La stabilité politique est nécessaire pour faire face à la «dépression économique» du pays, selon Jean Baden Dubois

Le gouverneur de la Banque centrale, Jean Baden Dubois, a qualifié de « dépression économique » le cours des activités économiques et financières durant l’année 2022, où l’inflation a atteint le taux de 47,2 % au mois d’octobre. Beaucoup de déséquilibres ont été enregistrés durant cette période. La balance commerciale du pays a enregistré des déficits estimés à près de 4 milliards de dollars, les transferts expédiés à l’étranger ont augmenté au cours de l’année, soit plus de 700 millions contre 606 millions en 2021. En ce sens, la bonne gouvernance et la transparence sont nécessaires pour la survie économique, a assuré le titulaire de la BRH.

Les problèmes qui ont persisté durant l’exercice fiscal 2021-2022 n’ont fait que provoquer une année de croissance négative globale pour l’économie du pays. Entre autres, les activités criminelles des gangs, les troubles sociopolitiques, des facteurs externes liés à l’inflation au niveau mondial ont beaucoup pesé sur la hausse du taux de l’inflation enregistré en octobre dernier, où les produits importés ont contribué à plus de 60 %, alors que le coût des produits locaux a, lui-même, influencé ce taux à environ 40 %. « Il est clair que nous sommes en dépression économique, ce n’est même pas la récession. Depuis 2019 le taux de croissance est toujours négatif : -1,7 % ; -3,3 % ; -1,8 %, pour le dernier exercice 2021-2022, la croissance économique a été encore négative avec -1,7 % », a précisé M. Dubois.


 

Parallèlement, concernant les activités monétaires, le gouverneur de la Banque centrale souligne que ces activités sont nocives pour l’économie. « Au cours des trois dernières années, les financements monétaires arrivent à 42,9 milliards de gourdes, 49,5 milliards de gourdes et 49,2 milliards de gourdes. La masse monétaire a augmenté à plus de 30 % lors du dernier exercice fiscal, du 1er octobre 2021 au 30 septembre 2022, nous sommes passés de 98 milliards de gourdes de monnaie en circulation, à 128 milliards de gourdes; puis  en décembre 2022, la quantité de monnaie en circulation a déjà atteint 132 milliards de gourdes (...), dans la balance des paiements, les importations ont augmenté à 5,4 milliards de dollars pour les biens et les services, les exportations à 1, 5 milliards; une balance commerciale déficitaire de 4 milliards de dollars », a-t-il admis.



 

Concernant les transferts sans contrepartie qui étaient en plein record l’année dernière,  en 2022, les transferts reçus de la diaspora ont diminué de 7 % a soutenu Jean Baden Dubois. « Le pays a reçu 3,7 milliards alors que ces chiffres étaient proches de 4 milliards en 2021. Les transferts expédiés à l’étranger ont été de 606 millions en 2021, ils ont été de 755 millions pour l’année précédente. Environ 40 % des transferts expédiés d’Haïti vers l’étranger sont à destination de la République dominicaine qui se place devant les États-Unis pour ces transferts », explique le gouverneur. Notamment, des familles laissent le pays pour s’installer en RD, des universités font face à des problèmes d’effectifs et sont incapables de payer des professeurs, a-t-il poursuivi. 



 

Néanmoins, les investissements privés ont aussi baissé lors du précédent exercice. Drastiquement, on a enregistré 39,4 millions de dollars pour l’année 2021-2022 et il ne s’agit pas de nouveaux investissements, mais plutôt des réinvestissements, réalisés par des compagnies de téléphonie mobile a assuré le gouverneur de la BRH. Concernant les personnes sanctionnées par le Canada et les États-Unis, M. Jean Baden Dubois a apporté des précisions en indiquant que le secteur bancaire n’a pas été affecté. Par contre, environ 12 personnes sont concernées à date, environ 178 comptes ont été fermés ; 72 comptes d’entreprises individuelles appartenant aux personnes visées par les sanctions. De fait, 500 millions de gourdes sur un total de dépôt de 163 milliards de gourdes et moins de cinq millions de dollars US sur 2,8 milliards de dollars sont concernés. En effet, les sanctions du Canada s’appliquent seulement aux juridictions canadiennes et les sanctions américaines de l’OFAC sont applicables aux juridictions américaines et elles ont un impact sur toutes les transactions effectuées en dollars américains, car toutes les banques commerciales haïtiennes ont des banques correspondantes aux États-Unis. 


 

En revanche, suite aux divers troubles sociopolitiques qui ont caractérisé la décroissance de l’économie, Jean Baden Dubois soumet que la régulation du marché des changes, l’appréciation de la gourde et l’éducation financière de la population sont généralement des priorités de la Banque centrale.  Pour la survie économique, la bonne gouvernance et la transparence sont nécessaires, a-t-il confié. En outre, il dénonce des acteurs agissant dans le secteur informel, pour stocker le dollar et manipuler le taux de change. À ce point, M. Dubois précise que la régulation du marché dépend de tout un ensemble, dont le ministère de la Planification, le ministère du Commerce, le ministère de l’Économie et des Finances et d’autre part d’une bonne partie des gens du secteur privé des affaires. « La stabilité est nécessaire », dit-il.


Oberde Charles

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