Luttes sociale et économique dans La guerre des cerfs-volants

« D’ailleurs, parce que le vent, comme on dit, n’est pas à la poésie, ce n’est pas un motif pour que la poésie ne prenne pas son envol. Tout au contraire des vaisseaux, les oiseaux ne volent bien que contre le vent. Or la poésie tient de l’oiseau » (Victor Hugo) cité par l’auteur.

Dans cet article je me propose de démontrer les concepts de luttes sociales et économiques que représentent les cerfs-volants que montent les petits pendant la période de grandes manifestations religieuses de Vendredi Saint en Haïti. Si les cerfs-volants en tant qu’objets de distraction sociale dans un espace culturel et géographique pour les enfants, jouent un rôle fondamental dans leurs relations avec les autres, les symboles qu’ils représentent sont loin d’être neutres, dans la mesure où leur construction même et leur présence, expriment une certaine manifestation de pouvoir économique, politique et social.

C’est du moins, ce que nous aurons à démontrer dans notre analyse.

Dès le premier passage que je considère comme l’introduction du livre, le problème est déjà posé à travers les différentes catégories sociales symbolisées par leurs couleurs, leurs formes respectives et les éléments qui les composent. (Je veux parler des cerfs-volants)  Le paragraphe suivant illustre bien cette assertion :

« Entre-temps, arrivent d’autres cerfs-volants : losanges éclatants de couleurs, carrés habillés de satin, étoiles à cinq, ou six branches, aigles aux ailes imposantes qui s’arquent au vent, gros papillons aux ailes soyeuses caressant la face invisible de l’air. Mais c’est le vol inaugural des ailes delta acrobatiques aux nuances subtiles de bleu et vert qui procure une source infinie de plaisirs aux enfants. C’est comme si le ciel surplombant le parc était un beau quartier et qu’ils y étaient les maîtres. Debout près des arbustes ou groupés à l’ombre des arbres, les gamins regardent en contre-plongée les “enbonbe” » (Page 10)

Des cerfs-volants pour traduire les catégories sociales de l’île

Ce paragraphe que nous venons de citer, nous met en présence de presque toutes les catégories sociales de l’île. Les formes et « apparats » que revêtent certains cerfs-volants décrivent la condition socio-économique des gamins qui confectionnent ou bien qui achètent ces jolis jouets. Car, on peut bien les identifier chacun par leurs caractéristiques précises. Combien de gens en Haïti dont les parents ont vraiment la possibilité ou les moyens de leur donner des cerfs-volants décrits plus haut, c’est-à-dire « carrés habillés de satin » (Page 10). Sauf des privilégiés qui ont le pouvoir et les moyens de s’adonner à de tels luxes. À ce niveau-là, pour eux, ces objets aériens, loin d’être considérés comme de simples distractions et de plaisirs (normaux dans une société ‘‘normale’’), deviennent en revanche, un moyen de s’exhiber, de se montrer de se différencier par rapport aux autres. Dès lors, on admettra : « Dis-moi quels cerfs-volants tu montes dans le ciel, je te dirai à quelle classe sociale tu appartiens ». Quand on connait la condition terrible et infrahumaine dans laquelle évolue la majorité de la population d’Haïti, au lieu d’investir leur argent à la confection de ces matériels de luxe, l’achat de produits de première nécessité, semble être leur choix principal. Seuls les « gamins » des classes aisées pourraient habiller le ciel de ces oiseaux multicolores. Alors, les pauvres n’ont qu’une seule « échappatoire » que de confectionner leurs « enbonbe », moins coûteux et beaucoup plus facile à réaliser. (Nous aurons à développer cet aspect un peu plus loin.) Comme l’affirme Fisher E. Lavell dans « Beyond Charity: Social Class and Classism in Counselling…»: « Social class affects lifestyle, resources, and attitudes, with folks from non dominant classes suffering classist stigma and stereotyping» (Fisher 237)[1]

