Le temps du beau vieux temps

Il y a des textes, des photos, des souvenirs, des musiques ou des mélodies, des moments qui peuvent vous faire évader, vous transportez dans l’au-delà pour finalement vous faire tout oublier.

Cependant, il y a d’autres qui peuvent vous faire revivre votre jeunesse, votre temps. Un temps au passé. Cela peut bien être de très bons ou de très mauvais moments. Dans bien des cas, cela peut être aussi les deux en même temps.

 Sur les recommandations d’un ami, cette semaine, je lisais le texte de Pierre Ronsard: quand vous serez bien vieille.

Là on peut voir qu’en effet la renommée, cette gloire du nom, est encore pour lui dans ces années 1570 l’une des consolations contre le temps qui passe, la vieillesse et la mort 

Il y a donc une lutte ouverte entre le temps qui passe et le pouvoir poétique, ce pouvoir d’immortalité qui pourra faire « qu’à tout jamais de siècle en siècle vit la parfaite amitié que Ronsard vous portait», et que « d’âge en âge à nos neveux arrive, / que toute dans mon sang votre figure éstoit ». Pour Ronsard « le vieil âge » est un sorcier qui changera le visage de sa Muse, qui blanchira ses cheveux et lui enlèvera le plaisir d’amour, mais il lui laissera « en l’esprit mes escrits, mon nom en votre bouche ». En fait, Ronsard projette son angoisse au sujet de cet automne, où se trouve sa propre vie, sur Hélène, peut-on lire du texte de « La rose et la squelette » L’angoisse de la vieillesse à la fin de la Renaissance à travers les poésies de Ronsard de Javier Benito de la Fuente 

En le relisant aujourd’hui, je me suis transporté pour comprendre ce que j’arrive, bien entendu à comprendre, que tout est vanité et poursuite du vent.

Au-delà des mots et des rimes que Ronsard utilise dans ce beau poème pour exprimer ses fortes émotions sentimentales, c’est comment l’auteur interprète le temps. L’enjeu, c’est la valorisation du temps. Un temps que personne n’a pas le contrôle. 

Vanité des vanités, tout n’est que vanité, disait l’Ecclésiaste. À quoi ça sert le pouvoir politique, les diplômes et l’argent lorsqu’ils entrainent à l’arrogance, à l’indifférence, à l’incompréhension, à la souffrance de l’être humain, mais surtout à l’exploitation à outrance des autres.

Cette phrase si jeunesse savait, et si vieillesse pouvait, en dire long. À telle enseigne, dans bien des cas, on dit comme c’était hier Comme le temps passe vite.

À cette croisée de chemin entre temps, jeunesse et vieillesse, il est dit que la « jeunesse est le temps d’étudier la sagesse ». Tandis que, « la vieillesse est le temps de la pratiquer ».

Car la solitude et la vieillesse sont des moments qui, fort souvent, conduisent à des réflexions profondes. Ce sont des moments d’examens de conscience. Le temps de faire le bilan. Si la conscience est le juge intérieur de tout être humain, la solitude, la vieillesse et le temps permet à l’homme de faire leur propre évaluation. 

Il faut laisser du temps au temps. La solitude à la réflexion. Et la vieillesse à la jeunesse pour faire place à de grands projets projetés sur le temps. Un temps que, malheureusement, personne n’a pas le contrôle.

« La vieillesse c’est recevoir les années pour ne compter que le temps volé », écrit Sonia Lahsaini

« Mais combien de temps l’homme peut-il passer à se rappeler le meilleur de l’enfance?  Et s’il profitait du meilleur de la vieillesse? À moins que le meilleur de la vieillesse ne soit justement cette nostalgie du meilleur de l’enfance », se questionne Philipp Roth.

En fin de compte, « La vieillesse, c’est le temps où les anniversaires ne sont plus des fêtes », a-t-on appris de Robert Sabatier.

  

Esau Jean-Baptiste

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