Josué Blanchard, du périphérisme au talent multifonctionnel

Danseur, comédien, peintre et plasticien, Josué Blanchard est cet artiste multidisciplinaire qui, par ses travaux, arrive à se faire remarquer au quotidien dans l’univers artistique et culturel haïtien. Dans ses œuvres, il cherche à traduire ce qu’il vit, notamment, les inégalités sociales, la misère et tout ce qui caractérise le vécu du peuple haïtien. « L’art étant une combinaison de vie sans hiérarchie sociale », la démarche artistique de Blanchard consiste alors, à utiliser comme canevas l’ensemble des aspects et pratiques sociaux pour faire de l’art, c’est par cette citation que l’artiste nous parle de son univers.

Né à l’hôpital Saint François de Sales de Port-au-Prince, Josué Blanchard, connu sous le nom de « Le Révolutionnaire » exerce ses talents de très tôt. Dès l’âge de 10 ans, à l’école primaire, lorsqu’il a présenté son premier dessin à ses professeurs, il a reçu des compliments et des primes alléchantes de la part de ces derniers. Jeune prometteur, son grand frère Nesly Blanchard a décidé de l’orienter vers la calligraphie. En 1997, il bénéficie d’une bourse de 3 mois lors d’un séminaire au Centre d’art. Quelques années plus tard, soit en 2000, il a intégré les ateliers d’Olwith Moca et de Ralph. C’est là qu’il a commencé à découvrir sa sensibilité artistique et à se créer un style propre à lui.

« Au début de ma carrière, la pratique artistique m’oriente vers l’École de la beauté, une école issue de la 2e génération de la peinture haïtienne. En tant qu’activiste et militant politique pour les droits de la personne, j’étais obligé de laisser ce courant afin de m’orienter vers un champ plus engagé, notamment les revendications des masses victimes des phénomènes sociopolitiques que j’ai traduits à travers mes œuvres », nous raconte-t-il.

Dans ses œuvres sculpturales, Josué Blanchard fasciné par les pratiques populaires dans l’espace public, s’appuie sur les écrits de l’auteur Marshall McLuhan, selon lequel un environnement ne devient visible qu’au moment où il a été déclassé par un nouvel environnement. Cette approche, ainsi que les nombreux dictons attribués à l’auteur, ont fait comprendre à l’artiste que les humains se baignent tous inconsciemment dans le bassin de l’art, comme des poissons qui vivent dans l’eau sans même s’en apercevoir.

Josué Blanchard a déjà réalisé plusieurs œuvres tant à Port-au-Prince et dans les villes de province d’Haïti. « Le révolutionnaire », qui est l’une des œuvres où l’artiste présente un homme muni du bicolore haïtien avec des messages tels que : « Aba aferis, « Leta tchoul entènyasyonal », « Ayiti tout moun dwe gen menm chans » entre autres, est selon l’artiste une façon de susciter le peuple a révolté contre les pratiques coloniales dont le pays fait face depuis des siècles. Outre de ce travail, « l’Hauxcentrisme », dit-il, est une installation uniforme qui explique tout sur la politique internationale. L’œuvre regroupe des pays occidentaux comme les États-Unis, le Canada, la France, l’Allemagne, le Royaume-Uni entre autres, qui depuis des décennies s’immiscent dans la politique interne d’Haïti.

 

Quid de la présentation de l’artiste

Josué Blanchard a débuté ses études universitaires en 2002 dans les arts plastiques à l’École nationale des arts (ENARTS) avec pour spécialisation la sculpture. Il a fait des études en sciences juridiques à la Faculté de droit et des sciences économiques des Gonaïves (EDSEG), des études en sciences comptables à l’Université Quisqueya (UNIQ), ensuite de 2019-2022, il a obtenu son diplôme de maîtrise en art à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). « Le Révolutionnaire comme pseudonyme, ce n’est pas seulement un nom, mais une manière de me rappeler à l’ordre. En me référant avec ce nom, je me suis dit que le devoir m’appelle, et que je dois faire passer mon point de vue à travers mon travail », clame l’artiste.

Josué Blanchard a participé à des expositions collectives en Haïti, en France, en République dominicaine, aux États-Unis et au Canada, sa résidence actuelle. Il est aussi professeur de peinture, de dessin, de céramique, de sculpture et d’histoire de l’art haïtien. Aujourd`hui, comme artiste engagé qui produit des œuvres contestataires, il se voit comme un des créateurs qui pratiquent le « périphérisme », mouvement artistique qu’il considère comme courant par excellence à travers lequel il embrasse la cause des plus faibles.

 

 

Johnny Jean-Louis

Johnnyjeanlouis14@gmail.com

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