Le texte de Fisher explique sans la moindre ambiguïté ce que nous essayons de démontrer dans cet article. La position de classe des gens influence beaucoup leur genre de vie, et la façon dont ils appréhendent et comprennent l’autre qui n’est pas de la même condition sociale et économique que lui. Comme nous l’avons mentionné précédemment, le fait par certains de posséder des cerfs-volants très beaux, et très coûteux, avec des ailes qui les différencient de ceux-là qui possèdent des « enbonbe », c’est-à-dire des cerfs-volants de rien du tout construits avec des feuilles de papier détachées des cahiers scolaires ou des déchets de la blanchisserie du coin, montre de manière éloquente leur différenciation sociale et économique. (Sachez ici, que les notions d’enbonbe et de grandou que nous verrons plus loin, constituent des éléments métaphoriques qui articulent la vraie réalité quotidienne à laquelle les démunis se trouvent confrontés). Car, effectivement, la classe sociale affecte le style de vie, les ressources, les attitudes vis-à-vis des gens appartenant aux classes non-dominantes qui souffrent des stigmas de classe et des stéréotypes. (Fisher) (Ma traduction)

Cet espace social symbolique

Et si on lit le texte avec attention, on verra qu’il se livre dans cet espace social symbolique qu’est le ciel ou l’air), un véritable combat et de lutte de pouvoir socio- économique.

Le passage suivant introduit la couche la plus défavorisée de cet espace social symbolique :

« Modestes petits cerfs-volants ultra légers, ils sont découpés dans des feuilles de cahier d’écolier. Les ‘‘en deux bois’’. Quant à eux, sont recouverts de plastique récupéré à la blanchisserie du quartier. Des mains maigrichonnes venant des bidonvilles accrochés aux flancs des collines proches tentent bien que mal de les faire décoller. » (P. 10-11)

Cette citation décrit clairement la pénible condition de ces « mains maigrichonnes venant des bidonvilles ». Cette description physique montre l’état de délabrement et de manque d’attention que les pauvres des pays sous-développés dont les gouvernements ne font qu’abêtir, connaissent. Ces mains squelettiques qui connaissent toutes les misères du monde, à force de souffrir de malnutrition et de manque d’énergie, ne peuvent même pas lancer dans l’air cette seule et unique distraction que la société leur offre. Alors, en y pensant profondément, que pourraient faire réellement ces enfants pour aider, non seulement ces faibles « enbonbe » à décoller, à se propulser et à « dekole » comme le dit la chanson ? [2] Car, le terme décoller « dekole » ici, nous pensons, à une double signification. C’est d’abord diriger/ propulser cet objet vers le ciel pour sa propre satisfaction et son propre plaisir. Et l’autre c’est un sens purement métaphorique ayant rapport au pays lui-même, au devoir de chaque citoyen et de chaque citoyenne envers lui, l’énergie qu’a tout citoyen et toute citoyenne de faire monter bien haut ce cerf-volant, (le pays) C’est du moins notre propre interprétation. 

Le chapitre sur le GRANDOU – qui sonne GRANDON – à nos oreilles. Ceux-là ou celles-là, qui ont grandi en Haïti, connaissent le pouvoir des « Grandou » sur les « enbonbe », variétés que nous avons déjà décrites dans les pages précédentes. C’est cette disparité sociale que représentent, comme nous l’avons démontré précédemment, du moins de manière symbolique, ces différents petits/grands objets « aériens ». Ce grandon est décrit de cette façon :

« Les oreilles en feuille de chou, l’œil torve, Thompson Thomas, un adolescent de seize ans faisant plus vieux que son âge – regarde ce ballet aérien. Il est impressionné par les ailes delta exécutant des loopings et d’autres figures acrobatiques extraordinaires. Il ne voit pas l’ombre d’un cerf-volant qu’il a fabriqué dans l’atelier du Club des Chevaliers de Haut Vent pointer à l’horizon. D’où sortent tous ces cerfs-volants qui paradent ? », se demande-t-il, pensif. Ses yeux ne peuvent se détacher de ce bonheur ailé qui se déploie entre ciel et terre. Pendant de longues minutes, Thompson regarde les cerfs-volants se trémousser dans la ronde du vent et sautiller de joie dans leurs robes arc-en-ciel. Souples, leurs ailes frétillent, autant que leurs longues queues. » (P. 15)  

On comprend bien l’excitation et le contentement de Thomas face à cette merveille aérienne qu’il n’avait pas connue avant – il ne saurait la connaitre – compte tenu de sa situation socio-économique. Il est là pour applaudir, comme on dit. Il est là pour contempler et acclamer les merveilles de ceux-là qui possèdent la majeure partie des biens de la cité. C’est ce qu’exprime d’ailleurs ce spectacle oculaire. Et pourtant Thomas n’est pas un néophyte en la matière, c’est un faiseur de cerfs-volants, mais pas ceux qu’il voit dans le ciel. Ces bijoux sont d’une autre catégorie. C’est pour les gens aisés. On n’a qu’à les regarder qui dansent dans le ciel pour comprendre le message qu’ils transmettent à Thomas et autres enfants défavorisés de la ville. Ils sont là pour admirer et applaudir, dis-je. Comme je l’ai mentionné tout au début de ce texte, la présence de ce beau spectacle « céleste », n’est pas du tout un acte gratuit, il traduit, si l’on sait aller au-delà de la simple apparence, une réalité profonde ancrée dans l’histoire même de l’espace haïtien.   

