Témoignages, musiques et déclamations de textes pour un hommage posthume à Marie Antoinette Duclaire et Diego Charles

Un mois après l'assassinat crapuleux de la militante Marie Antoinette Duclaire « Netty »et du journaliste Diego Charles le 29 juin dernier, des amis, des proches des défunts et d'autres membres de la société civile se sont retrouvés au restaurant Yanvalou à Turgeau le samedi 31 juillet 2021. Cette activité était considérée comme un ultime hommage aux deux disparus.

Nombreux sont ceux qui ont répondu à l'appel de « MatrisLiberasyon » et du « Kolektifmounkiviktim sou gouvènmansila a » pour célébrer la vie de la militante Marie Antoinette Duclaire et du journaliste Diego Charles. Des photos grand format de Marie Antoinette Duclaireétaient accrochées au mur, Netty était vivante dans ses photos avec toute la luminosité de son sourire. Un sourire chaleureux et frais qui n'avait laissé personne indifférent. Il y avait aussi des photographies qui la montraient pensive sceptique, mais déterminée à la fois en ce qui concerne le combat qu'elle a mené pour une nouvelle Haïti engluée dans des crises sociopolitiques à répétition, la misère, la pauvreté et des actes d'enlèvement. Il y avait aussi des bougies allumées à même le sol, des arrangements floraux avec des rubans mauve, couleur de deuil, l'odeur de l'encens qui embaumait l'espace et une banderole sur laquelle est écrite en créole :« Netty et Diego,sannou p apkoule pou granmesi ».

Sous les regards des professeurs Victor Benoît et Camille Charlmersainsi que du musicien et ancien sénateur de la République d’Haïti Antonio Chéramy dit Don Kato,le programme présenté par LeguensonJulesaint a entremêlé chants, déclamations de textes et témoignages. Voilà l'essentiel de cet après-midi riche en émotion en mémoire des deux défunts Un air de deuil et de consternation flottait dans les lieux. L'écrivain LyonelTrouillot déclamait un poème aux accents lugubres et sombres. C'était un texte émouvant. Pour LyonelTrouillot, l'auteur du roman La Belle amour humaine, le contexte est assez évident. Le pouvoir en Haïti, selon lui, utilise le banditisme en Haïti comme arme politique dans le cadre d’une volonté de continuité. Mais la meilleure façon a-t-il renchéri de dire non à ce projet ce n'est pas de déserter le lieu de nos combats. Le combat sera long, a-t-il poursuivi. Nous devons nous battre sans sectarisme, a-t-il plaidé.

Les deux percussionnistes : Cisco et WeleleDoubout ont rendu aux défunts un hommage émouvant. Le son du tambour a retenti comme un appel au konbit, au rassemblement. Entre devoir de mémoire et devoir de justice, Rezofanm, dans une prestation, a mêlé chant et déclamations de textes. Cette association a évoqué l'esprit de Boukman,le prêtre vaudou de la cérémonie du Bois Caïman. Rezofanm a fait part de sa douleur à l'assistance lorsqu'elle avait appris la mort brutale de leur camarade Netty. « Nettypran 7 bal youn pou li,6 pou nou ,6 pou Ayiti. Se yongwodoulè pou noupoutetNettypa la » a déclaré une actrice de Rezofanm, reprenant un texte de l’auteure de Ochan pou gouyad. D'autres artistes tels que le diseur ChelsonErmoza, Farah Joseph, qui a interprété la chanson « Dèy » de Toto Bissainthe, Tamara Suffren, qui a revisité deux chansons du répertoire de Manno Charlemagne, et le chanteur à textes BIC,ont ont mêlé leurs voix pour Marie Antoinette DuclaireNetty et Diego Charles deux figures emblématiques de la jeunesse d'Haïti ainsi qu'une dizaine d'autres citoyens tués à Delmas 32 et à Christ Roi.

Schultz Laurent Junior

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES