Méfiez-vous, les clubs de strip-tease n’ont pas disparu avec la fin des années folles de la seconde moitié du siècle dernier. Les plus vieux se souviennent de certains, dont le fameux Byblos de Petion-ville. Depuis plusieurs décennies, le striptease est l'une des principales sources de revenus de plusieurs clubs en Haïti. Cette activité génère de confortables revenus pour ces boites de nuit qui ont compris qu’il faut aménager des espaces VIP bien tenus par des filles « professionnelles » qui prennent à cœur leur travail qui consiste à gâter leur clientèle.
Dans la majorité des clubs de strip-tease en Haïti, la partie VIP est souvent celle qui est réservée au strip-tease. Les femmes qui opèrent ne sont pas fait prier pour se déshabiller dans l'ultime but de satisfaire chaque client en les offrant du plaisir. « Je pratique ce métier depuis six ans. Il a fait de moi la femme accomplie et heureuse que je suis. J'ai le sentiment de faire le métier pour lequel je suis faite. Être strip-teaseuse est plus une affaire de plaisir que d'argent. Le fait de donner du plaisir à quelqu'un vous en procure en retour », explique Valencia qui se présente comme une professionnelle dans ce domaine.
Pour une soirée, une stripteaseuse peut rapporter jusqu'à 50 000 gourdes au club, voire plus. Elle ne fait pas que danser, mais accepte de se prostituer avec le client prêt à payer entre 2 500 à 5 000 gourdes la nuit. Le tarrif varie en fonction du jour et du club.
Pour Catalina, « strip-teaseuse par obligation », c'est l'un des métiers les plus rabaissants en Haïti. « Les gens qui sont directement bénéficiaires de cette pratique nous traitent comme des moins que rien. Nous sommes submergées de regards, de mots déplacés, de jugements sexistes. Certaine fois je n'ai qu'une envie, mourir. Mourir pour ne plus avoir à vivre ce genre de situation harassante. Mais pensant à ma fille qui n'a personne d'autre, je sèche mes larmes et je continue à me faire humilier pour sauver ma peau dans ce monde cruel. »
À noter que les clubs de strip-tease ne sont pas fréquentés que par des hommes. Les femmes aussi s'y rendent pour prendre du plaisir. Parfois, elles accompagnent leur mari et s’offrent du plaisir ensemble, que ce soit pour la danse ou des parties fines à trois ou plus...
« Faire du striptease est beaucoup plus que ce que l'on croit. C'est se connecter à la personne pour qui l'on danse, le garder concentré uniquement sur soi, travailler son imagination à travers ses mouvements tendres et légers. C'est avant tout une affaire de passion. Le strip-tease qui se fait pour l'argent est un commerce forcé. Il n'y a aucune plaisir à danser pour l'argent », explique Salma, ancienne strip-teaseuse et propriétaire d'un club.
Généralement, ces clubs spéciaux sont beaucoup plus fréquentés par des hommes mariés en quête de détente et d’aventures. Il leur arrive de faire des confidences aux filles lorsqu'ils sont mis en confiance.
Aujourd'hui, le striptease reste encore tabou même si sa pratique est bien populaire. Le soir, une fille peut-être stripteaseuse. Le jour, elle peut-être qui elle veut, sauf ce qu’elle est réellement. C'est une façon pour elles de protéger leur dignité face à une société recluse.
Loveliette Brianca Pierre
