Le premier incubateur dédié aux arts visuels en Haïti

La fondation AfricAmericA et ses partenaires ont mis en œuvre le premier incubateur dédié aux arts visuels en Haïti. Cette initiative va favoriser l’émergence, la consolidation et le développement des carrières des artistes bénéficiaires, une trentaine au total. Une journée de restitution des différents travaux a été organisée à IERAH le samedi 16 juillet dernier. Le public, venu en grand nombre, a apprécié les œuvres présentées par les artistes. Maksaens Denis, directeur de AfricAmericA explique aux lecteurs du journal Le National l’intérêt de ce premier incubateur dédié aux arts visuels en Haïti et son impact dans le secteur culturel et artistique haïtien.

Le National : La fondation AfriamericA a mis en œuvre le premier incubateur en Haïti dédié aux arts visuels pouvez vous présenter à nos lecteurs ce projet ?

Maksaens Denis : L’incubateur des Arts visuels est un projet de la Banque caribéenne de développement (CDB) basée à la Barbade qui est mis en œuvre dans le cadre du Fonds d’innovation pour les industries culturelles et créatives (CIIF).

La CDB s’est associée à AfricAmericA et ses partenaires IERAH et ADAAC pour l’exécution de ce premier incubateur destiné aux arts visuels en Haïti.

Il s’agissait d’un programme d’encadrement avec des formations conçues pour renforcer les capacités de trente artistes, 14 femmes et 16 hommes. Le curriculum prévoyait différents modules, cent quinze heures au total de formation dans un format hybride puisque nous avons eu des ateliers en présentiel et en ligne. Pour les cours en ligne il a été inscrit dans la genèse du projet de doter chaque participant.e d’une tablette avec un forfait internet pour leur faciliter l’accès à ces formations. La trentaine d’artistes sélectionnés par appel à candidature a bénéficié d’ateliers sur l’Histoire de l’art haïtien, les outils numériques, d’atelier pratique avec des suivis personnalisés. Le curriculum prévoyait également un cycle de conférences, 7 au total sur des sujets variés, des visites d’ateliers pour des échanges enrichissants et un atelier pratique de montage d’exposition.

C’était donc un agenda très riche qui est arrivé à terme et nous nous réjouissons de l’assiduité des bénéficiaires malgré les nombreux défis auxquels nous avons dû faire dans un contexte actuel aussi difficile, aussi compliqué.

LN: Comment se sont déroulées les différentes étapes de ce projet ?  Et comment elles ont été mises en œuvre ?

 MD: D’abord il y a eu l’appel à candidature de la CDB pour recruter les partenaires opérationnels du projet. La Fondation AfricAmericA a été retenue pour exécuter l’incubateur des arts visuels. Après signature de contrat avec la CDB, nous avons procédé à notre tour au recrutement des participants de l’incubateur par appel à candidatures ouvert. Nous avions reçu pas moins de 50 dossiers et 30 artistes on été sélectionnés selon un quota genre préétabli. Ainsi 14 artistes féminines et 16 artistes masculins ont été retenus pour prendre part au projet.

Le programme a ensuite débuté en mars de cette année avec les cours en ligne et en présentiel pour prendre fin à la fin de ce mois de juillet. Parallèlement, nous avions lancé exclusivement pour les 30 artistes deux concours : le prix féminin d’arts visuels et le prix artistique Georges Liautaud qui ont consacré 3 lauréats dans chaque catégorie le 16 juillet à IERAH lors de la cérémonie de clôture.

LN: Quel a été l’objectif du programme ?

MD: L’objectif du programme était de renforcer les capacités des artistes bénéficiaires. Permettre qu’ils puissent s’améliorer dans leurs pratiques, mais aussi et surtout s’adapter par rapport aux nouvelles technologies et avoir des notions sur l’entrepreneuriat.

LN: Quels  sont les artistes qui en avaient pris part ? Et y a-t-il d’autres personnalités qui s’y étaient impliquées ?

MD: Nous avons d’une part les artistes sélectionnés qui sont les bénéficiaires et le programme pédagogique faisait appel à différents artistes comme Tessa Mars, Mosa McNeilly, deux artistes plasticiennes de renommée internationale qui à elles seules ont assuré 21 heures au total de formation aux participants, nous avons fait appel à des maitres du fer découpé à Noailles pour du mentorat. Serge Jolimeau, Falaise Péralte, Jean Eddy Rémy, Ricoeur Bruno, plusieurs artistes ont assuré les conférences, dont Pascale Monnin, Élodie Barthélémy, Barbara Prézeau Stephenson, Josué Azor. Le Centre d’art a accueilli les participants pour sa journée découverte du mois de juin sur la branche Capoise de sa collection. Mario Benjamin et Malfalda Nicolas Mondestin ont fait visiter leurs ateliers et ont partagé leurs expériences.

D’autres personnalités sont intervenues, le doyen de IERAH, Sterlin Ulysse, Godson Antoine, Philippe Saint Cyr qui lui abordé l’entrepreneuriat et outil de business model avec un temps sur les Objectifs de Développement durable (ODD).

LN: Parlez-nous de la journée de clôture qui a eu lieu le 16 juillet à IERAH? Toutes vos attentes ont elles été comblées ?

MD: Les jours qui ont précédé le 16 étaient vraiment chauds et nous avons dû prendre des risques pour être prêts pour la clôture. Tout cela grâce à la détermination de l’équipe de management du projet et des artistes qui devraient participer au montage de l’exposition. Heureusement, tout s’est bien passé finalement. Le public est venu au rendez-vous et nous avons pu montrer le travail des artistes bénéficiaires de l’incubateur qui ont reçu ce jour-là leurs certificats et les résultats des deux concours ont été dévoilés.

LN : Quel sera l’impact de ce premier incubateur en Haïti dédié aux arts visuels ?

MD : C’est la première fois qu’un incubateur est consacré aux arts visuels en Haïti. Ça a été en quelque sorte un peu expérimental, mais nous avons su au sein d’AfricAmericA mettre à profit notre expertise afin de proposer dans le cadre de cet incubateur un accompagnement cohérent avec les réalités de ce marché en Haïti. Ce premier incubateur dédié aux arts visuels va favoriser l’émergence, la consolidation et le développement des carrières des artistes bénéficiaires.

Le National : Avez-vous un message particulier à faire passer ?

Maksaens Denis : AfricAmericA voudrait remercier tous ses partenaires la CDB, la FOKAL, IERAH, ADAAC, tous les enseignants, les mentors, les conférenciers et féliciter les participants et participantes de l’incubateur particulièrement les lauréates du Prix féminin d’arts visuels :  Marie Guerlande Balan (1ère lauréate) ; Youseline Vital (2e lauréate) ; Mireille Delisme (3e lauréate)

Et les gagnants du Prix artistique Georges Liautaud : Dubréus Lherisson (1er lauréat) ; Marie Guerlande Balan (2e lauréate); Mans Peter Cajuste & Jacques Obenson Bathard (3es lauréats ex æquo)

Propos recueillis par :

Schultz Laurent Junior

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