-plan, un fond nuancé produisant un certain spectacle intersidéral, un univers mystérieux et impressionnant par des couleurs telles le violet, le rouge, le bleu, le noir et le jaune. Au-devant de la scène s’articulent des personnages : des personnages mystiques, symboliques, portant des colliers de vèvè, des croix. Les acteurs de ses tableaux, aux corps greffés, informels, transparents, se confondent avec les habitants d’une cité d’extraterrestre ».

Dans l’ombre de cet artiste, victime d’une mort tragique le 9 octobre 1994, ses tableaux magiques continuent de s’imposer partout à travers le monde comme pour immortaliser le talent indélébile d’un rêve artistique avorté.

Dans la commune de Pétion-Ville, Stivenson Magloire, né le 16 août 1963. C’est un artiste autodidacte, qui a commencé à peindre dès l’âge de dix ans. Adolescent encore, il ne tarde pas à se faire un nom parmi ses pairs. Il peint, s’active, comme s’il était alerté par le néant.

Dans la mémoire collective, on retient de Stivenson Magloire, un artiste peintre immortel et incomparable, qui, des années plus tard, semble avoir été rattrapé par d’autres génies aussi rebelles que lui, dans leurs créations, comme Sebastien Jean.

Dans les salons de certaines grandes familles avisées, des collectionneurs de la belle saison picturale haïtienne entre les années 70 et début 2000 disposent au moins un tableau (authentique) signé par Stivenson Magloire, dans ses heures de gloire.

Dans le palmarès de ce peintre hors norme, souvent salué pour son génie par des critiques comme le professeur Michel Philippe Lereubours, on retient qu’il avait exposé ses œuvres au Grand Palais de Paris en 1989, à Strasbourg en 1991, aux États-Unis, à la galerie de New Jersey en permanence, au Canada, au Japon...

Des couleurs vives qui apportent de l'énergie ou imposent un environnement mystique, des personnages traversés par des vêvê ou d’autres fragments sortis de nulle part, animent en permanence. « Ses tableaux conçus de symbolisme chantent des mystères inédits pour vénérer la vie et l’immortalité de leur auteur, honteusement lynché en plein jour, et meurt le 9 octobre 1994 ». Stivenson Magloire, ce peintre inoubliable qui tache encore et toujours notre mémoire picturale...

Dans l’histoire de la peinture et des arts plastiques en Haïti, ils sont nombreux les créateurs souvent oubliés par l’absence de musée d’art dans le pays, des émissions culturelles dans les stations de radios, télévisions ou sur les réseaux sociaux, le manque de catalogue de réédition ou des manuels scolaires capables de les garder dans l'actualité.  À quand l'érection d’un monument ou l'aménagement  d’un espace dédié aux nombreux artistes-peintres, musiciens, écrivains, parmi d’autres talents, comme une place publique ou un mur dans la commune de Pétion-Ville, pour honorer la mémoire de tous ces créateurs intemporels et incontournables, à défaut d’un musée de la ville, qui disposerait certainement d’une peinture ou d’un buste de Stivenson Magloire, parmi d’autres grands noms de la riche culture haïtienne.

Dominique Domerçant 

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