Danse, danse Tisaintaniz !

L’Académie de danse RMT, du haut de ses 39 ans, a fait appel à toutes ses ressources pour présenter Tisaintaniz, l’une des œuvres cultes gravées dans le répertoire du grand audiencier haïtien Maurice A. Sixto Un spectacle a eu lieu au Karibe Convention Center le dimanche 19 juin 2022. Grâce notamment à la magie de la danse et de la musique en particulier, l’Académie RMT a porté sur scène la vie bouleversante de Tisaintaniz. Une sorte de réflexion sur l’enfance et la domesticité.

Aux allures de kermesse, avec des essaims de corps vibrants et des quêtes effrénées d’émotions, l’Académie RMT a restitué sur scène la vie de Tisaintaniz dans tout ce qu’elle a d’exceptionnelle et tout ce qu’elle a pu contenir de souffrances, de meurtrissures et de déceptions. L’histoire poignante de Tisaintaniz, cette fillette de neuf ans racontée par Maurice A. Sixto dans l’une de ses audiences, on l’a écouté mille et une fois. L’on s’en est toujours cependant bouleversé de frôler comme dans un corps à corps l’existence de cet enfant placé en domesticité et en qui la vie a déversé dans son cœur un immense torrent de tristesses et de désillusions. L’Académie de danse RMT s’en est appropriée de l’histoire. À travers des chorégraphies bien inspirées et travaillées et à l’aide des pas et des mouvements de ses danseurs tantôt en solo ou en groupe, elle a su trouver un moyen de permettre à Tisaintaniz de trouver le chemin menant à davantage d’amour, de respect, de tendresse et de compréhension.

Sur la scène du Karibe, plus précisément à la salle Acajou, un écran géant a été installé et dans lequel on diffusait par moments des images qui donnaient à regarder le village où vivait Tisaintaniz. Cette petite domestique qui menait une vie pénible pareil à un oiseau blessé ayant cassé ses ailes dans la nuit froide de l’hiver. Avec la voix de Wally Steven Laguerre qui a incarné Maurice A. Sixto sur scène, les spectateurs ont réécouté toute l’histoire de Tisaintaniz. Ils ont pu voir les différents personnages dont Samirah Rosarion (Tisaintaniz), Stevens Théo (la maman de Chantoutou), Mélia Maurice (Chantoutou), Wilson Pauléus (Robert) et consorts. Ensemble, ils ont plongé les spectateurs dans les coulisses de la danse classique, du hip-hop, du moderne et du jazz. La mise en scène de Tisaintaniz, les décors et les costumes, les chorégraphies où danseurs et danseuses respirent à l’unisson les mêmes frissons de l’âme à travers des gestes et des mouvements fluides, une façon de faire résonner les corps comme les notes d’une partition musicale. La musique, justement dans le spectacle Tisaintaniz, était assurée par les chanteurs Titi Congo qui s’est illustré dans « Guantanamera » de Celia Cruz, Rony Jolicoeur qui a séduit l’assistance avec sa toute nouvelle chanson » La ballade d’un enfant des rues » et la chanteuse Cynthia Lamy, accompagnée d’un chœur, a repris la chanson fétiche » Je chante avec toi liberté « de Nana Mouskouri.

Figure incontournable de la danse en Haïti, la chorégraphe Régine Mont – Rosier Jolicoeur a cette capacité d’atteindre par la danse ce qui ne peut être exprimé par des mots. Elle est fascinée par le monde par sa beauté comme par sa brutalité. C’est ce que a fait comprendre Gertrude Séjour de la Fondation Maurice Sixto dans ses propos de circonstance : « Rendre hommage à Maurice A. Sixto en utilisant son texte Tisaintaniz est une obligation patriotique, artistique, culturelle, littéraire et par-dessus tout citoyenne .(…) Sixto, ce barde de la littérature haïtienne fait de sa pensée une courroie de transmission pour un changement de comportement entre les générations passées et future et entre les différentes couches de notre société (..) Ainsi nous vous adressons nos plus sincères remerciements pour avoir partagé avec Régine ce grain de folie », a-t-elle expliqué.

 

Schultz Laurent Junior

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