Décryptage du sens caché dans cet ouvrage

Léon François Hoffmann, dans Histoire littéraire de la francophonie : Littérature d’Haïti, articule bien ce que nous essayons de prouver :

« La classe dominante, estimée a un peu moins de dix pour cent de la population, se divise à son tour en ‘’ bourgeoisie’’ et en ‘’classes moyennes’’. Tout comme les anciennes aristocraties européennes, la bourgeoisie ‘’ traditionnelle […], composée de famille dont les privilèges ont été acquis aux lendemains de l’indépendance, se réserve le prestige social, même lorsqu’elle est obligée de partager le pouvoir et ses prébendes avec les ‘’classes moyennes’’, en majorité noires. Ces dernières rappelleraient les bourgeoisies européennes de jadis, non seulement par leur désir d’accéder aux postes de commande, mais par leur admiration et leur ressentiment envers l’aristocratie, et leur amertume devant la discrimination sociale dont elles sont plus ou moins ouvertement victimes de sa part » (Hoffmann P. 31)

Comme je l’ai mentionné plus haut, Hoffmann exprime clairement l’idée que j’essaie de faire passer dans ce travail d’analyse du texte intitulé « La guerre des cerfs-volants » de Claude Bernard Sérant. Lequel texte, nous pensons n’est pas du tout gratuit, dans la mesure où il approche, à sa manière, une réalité que vivent non seulement des Haïtiens, mais aussi beaucoup de citoyens évoluant dans une société où les biens de consommation sont accaparés par un petit groupe de privilégiés.  À ce compte, l’œuvre d’art, si neutre qu’elle puisse paraitre à première vue, a un sens caché et apparemment inavoué qui demande d’être décrypté.      

Thompson Thomas, fils d’Adner Thomas, ancien cerf-voliste, se rendant bien compte de nouveaux enjeux et de la nouvelle réalité qui entourent ces jeux, se prépare et s’apprête à y faire face :

« Thompson, […] avait transformé le ciel en un champ de bataille cruel qui saignait les cœurs. Il n’avait pas l’amitié cordiale de son père pour les cerfs-volistes. Aussi donnait-il libre cours à sa jalousie envers ceux qui pilotaient de magnifiques engins volants dans le parc.

Perché sur la terrasse de sa maison qui domine tout le quartier, une bâtisse grise, poussiéreuse, reflétant l’image des âmes en peine, Thompson jette un regard noir au spectacle du ciel. À ses pieds, un remarquable ‘’grandou’’ hexagonal, cerf-volant tueur, vieux de trois ans, qu’il a fabriqué de ses propres mains. Chaque année, à pareille époque, l’hexagone s’agite comme un taureau gardé en laisse et efface tous les cerfs-volants qui ne portent pas la marque de fabrication du club des Chevaliers de Haut Vent qu’il trouve sur son passage lorsqu’il monte à l’assaut, on l’entend mugir:

-         Mhouou!Mhouou! Ceux qui ne sont pas des nôtres. Hors de ma vue. »(P. P. 16)

