L’exception Mikaben !

Dans plusieurs villes du pays, des manifestations d’hommage ont été organisées dans une démarche très inspirante et valorisante pour saluer le passage de Michael Benjamin. Dans la capitale, comme dans les villes de province et au sein de la diaspora, des bougies, des images imprimées et des portraits artistiques réalisés ont servi à animer ces marches, ces réunions et rassemblements aux Cayes, au Cap-Haïtien, Jacmel, Léogâne, le quartier de MiKaben, en France, à New York, en Floride, entre autres.

Devoir de mémoire. Mikaben est célébrée tant dans son champ professionnel la musique et les arts de la scène, et bien évidemment dans les arts plastiques et visuels, entre les graffitis sur les murs, les portraits au crayon et d’autres médiums et supports. Plusieurs animateurs, des artistes musiciens amateurs et professionnels se sont investis dans l’interprétation et l’adaptation des plus belles compositions de l’auteur de la chanson fétiche « Si m te gen zèl ».  

D’autres talents confirmés vont jusqu’à composer une nouvelle pièce, portée par des mélodies inédites et élogieuses, pour dire adieu à leur pair, dont la mémoire demeure plus que jamais vivante et fertile. Quoi de plus, pour demander ou même exiger aux musiciens de Carimi, en mémoire de Mika, de composer une nouvelle chanson d’ici le premier anniversaire du drame, le 15 octobre 2023 ?  

Dans un duo qui fait revivre l’écho des cœurs des frères Obas, Beethova, en particulier, a prêté sa voix pour saluer au passage cet autre frère artiste Benjamin, qui vient de passer de l’autre côté de la lumière. En effet, Mikaben a pratiquement bien appris, semble-t-il, les leçons de la chanson « Limyè », de Beethova dans l’album du groupe « Mozayik », qui renvoie à: « Piga w pase, a kote sa w te vin’n regle, adye, ti gason leve pye w ! ».     

Désormais, le pays dispose d’une belle et riche collection de portraits de Michael Benjamin, qui trouveront bien une place de choix, à l’occasion de l’organisation d’une belle exposition, incluant le drapeau que Mikaben portait en achevant sa mission à l’Accor Arena. Seul, un musée pourra porter un tel projet. Pourquoi pas le prochain musée de la musique haïtienne ? Les familles, les amis et les promoteurs de la mémoire de Mikaben, pourraient bien investir et rentabiliser le musée de Mikaben ?

Des supports de toutes sortes ont été utilisés pour reprendre les lignes, les expressions, les émotions et le grand sourire de Mikaben. Certaines de ces œuvres vont jusqu’à réinventer le visage du musicien, tandis que d’autres au crayon inspirent à la fois l’attachement, l’admiration, la reconnaissance et l’esprit d’excellence que l’interprète de la chanson de « Ayiti se » nous a laissés comme héritage, comme hymne national.

Dans ce bel hommage (musical, international et national) réalisé le dimanche 6 novembre 2022, en Floride, pour célébrer la vie de Michael Benjamin, qui ne sera certainement pas le dernier, tout n’a pas été dit. Entre les messages et les souhaits venant de partout, et les rêves et les projets que Mikaben a laissés en cours de route, son brusque départ nous a au moins montré la voie du vrai et grand amour. Pour le pays, pour ses amis et pour sa famille.

Durant les quarante dernières années, aucun chef d’État haïtien, encore moins des hommes ou femmes politiques contemporains n’a bénéficié autant de manifestations d’hommage et de sympathies aussi spontanées dans les différentes villes du pays. C’est quand même bizarre, que les artistes, pardon, que Mikaben, dans un contexte de crise aussi profonde dans le pays, continue de faire recette.

Dans sa chute publique et mortelle avec le drapeau au cou, Michael Benjamin a décroché les étoiles au ciel, pour devenir un véritable chevalier, accomplissant ainsi sa mission jusqu’au bout. Tel est le secret qui confirme et amplifie l’aura de Mika, devenu l’exception haïtienne.

Donnons rendez-vous à Mika, au ciel, pas encore, pour marquer le premier anniversaire de son départ, en octobre 2023. N’est-ce pas une belle occasion pour découvrir des publications inédites sur Michael Benjamin, entre un ouvrage biographique, des recueils de ses chants, un album, des cahiers de dessins, des catalogues pour enfants, pour ses enfants, en dehors de la fondation annoncée, une distinction officielle Mikaben, ou les expositions qui seront organisées dans un premier musée qui portera son nom ?

Dominique Domerçant

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