France Medeley Guillou : du sang neuf dans le théâtre des «Nouvelles Dramaturgies d’Haïti»

0
1436

Cette anthologie de 12 textes dramatiques est une publication soutenue par AROCH et OIF, coordonnée par Guy Régis Jr et publiée par Edisyon Chimen. Chimen, de l’Association Quatre Chemins en collaboration avec la compagnie Nous théâtre, créée dans l’objectif d’offrir un espace de diffusion et de publication aux dramaturges haïtiens. Cette publication, regroupant douze textes dramaturgiques (de 6 autrices/6 auteurs) dont deux sont en créole, sera disponible dans toutes les bibliothèques en Haïti ainsi que dans plusieurs pays francophones. « Gouvernance » de la dramaturge haïtienne France Medeley Guillou est le troisième texte du premier tome. Découvrons ensemble le résumé (la trame) et la présentation (l’à-propos) de ce texte.


Trame
Dans un pays, une ville, une famille, au milieu d’une foule ou de voix, un
père Zaël, une mère, Iza, et un fils, Djobolo, qui n’a pu naître. Djobolo un
même inachevé revient à la conquête de son âme. Son père Zaël a préféré la
gouvernance à son fils. Iza la mère de Djobolo payera elle aussi de son sang
son opposition à Zaël pour défendre son fils. Zaël revendique son droit de
gouverner seul contre tous, y compris sa famille.
Gouvernance résonne dans un chaos où l’intime et le politique font corps.
Sous l’œil du peuple qui forme un chœur, pour dire ses espérances.

À propos
« Gouverner c’est prévoir » cette maxime attribuée à Adolphe Thiers laisse
penser que la gouvernance est essentielle à une vie sociale pour l’humanité
avant que nous n’arrivions au pays des sans chapeau !!!
Mais qu’est-ce que la gouvernance sinon un processus de décisions, par lequel
ceux qui ont l’autorité passent pour diriger un collectif.


Dans la famille aussi, la gouvernance est de mise.


Dans celle que nous présente France Medley Guillou, à qui reviendra cette
gouvernance avec un père qui est dans la tourmente et autour de lui une mère
qui est dans le désarroi, un fils qui erre faute d’avoir pu naître ?
« Le rire des enfants, la douleur des enfants c’est ce qu’il y a de plus fort dans
le monde » de Jacques Prévert.


C’est en réalité un voyage dans le chaos que nous propose l’autrice.
De ce chaos se dégage l’énergie du désespoir chez la mère, l’énergie de la
terreur pour le père, mais aussi celle du génie incarné par le fils ou peut-être
une fille, qui porte la rébellion, attise la révolte et qui revient à la conquête de son âme.
Cet enfant est entre esprit pur et corps inachevé, une âme !
Alors que l’existence reste limitée aux frontières de l’individu, l’âme s’inscrit
dans la pureté de l’esprit à laquelle elle s’unit étroitement.


L’âme est donc libre de ses actes.


Une âme humaine qui sous la plume de France Medley Guillou devient une
conscience rebelle et créatrice de pouvoir qui puise son génie dans le chaos
provoqué par les Hommes.


Si on identifie les rôles et les responsabilités de chacun c’est avec la foule, le
peuple, qui fait chœur et corps que peut s’envisager de changer les choses.
Tel est le message de cet enfant qui erre en âme faute de n’avoir pu naître.
France Medley Guillou nous parle d’un pays où la gouvernance est remplacée
par le dictat des hommes, un pays où les institutions ne se comportent pas en
bon père de famille. Un pays où la résistance et la mémoire sont des « armes
miraculeuses » dont le peuple doit se saisir pour reprendre le chemin de la
liberté.


Il y a sans doute une référence à Francketienne, car dans les dialogues des
personnages, l’instabilité, le glissement et la contradiction sont de l’ordre du
chaos social et personnel, mais dans l’action on tourne, non pas en rond, mais
pour s’en extirper et y ajouter de la valeur et sortir de soi-même.

 


Bernard Gaëtan Lagier

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES