Carimi: le dernier concert de Mikaben à Paris !

Drapeau au cou, mission certainement bien accomplie, l’artiste Michael Benjamin laisse la scène avec toutes les ovations de ses pairs et du public, pour entrer dans l'éternité, le samedi 15 octobre 2022. Une étoile s’est éteinte. On a attendu un bon moment, avant la confirmation de la mort de Mikaben.

Devant plus de dix mille spectateurs, en dehors des milliers d’internautes qui suivaient sur les réseaux sociaux,  un peu partout à travers le monde, le groupe Carimi allait confirmer son retour sur scène après plus de six ans d’absence. L’artiste Michael Benjamin (Mikaben), un fidèle collaborateur du  trio Carlo Vieux, Richard Cavé et Michael Guirand était invité de la partie, pour apporter son souffle artistique dans cette belle célébration musicale tenue à l’Accor Arena. Sans l'accord du public, Mikaben est parti à jamais.

 

Des soupirs, des cris et des crises ont suivi l'annonce de Mickael Guirand invitant le public à libérer la salle, tout en les invitant à prier pour Mika. Sur les réseaux sociaux, des milliers de fans se questionnent et discutent, jusqu’à inventer toutes les causes et les motifs pour justifier la chute de l’artiste, et la confirmation de sa mort qui allait suivre dans les minutes et heures qui suivaient. Ainsi Mikaben ouvrait la voie à tous les hommages au pays du « Mourir est beau ». « Ayiti se » demeurera le plus bel hommage de l’artiste à sa terre natale.

 

Désormais, on devra se contenter des images et des souvenirs de Michael Benjamin. L'héritage musical de Mikaben a été très riche, en termes de compositions et d’interprétations, de créations, d’animation, d’implication et de contribution. Plus que jamais, le pays doit remercier autant Mikaben que ses parents dont il a été le produit, le fruit des années de sacrifices et des investissements.

 

Il y a nécessité de prendre en compte les droits d’auteur liés àl’œuvre de Michael Benjamin. À la famille, à sa femme et ses enfants, qui sont les principaux héritiers de l’artiste,  les vrais amis et les anciens collaborateurs fidèles, autant que les entreprises partenaires du défunt devront penser à garantir une meilleure rétribution des actifs de l’héritage culturel et symbolique de Mika. Ce produit culturel que l’on va continuer à exploiter dans les médias et sur les réseaux sociaux.  

 

Depuis 1999, Michael Benjamin a fait un pas de plus, en choisissant de suivre la voie de son père, avec l'interprétation de « Nwèltristès ». Et depuis, contrairement à beaucoup d’artistes enfants de musiciens célèbres en Haïti, qui cherchent à utiliser le capital culturel de leur parent comme levier, Mikaben a plus que jamais confirmé son talent, sa créativité, et son autorité dans les industries musicales haïtiennes. Entre la guitare et le piano, son micro, et pratiquement dans tous les shows, et sur le parcours du carnaval national, il s’est toujours imposé.

 

Deux décennies, dans la carrière de Mikaben, bien remplies,ajoutées aux vingt et une autres années de sa vie se sont désormais accrochées aux 41 ans de l’artiste. Mikaben figure parmi les rares jeunes artistes et musiciens qui affirmentleur amour pour la patrie, et son respect pour sa culture, ses ancêtres, sa patrie, sa langue maternelle et le Vodou.

 

Dans quelques semaines, et certainement dans douze mois, en particulier à la mi-octobre 2023, on va devoir commémorer le premier anniversaire du retour de Carimi, et en particulier de l’anniversaire de la mort de Mikaben. Comme tous les autres grands artistes et les grands noms de la musique haïtienne, le public et les vrais amis de Mikaben vont peut-être s’inscrire dans la suite des hommages occasionnels et éphémères, sans jamais penser à immortaliser les créateurs haïtiens et leurs œuvres, dans un espace digne de leur contribution, comme une véritable place des artistes, un monument prestigieux ou un musée de la musique haïtienne.

 

Dominique Domerçant

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