On est en présence ici d’une vraie lutte de classe. D’un vrai combat terrible entre deux factions soi-disant rivales. Thompson l’exprime avec beaucoup d’éloquence : ceux qui ne portent pas sa marque de fabrique, qui ne font pas partie de son univers socio-économique doivent partir. Notre personnage ne fait pas partie de la classe privilégiée ; sa maison est décrite comme « une bâtisse grise, poussiéreuse, reflétant l’image des âmes en peine » (p. 16). On ne peut être plus clair, Thompson appartient à la couche défavorisée de la société haïtienne. Et de fait, il ne possède pas les moyens de se confectionner de jolis petits bijoux chaque année. Si bien qu’il se fabrique lui-même son « grandou ». Et celui-ci date de trois ans. Et pour cause ! « À ses pieds, un remarquable ‘‘grandou’’ hexagonal, cerf-volant tueur, vieux de trois ans, qu’il a fabriqué de ses propres mains. Là, on comprend aisément ce qui pousse notre personnage à vouloir livrer un combat sans merci aux autres engins aériens, produits d’une certaine catégorie sociale, qui l’empêchent de « jouir » de son cerf-volant, ce simple objet de plaisir auquel la quasi-totalité des enfants du monde rêve. L’action de Thompson reflète son esprit combatif vis-à-vis de la couche socio-économique à laquelle il a l’air de s’identifier. Tout compte fait il faut que quelqu’un lève le petit doigt pour dire assez ! C’est ce qu’il tente de faire, je suppose. Dans son livre déjà cité intitulé « Littérature d’Haïti », Hoffmann stipule « Analystes haïtiens et étrangers s’accordent : la caractéristique générale la plus frappante des œuvres littéraires haïtiennes est d’être […] engagées au service d’une cause, plus précisément de se vouloir contribution au mieux-être du pays […]’’ (43). Depuis l’indépendance, les écrivains haïtiens, il faut le remarquer ont toujours inscrit leurs œuvres dans une perspective de revendication sociale et politique. Comme le signale Hoffmann dans son essai. Le livre « La guerre des cerfs-volants » ne devrait faire exception, bien que « camouflé » dans des jeux apparemment infantiles.   

Le combat se poursuit, ceci parmi des groupes rivaux qui sont censés appartenir à la même couche sociale. Et le narrateur semble faire la leçon à une population qui a l’air d’avoir perdu la mémoire :

« Marguerite finit par admettre qu’il fallait laisser le champ libre à Thompson qui ne connaissait que le langage de la force. En effet, ce dernier, adepte d’acrobaties et de combats aériens, tout comme les chevaliers de ce club de cerfs-volistes, considérait la guerre comme un passe-temps.

-         Depuis trois ans, nous apprenons la même leçon. Nous commettons les mêmes erreurs. Sommes-nous tous amnésiques ?

-         On ne vole pas impunément à la barbe d’un grandou piloté par un adepte du Club quand on est un petit kap.

-         Ce n’est pas prudent de continuer à parader comme le fait Etienne là-bas, pour épater Julie, la fille de la boutiquière, dit Marguerite d’un air moqueur. » (P. 36)

L’on n’a pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que le narrateur, quitte un peu le domaine purement littérature pour enfants, c’est-dire un discours neutre et apparemment simple, pour faire une critique sociale « faussement » implicite. C’est à peu près comme Jean de La Fontaine « qui se sert des animaux pour instruire les hommes ». Claude Bernard Sérant, lui, se sert des cerfs-volants pour la même raison. Le narrateur veut faire comprendre au petit peuple qu’il faut bien faire attention quand on a affaire à un géant qui se nomme grandou. Beaucoup de choses pourraient bien se passer. Ce Grandou face au petit kap, ne serait-il pas similaire au « Loup et l’agneau » de la Fontaine ? (Simple parenthèse.)    

Dans une société où les conflits de classe sont visibles, les plus faibles ne doivent-ils pas se solidariser pour faire balancer le système ? C’est du moins la question que nous nous posons en écrivant cet article.

Un combat entre des gens de même catégorie sociale se poursuit entre Elie cette fois et Thomas :

 « - Mais pourquoi cette guerre ? proteste Elie.

-         On ne fait pas la guerre pour remporter la victoire.

-         Alors pourquoi ? insista Elie.

-         Dis aux enfants d’acheter mes cerfs-volants et je t’assure qu’il n’y aura plus de guerre, plus de douleur, plus de grincements de dents dans le parc.

-         Toutes les choses venant de ton club nous répugnent, répliqua Elie. Rien qu’à regarder ton grandou, je sens des boutons me pousser sur le visage. Nous préférons les beaux cerfs-volants que fabrique Etienne. » (P. 45)         

Ce dialogue entre les garçons du même quartier qui sont censés avoir les mêmes intérêts, traduit un malaise qui traverse souvent tout le corps social haïtien. Alors des conflits claniques sans cesse croissants constituent la base même de l’état de délabrement du pays. Ce texte de Sérant résume, de manière éloquente ce phénomène. Et ce déchirement ne fait que s’accentuer quand on voit le comportement de Thompson vis-à-vis de ses supposés rivaux :

« - Ah ! C’est Etienne qui s’empare de mes clients ? va lui dire de se préparer à m’affronter.

