Démocratisé dans les différentes villes du pays durant les deux dernières décennies. La mort est présente parmi nous au quotidien. Ici, on ne parle pas de la mort provoquée avec le vieillissement et la détérioration lente et silencieuse du corps humain, les maladies les plus courantes, les accidents mortels, les crimes passionnels ou les victimes des catastrophes naturelles, et sans oublier les empoisonnements et autres sanctions mystiques, à défaut de condamnation à mort qui fait suite à une peine capitale de la justice. Heureusement, cette loi a été abolie dans la plus récente loi nationale.
De plus en plus présente et influente dans nos murs, dans les rues et dans l’imaginaire collectif, la mort est plus vivante que jamais. À qui profite-t-elle dans cette intense promotion en cours dans le pays du « Mourir est beau » ? Comment éduquer la population haïtienne sur les multiples dimensions de la mort ? Pourquoi aborder la problématique de l’affrontement entre l’économie de la mort et de l’économie de la vie ?
Dans un article publié dans le Journal spécial des Sociétés, l’écrivain, économiste et penseur Jacques Attali nous livre une communication autour de « l’économie de la mort » dans ce texte publié le 26 juillet 2020, autour du thème : Jacques Attali : « Il faut privilégier partout l’économie de la vie. L’auteur Maïder Gérard raconte que l’économiste et écrivain, président de la fondation Positive Planet, a beaucoup réfléchi à ce sujet et, plus que l’empathie, il réclame que le siècle à venir soit placé sous le signe de l’altruisme.
Des propos rapportés : « L’empathie, c’est la clef qui ouvre la porte, mais la clef ne suffit pas. L’empathie, c’est la capacité à reconnaître et à comprendre le point de vue des autres. […] C’est la prise de conscience de ce que les autres peuvent avoir un avis différent du vôtre, mais cela ne va pas aussi loin que l’altruisme, qui est de tirer des conséquences de ce que j’ai compris du point de vue des autres pour déterminer mon propre comportement. L’altruisme est une conséquence de l’empathie. ». Il persiste et signe : « Je me méfie de l’empathie si elle n’est qu’un comportement de riche bourgeois qui prétend comprendre, mais, qui pour autant, ne tire pas les conséquences nécessaires ».
Dans l’ouvrage de 272 pages, qui porte le même titre « L’économie de la vie – Se préparer à ce qui vient », Jacques Attali propose les résultats : « Après une enquête planétaire auprès des meilleures sources, souvent confidentielles, j’ai découvert bien des choses sur cette pandémie. Certains dirigeants, en imitant la Chine, ont conduit à un désastre. Suivre à temps la voie de la Corée du Sud aurait épargné des milliers de vies et protégé des millions de travailleurs. De tout cela, il faut tirer les leçons pour se préparer à ce qui vient une crise économique, idéologique, sociale, écologique plus grave qu’aucune autre depuis deux siècles. ».
Des argumentaires qui prennent en compte les pires des catastrophes humaines, sociales et naturelles qui habitent notre planète. À travers ses réflexions ou recommandations, il nous invite à prendre des décisions préventives : « Pour ne pas faire souffrir les enfants d’aujourd’hui de la pandémie à 10 ans, de la dictature à 20 ans et de la catastrophe climatique à 30 ans, il faut passer au plus vite à l’économie de la vie. Elle regroupe les secteurs d’importance vitale : la santé, l’eau, l’alimentation, l’éducation, l’énergie propre, le numérique... Parce qu’il n’y aura pas de vie possible si on n’agit pas tout de suite. Que de passionnants combats à mener ! ».
Durant les cinq dernières décennies, ce personnage emblématique a marqué son temps. Économiste et homme d’État, Jacques Attali naît le 1er novembre 1943 à Alger, dans une famille de commerçants fortunés. Après de brillantes études en sciences économiques et politiques, il attaque dès 1970 une carrière politique au Conseil d’État et devient le conseiller personnel du président de la République François Mitterrand de 1981 à 1990. Le 4 juillet 2007, il prend la tête de la commission chargée de répondre aux problèmes de croissance économique posés par la crise financière mondiale.
De l’économie de la mort á l’économie de la vie, quels sont les leviers fraudra-t-il utiliser pour redresser la balance entre ces deux extrêmes ?
Dans l’économie de la mort, plusieurs auteurs et penseurs proposent des regards croisés sur ce champ d’études assez problématique. « Mort "tabou", argent "tabou" : que dire quand les deux se conjuguent ? Et pourtant, il est un moment où il faut bien en parler. Décideurs, administrateurs, professionnels, consommateurs : à différents niveaux, nous sommes tous concernés. Comme il sera montré dans cet ouvrage, la question est d’importance tant par les sommes monétaires mises en jeu que par les décisions auxquelles peut aboutir la prise en compte de tels coûts dans une société comme la nôtre : marchande, industrialisée et, désormais, médicalisée. », ces propos tendent à résumer l’ouvrage « Socio-économie de la mort - De la prévoyance aux fleurs de cimetière », de Annick Barrau.
Des approches comparées : « Élaborer une "économique de la mort" dans la France d’aujourd’hui a consisté à décrire et analyser les conduites socio-économiques s’exerçant à l’occasion d’une disparition. Cinq chapitres se dégagent : le "risque" de décès, la situation du mourir, les obsèques, la transmission du patrimoine, le culte des morts. Quant à l’évolution des comportements, il ressort que le clivage entre "traditionalistes" et "modernistes" s’est radicalisé ces dernières années et que l’on peut légitimement rattacher ces attitudes aux deux grandes conceptions de la mort que l’on connaît par ailleurs : la "mort-renaissance" telle qu’elle se présente dans les sociétés anciennes et la "mort-finitude" telle qu’elle s’impose de plus en plus dans la modernité et qui conduit, finalement, à se demander : pourquoi dépenser pour l’après-mort ? ».
Dans : « La nouvelle économie et la mort de l’homme, Essai sur le néolibéralisme scientifique de Francis Fukuyama », de Justin Marie Foe Zibi II : « Beaucoup d’hommes et de femmes du xxie siècle consacrent la majorité de leur temps à travailler. Mieux encore, ils accordent plus d’importance à leur travail et à l’argent qu’à leur famille. Préoccupés comme tous les peuples par la recherche de ce qui constitue une existence heureuse et réussie, nos ancêtres ne sont pas allés chercher la réponse à cette question dans la conquête de l’univers, ni dans l’accumulation matérielle écrasante, ni dans la domination systématique des autres peuples : ils l’ont trouvée en l’homme dont l’harmonie avec lui-même, avec les autres hommes, avec la nature, leur a semblé constituer le secret d’une existence réussie, à la portée de tous, pourvu qu’une éducation appropriée et bien menée en indique le chemin. », de tels propos permettent de mesurer la dimension du sujet.
Dominique Domerçant