« Cosmopoétique, la symbolique païenne dans l’œuvre de René Depestre » est le tout dernier livre du professeur et essayiste Wilson Décembre. Dans cet ouvrage, Décembre, l’auteur, livre une analyse détaillée et approfondie sur l’orientation postmarxiste de l’écriture de Depestre,un écrivain majeur de la littérature contemporaine.
Wilson Décembre professeur adjoint d’études françaises et francophones à PeaceUniversity,NY, à Hunter College ainsi qu’à New York College ( City University of New York est détenteur d’une maîtrise en philosophie de l’Université Paris Sorbonne et d’un doctorat en études françaises et francophones de la City University of New York ( Graduate Center). Né à Jacmel ancien professeur de philosophie et de lettres au Centre Alcibiade Pommayrac de Jacmel,il a déjà publié chez l’Harmattan : « Vitalité et spiritualité :Apologie du rapport au monde afro – haïtien » un essai dans lequel il a analysé l’importance philosophique ,existentielle,sociale et artistique du vodou dans la culture haïtienne. D’autres textes de son cru ont été publiés aux Éditions Pulucia et à C3 Éditions notamment. En décembre 2021, Wilson Décembre a fait paraître : « Cosmopoétique la symbolique païenne dans l'œuvre de René Depestre » . Cet essai didactique et pédagogique de plus de trois cents pages livre une analyse détaillée sur l'orientation postmarxiste de l’écriture de René Depestre, un écrivain majeur de la littérature contemporaine.
Il s’agit en effet, pour l’auteur, de faire une lecture de l’œuvre intégrale de l’auteur de « Eros dans un train chinois » pour révéler ce qu’est son paganisme en suivant l'évolution de sa fonction et de sa signification à travers les « révolutions », les remises en question esthétiques et idéologiques qui déterminent le corpus depestrien, lit-on dans la quatrième de couverture.
Dans « Un Arc— en — ciel pour l’occident chrétien »,Décembre souligne que c’est une œuvre humaniste et païenne. Le poète entend réconcilier la part corrompue de l’humanité au vivant en général et à l’humain en particulier. Cette œuvre renferme un paradoxe que l’auteur met en lumière. Lequel paradoxe réside dans le rapport ambigu que le réquisitoire de Depestre entretient avec la doctrine chrétienne.
Dans le recueil de nouvelles « Alléluia pour une femme jardin » paru en 1981, l’auteur montre avec force détails que cette œuvre est écrite dans une écriture dionysiaque ,s’affranchit du carcan idéologique marxiste pour s’épanouir comme véritable célébration de la vie.(P196). Il a tout aussi expliqué que pour comprendre cet aspect fondamental du paganisme de l’auteur, il faudra d’abord comprendre le sens de la notion de dionysiaque chez Friedrich Nietzsche. « Alléluia pour une femme jardin » est dans une large mesure l’illustration fictionnelle de ce crédo païen.
Dans « Hadrianna dans tous mes rêves », Prix Renaudot 1988, il s’agit d’un mode d’appréhension de la réalité caractéristique du rapport au monde païen à travers lequel le « négatif » est toujours racheté par un « positif » qui,lui étant solidaire si ce n’est consubstantiel, ne constitue pas son contraire ontologique, mais la condition même de son existence.
Si les thématiques païennes sont bien présentes dans l’œuvre romanesque de Depestre, le lecteur retrouve ces mêmes thématiques dans sa poésie. Pour Wilson Décembre, René Depestre est poète parce qu’il est païen. Il est païen parce qu’il est poète. Les thématiques païennes constituent la substantifique moelle de l’œuvre poétique de René Depestre. Cette définition de la poésie semble témoigner du principe païen selon lequel l’humain est fils de la terre et qu’il doit de façon sensitive participer activement et à travers la créativité dans le processus complexe des manifestations naturelles qui elles mêmes constituent une création continue (…) (P34)
S’appuyant sur une bibliographie riche et diversifiée , Wilson Décembre permet aux lecteurs, dans son livre « Cosmopoétique la symbolique païenne dans l’œuvre de René Depestre », de mieux comprendre l’œuvre de cet auteur jacmélien plusieurs fois primé à l’étranger. Il rend l’œuvre de l’écrivain beaucoup plus familier et permet de mieux comprendre que Depestre est un être païen. Et ce paganisme se trouve aussi bien que dans son existence d’être humain que dans son œuvre artistique.
C’est un livre à lire pour mieux cheminer dans l’univers desperien.
Schultz Laurent Junior