-          Et toi, prépare un cercueil pour ton grandou, je vais le démolir. »

« Juché à son poste, le visage tordu par une grimace, pour toute réponse, Thompson hurla un ordre : Dieumaitre, ouvre la barrière ! Lâche les chiens !!! » (P. 45)

Malheureusement Thompson a échoué.  Sa perfidie ‘‘a porté fruit’’

« Pendant que les enfants, du côté du parc, célébraient leur exploit, le vent, tourbillonnant toujours, se dirigeait vers la terrasse de l’immeuble ou Thompson vaincu, allait se retirer. Les yeux brillants de fureur, il montre les dents :

-         Ils m’ont eu, ces petits morveux ! je vais faire un massacre ! Je vais appeler cinq têtes brûlées du Club des Chevaliers de Haut Vent pour venir à bout de ces morveux ! Je vais déchaîner une tornade ! ce sera une vraie tornade dans l’espace. » (79)

Thompson qui pensait qu’il allait gagner la bataille, se trouve vaincu de sa témérité.

« Il n’avait pas achevé sa phrase qu’il voyait foncer sur lui un tourbillonnement d’ombres de la mort à une vitesse phénoménale. Instantanément il s’agrippa à un pilier du troisième étage de la maison. Le vent rugissait et mettait en lambeau la plate-forme : toits, fenêtres, portes, tables, fauteuils, lits, batteries de cuisine, chaussures, balais… se volatilisaient.

Une queue de maelström fouettait littéralement Thompson, pendant huit secondes qui semblèrent durer une éternité, il crut être aspiré pas la bouche de l’enfer. La nouvelle avait fait le tour du quartier : « Thompson a été fouetté par la queue du vent. » (P. 79-80)

Thompson, croyant qu’il possédait tous les pouvoirs et toutes les forces de l’univers, s’est littéralement trompé. Il est victime d’une force beaucoup plus puissante que lui : une force naturelle pareille à un terrible cyclone. Thompson finit par comprendre que « Dèyè mòn gen mòn ». 

Une note d’harmonie pour le bien-être social

Le texte se termine sur une note positive où « tous les enfants, même ceux qui, comme Elie, avaient perdu injustement leurs cerfs-volants dans la bataille, participaient au jeu. Ils réussissent des expériences nouvelles, en toute tranquillité, avec des engins revêtus du titre glorieux de héros » (P. 83)

Le narrateur semble donner une leçon à ceux-là ou celles-là qui dirigent la destinée de cette nation (sachez que tout au début de cette analyse, nous avons souligné le côté métaphorique et symbolique du texte). Même si tout le corps de l’histoire est émaillé de concepts exprimant la discorde et de haine contre l’autre, la conclusion semble dire à toutes les couches de la population qu’il est temps de jeter les armes et faire la paix. Les divisions et des luttes intestines ne pourront que reléguer cette île au niveau le plus abject qui soit. Est-ce de l’utopie ou non ? Tous les Haïtiens et toutes les Haïtiennes (symbolisés en général par les cerfs-volants) arriveront-ils à dire un jour que « la vie vaut la peine d’être vécue ? » Et ceux ou celles qui possèdent les moyens de production et ceux-là qui gouvernent, arriveraient-ils à dire un jour que ce pays mérite d’accéder, enfin ! au développement de ses hommes et de ses femmes. Bref de ses ressources. Pour ce faire, il faut qu’il y ait un bon konbit, une prise de conscience collective entre ceux qui possèdent et ceux qui n’ont que leur force de travail. C’est du moins ce que j’ai cru comprendre dans le livre de Claude Bernard Sérant « La guerre des cerfs-volants ».   

Lochard Noël, PhD.

 

Bibliographie

E. Fisher Lavell. ‘‘Beyond Charity: Social Class and Classism in Counselling.’’  Revue canadienne de counseling et de psychothérapie. Athabasca University Press, vol. 48, no. 3, 2014 Pp.  231–250. Accédé 9 juillet 2021. Doi :  cjc-rcc.ucalgary.ca

Hoffmann, Léon-François. Histoire littéraire de la francophonie : Littérature d’Haïti. EDICEEF/ AUPELP, 1995.

 [1] La classe sociale affecte le style de vie, les ressources, les attitudes des gens appartenant aux classes non-dominantes qui souffrent des sigmas de classe et de stéréotypes. (Ma traduction)

[2] Voir ‘’ Dekole. JPERRY feat... Izolan et Shabba.’’( SHOWBIZHAITI)Mage Entertainment. Accédé le 3 juillet 2021.

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