Jessica Nazaire, l’autrice du recueil de poèmes « Pwa grate », a tiré sa révérence le 12 mars 2022. Sa disparition brutale avait causé une onde de choc dans le milieu littéraire haïtien. Un an après son décès, certains artistes de sa génération (écrivains, comédiens et autres) ont décidé d’honorer sa mémoire et de lui rendre hommage.
Une soirée sera organisée le 12 mars 2023 au local du Centre PEN-Haïti, pour honorer la mémoire de Jessica Nazaire, décidée à 23 ans seulement, il y a un an. Un panel qui réunira la slameuse et poétesse, Négresse Colas, le romancier et dramaturge, Luis Bernard Henry, sans oublier le nouvelliste et critique d’art, Carl Pierrecq, interviendra autour du terme : » Écrire : survivre à la mort ». Il sera question de montrer le rapport de l’écrivain à son œuvre, laquelle subsiste et subsistera même au-delà de la mort. À l’issue de la causerie, qui sera modérée par le journaliste Ricot Marc Sony. Il y aura une lecture des poèmes de « Pwa grate » ( 2019) de la poétesse disparue par les comédiens Wood-Kendy Louis et Jean Cajou.
Carl Pierrecq, l’un des initiateurs de cette activité a restitué avec fidélité pour le journal le souvenir de la poétesse défunte « Jessica Nazaire a été l’une des grandes voix de la jeune littérature haïtienne contemporaine ». « Nous estimons nécessaire de lui rendre hommage, non seulement parce qu’elle est morte de façon prématurée, mais aussi pour perpétuer sa mémoire. À travers cette journée qui lui sera dédiée, nous lui dirons qu’elle est toujours parmi nous et que nos cœurs sont une tombe fleurie où nous chérissons tant les souvenirs impérissables que nous gardons d’elle », a-t-il dit, ajoutant au passage que Jessica est rentrée de plain-pied dans la littérature haïtienne et c’est exactement ce qui montre à quel point elle a survécu à sa mort.
« Et grâce à son recueil de poèmes qu’elle a laissé à la postérité, sans oublier ses attraits de jeune femme et l’amitié attachante qu’elle avait manifestés à chacun de ses proches, notre Jessica était, pour ainsi dire une, la triple preuve de certains phénomènes qui nous dépassent : preuve de la fragilité humaine, preuve de la sensibilité humaine et preuve de la beauté de l’art. Je dis Notre Jessica, tout à l’heure, parce que cette jeune femme partie très tôt, trop tôt, n'appartient plus à sa famille, ni même à Haïti, mais elle appartient à ce grand pays sans territoire qu’est la littérature » a conclu Carl Pierrecq, avec un petit grain de regret dans la voix, mais sans désespoir.
Rappelons que Jessica Nazaire était étudiante en communication sociale à la Faculté des sciences humaines de l’Université d’État d’Haïti. Comme militante culturelle, elle faisait partie des initiateurs du festival Entènasyonal Literati Kreyòl. Elle avait collaboré au journal Le National entre autres et à d’autres médias. Pwa grate paru chez les Éditions de la Rosée, en février 2019, est le premier et dernier livre de la poétesse.
Schultz Laurent Junior
