The Woman King: un dramehistorique de Gina Prince-Bythewood

L’un des films tant attendus de la rentrée est enfin sur les écrans dans les salles obscures ; The Woman King joué par Viola Davis et Lashana Lynch. Ce drame historique époustouflant, dont le casting a retenu deux premiers rôles féminins,revisite en 126 m, une tranche d’histoire de la traite négrièretransatlantique.

On est aux environs de 1823 au Dahomey, royaume d’Afrique de l’Ouest se situant à l’emplacement du Bénin actuel. Pendant près de 300 ans, une armée composée de femmes dénommée Agojie assurait la sécurité du pays, du fait que victime des conflits avec les pays voisins et de la traite des esclaves, la population masculine déclinait énormément. La mémoire de ces femmes redoutables et légendaires est tombée aux oubliettes de l’histoire, malgré le fait qu’au XIXe siècle encore elles étaient mobilisées sur les champs de bataille en Afrique.

 

Ce bataillon d’Amazones qui marchait de victoire en victoire est commandé par la généraleNanisca, personnage porté avec succès par l’Étatsunienne Viola Davis avec la force et l’intensité qu’on lui connaît. Elle est assistée de l’Anglaise Lashana Lynch et de la Britannico-Ougandaise Sheila Atim, dans sa mission de former cette nouvelle génération de guerrières pour la bataille contre les Oyos ; un royaume rival auquel le peuple du Dahomey doit payer des tributs réguliers. Et parmi ces nouvelles recrues, ThusoMbedu (Sud-Africaine) qui va poser sa marque sur toute la trame de l’histoire. Il aurait fallu de peu pour que son personnage ne l’emportât sur le premier rôle. Derrière, d’autres personnages non moins importants, comme cette reine remarquable par sa condescendance, le roi Ghezoincarné par le Britannique John Boyega se sont montrés à la hauteur.

 

Le film se singularise d’abord à travers son éclairage, son casting, ses costumes et la réussite des chorégraphies dans les combats féroces, à l’arme blanche et au corps à corps, d’où se dégage une puissance brute et sauvage du réalisme, rarement réussi ces derniers temps. La musique, faite sur mesure. La vérité historique n’a pas été trop violentée. Malgré les remords exprimés, le Dahomey glorifié pour ses Amazones et sa culture. Entre les images on peut comprendre que ce royaume fut l’un des centres majeurs de la traite des esclaves, conduite par les Portugais et les Brésiliens.

 

Par momentsThe Woman King rappelle un peu Black Panther, sans doute parce que les Agojies avaient servi de modèles pour l’armée d’Amazone de ce film. Est-ce un clin d’œil, un crédit ou tout simplement du fait que les deux longs métrages ont puisé dans la même veine. Malgré la diversité des accents parfois à la limite de l’incompréhensible des actrices et acteurs, venus (es) d’horizons divers, le fil conducteur a tenu bon.

 

Même en assumant certains faux pas,The Woman King semble ouvrir des possibilités. Sa force réside dans la nouveauté de l’image. Oser mettre en scène le récit de ces guerrières noires même d’un autre temps est en soi subversif. En cela, le film remet au premier plan le féminisme, joue sur les cordes de l’honneur, de la dignité, de la justice et de la fierté, en renforçant la nécessité de sauvegarder ou tout simplement de préserver les manières de vivre, les cultures des peuples.

 

The Woman King va faire tache d’huile du fait que c’est un très beau film, qui tente avec succès de mettre en avant la culture oubliée d’un peuple africain. L’histoire est inspirée d’un moment de l’histoire, mais non une représentation fidèle d’une époque révolue. C’est une mise en garde dont on doit tenir compte pour pouvoir apprécier ce film à sa juste valeur, en évitant de tomber dans des travers ridicules.

 

Prince Guetjens

Critique NY.

 

 

 

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