Du sang neuf dans le milieu du théâtre avec la publication de «Nouvelles Dramaturgies d’Haïti» soutenue par AROCH et OIF. Cette anthologie de texte dramaturgique, coordonnée par Guy Régis Jr est publiée par l’Edisyon Chimen. L’édition Chimen de l’Association Quatre Chemins, en collaboration avec la compagnie Nous théâtre, a été conçue dans l’objectif d’offrir un espace de diffusion et de publication aux dramaturges haïtiens. À cet effet, cette publication, regroupant douze textes dramaturgiques dont deux sont en créole, sera disponible dans toutes les bibliothèques en Haïti ainsi que dans plusieurs pays francophones. « Avilir les ténèbres », du jeune dramaturge à succès Jean D’Amérique, est le premier texte du premier tome. Découvrons ensemble le résumé (la trame) et la présentation (l’à -propos) de ce texte.
Trame
Une femme, Yvanna, soleil et poussière, invoque sa famille, les hommes, sa mère, et la mort… Personnage allégorique et évanescent, elle revêt différents aspects : à partir de ses états successifs, son chant s’ouvre, se ferme, s’amplifie, se rétracte, se fait joyeux ou funèbre. Avilir les ténèbres explore ainsi la violence liée au genre, sur fond de dogmatisme religieux et des normes liberticides dans les sociétés dites modernes. Partant de faits réels et pas moins divers, cette pièce traite ces problématiques à travers une dramaturgie chorale, éclairée par la poésie. C’est un vœu d’insolence, une lanterne au secours des esprits qui sombrent dans les enclaves, tentative de brandir un soleil au pays des ombres par excellence.
À propos
Yvana n’est plus. Sa mort met fin à une vie soumise aux oppressions humaines et religieuses durant toute son existence, elle respectera la loi de Dieu et subira les violences qui en résultent sans en avoir conscience. Enceinte, elle sera forcée de se marier à un homme brutal qui malgré une séparation ne cessera jamais de la harceler. Le lendemain d’une dispute plus orageuse que jamais, alors qu’elle discutait avec sa voisine, elle s’évanouira et ne se réveillera plus jamais.
Avilir les ténèbres donne la parole à Yvana. Une parole ultime brandie comme une arme pour raconter son histoire de femme. Sa voix se démultiplie et alors que la mort rôde, dans un dernier souffle, Yvana Soleil et Yvana Poussière se racontent par bribes. Ce long poème écrit pour être joué est l’œuvre d’un poète qui veut le rester. Son texte au souffle puissant nous ramène ainsi à l’enfance du théâtre en s’affranchissant de tous les codes classiques du genre. Sa parole devient chair. Son chant poétique puissant insuffle une nouvelle vie à toutes les Yvana de ce monde et leur rend enfin justice.
Une invitation à l’écriture théâtrale est faite à tous et à toutes, les responsables de « Edisyon Chimen » sont prêts à recevoir de nouveaux textes et à les publier. Cette rubrique présentera l’un après l’autre les douze textes des nouvelles dramaturgies : le résumé (la trame) et une critique (à propos) de chaque texte.
Edith Bertholet et Isabelle Collardne
