Vers une journée des marchés (communaux) en Haïti

De marché « Salomon », à marché « Tète Bœuf », marché « Seradòt », marché « Delmas 32 », marché « Tabarre »,  en passant par les marchés de « Decouze », de Vialet, de Pont-Sondé, de Ducis, et ceux de toutes les autres villes frontalières, côtières ou placées sur les routes nationales (principales ou secondaire) en Haïti, la création d’une journée nationale d’une semaine des marchés (informels) ou d’un week-end pour aborder l’univers de ces marchés pourrait aider les décideurs du pays, à accompagner ces acteurs économiques très influents, dans un processus d’éducation financière et de formalisation des activités du secteur, dans une stratégie d’inclusion financière.

Dans l’espace des villes et des campagnes en Haïti, on ne saurait ignorer la dynamique sociale qui prend forme au quotidien à travers les espaces des marchés publics, où des dizaines, des centaines et des milliers de marchands, des hommes, et surtout des femmes en majorité viennent exposer et vendre leurs produits.

Différemment du marché public, qui fait référence aux commandes publiques visant à répondre à des besoins en matière de travaux, de fournitures et de services, qui oblige souvent un organisme public (État/ministères, directions générales, collectivité territoriale, hôpital, etc.) à conclure avec un  fournisseur ou un entrepreneur un contrat défini par la législation et les normes des marchés publics, ici, dans cette proposition, je voudrais surtout me tourner vers ces routes nationales ou ces coins de rues, presqu’obstrués par les produits (agricoles, artisanaux, industriels, locaux et importés) étalés sur le sol pour attirer le plus grand nombre d’acheteurs et de consommateurs potentiels.

Désordre urbain qui se renouvelle hebdomadairement suivant la fréquence de fonctionnement de chaque marché, on ne saurait ignorer l’impact et les influences des marchés de façon formelle et informelle, de façon visible et directe, à court, moyen et long termes sur la vie des habitants de nos communes ainsi que les passants.

De la famille en passant par la production agricole et le transport,  l’économie et  la protection de l’environnement, la politique et l’éducation, la question de genre et les traditions culturelles, avec des influences certaines sur l’enrichissement de la langue par de nouveaux mots qui s’ajoutent dans le vocabulaire populaire, ainsi que des mythes qui vont enrichir l’imaginaire collectif, les marchés publics dans chaque ville, chaque commune, chaque département et chaque région en Haïti, constituent de véritables centres économiques et des laboratoires pour les sciences sociales.

Des marchés publics beaucoup plus organisés dans certaines régions du pays, particulièrement dans la capitale haïtienne, ne manquent jamais l’occasion de dominer l’actualité, sous la colère ou les expressions des dieux du feu, qui visitent souvent les étalages et les dépôts, les clôtures et les produits entreposés des hommes et des femmes qui s’endettent en permanence.  C’est toute une économie formelle et informelle qui prend forme dans les espaces des marchés du jour et de la nuit.

Dans certains marchés, comme au centre-ville abandonné de la capitale haïtienne, les tréteaux, étalages et les tables en bois, utilisées pour exposer les produits le matin, se transforment certaines fois en des lits pour accueillir les ébats de certains jeunes qui viennent profiter du plaisir entre les jambes de pauvres jeunes filles en général.

Définir un agenda pour commémorer la journée nationale des marchés communaux en Haïti, c’est inviter le plus grand nombre de spécialistes dans les différents domaines scientifiques, à aborder la problématique de ce secteur. Une belle occasion pour les administrations communales du pays de bénéficier des partenariats et des services bénévoles des professionnels et des institutions locales, nationales et internationales, qui profiteront pour faire affaire tout en apportant des solutions aux mouches et aux maux de nos marchés communaux.

Décor anarchique pour la circulation des piétons et des automobiles dans beaucoup de circonstances, le fonctionnement des marchés communaux crée des problèmes de toutes sortes dans pratiquement toutes les villes du pays. Nos élus locaux ou les administrations intérimaires se contentent certaines fois des interventions cosmétiques, des concours de circonstances pour faire respecter la loi, quand ils ne se limitent pas tout simplement à collecter des frais à payer par certains des commerçants pour l’exploitation et la sécurité au rabais de l’espace en question.

Des statistiques (sur l’ensemble des produits et des services, le fonctionnement en permanence des marchés communaux du pays manquent terriblement aux autorités communales et à l’administration centrale. Entre la nécessité de collecter et d’actualiser des informations utiles et pratiques, pertinentes et stratégiques, il nous faut inaugurer la première journée nationale des marchés communaux en Haïti, en attendant d'élargir le cadre sur la semaine des marchés communaux en Haïti. Pourquoi investir dans cette démarche ? Quelles sont les institutions et les autorités qui vont profiter durablement de cette initiative inédite et durable, avant, pendant et après les élections ?

Dynamique économique et sociale, culturelle et scientifique. Une journée nationale des marchés communaux en Haïti. Une belle fenêtre pour l’éducation financière dans nos villes.

 

Dominique Domerçant 

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