Deux journées mémorables, les 16 et 17 novembre 2024, ont permis à la firme Group Croissance et ses différents partenaires, en particulier la Chambre de Commerce haïtienne du Canada (CCHC), de faire l'état des lieux autour des opportunités et des enjeux pour financer l'économie haïtienne à partir des investissements directs de la diaspora (IDD). Retour sur les grands points partagés au cours de ces deux journées d'information, de sensibilisation, de promotion et d'investissement dans l'économie du savoir, entre Haïti et sa diaspora ?
Des intervenants et d'autres invités avaient répondu à l'appel, dans la salle retenue à Montréal, pour l'organisation de cette nouvelle édition du Sommet international de la Finance (SIF). D'autres spécialistes éloignés ou bloqués en Haïti, allaient compléter les communications à partir du format virtuel. En fonction de la qualité des recherches antérieurement réalisées, actualisées et partagées, des réflexions et des regards croisés, des requêtes et des recommandations susceptibles de renforcer les acquis et les atouts de la diaspora haïtienne, tout en encourageant les investissements de ces derniers comme un retour à la terre natale, en tenant compte des crises, des catastrophes et contextes actuels, on peut conclure cette nouvelle édition du SIF, tenue au Canada, a été une réussite.
Des personnalités ont pris la parole telles que Pierre Paul Gazemar, l'un des patrons de la CCHC qui accueillait l'événement. La présentation des grandes lignes de cette première édition du Sommet international de la Finance à Montréal, a été assurée par l'économiste Kesner Pharel, du Group Croissance et Patrick Saint-Pré, représentant Haiti Limat.
De la participation de la diaspora à travers le transnationalisme, a été le thème porté par l'avocat d'origine haïtienne établi aux Etats-Unis, Frandley Julien. Cette activité a offert l'occasion au Centre de Facilitation des Investissements (CFI) d'actualiser ces argumentaires incitatifs à partir des interventions de ces trois représentants: Fatima Léonne C. Prophète, la directrice générale de l'institution, et deux autres cadres Jempsy Fils-Aimé et Philippe Yvergnaux. Avec l'analyse des besoins dans les collectivités territoriales, le recteur Jacky Lumarque de l'Université Quisqueya, a abordé un point capital dans la perspective de développement d'Haïti, et des possibilités d'opportunités ou des interventions pour la diaspora.
Des transferts privés sans contrepartie, entre les tendances, la distribution et la dynamique du marché, le spécialiste Jean-Claude Marseille, haut responsable de la direction des Affaires internationales de la Banque de la République d'Haïti, a pour sa part, présenté les principales informations relatives à cette thématique aussi pertinentes tant pour la population haïtienne et pour l'économie nationale, en s'appuyant sur des statistiques et des multiples considérations actuelles.
Développement durable d'Haïti, le représentant du PADF de son côté, Isnel Pierreval, a abordé dans sa communication la question suivante: Comment la diaspora peut aider Haïti à atteindre les objectifs de développement durable ? Il a ainsi illustré son intervention à partir du cas relatif au SDG 6 avec le projet SANIFIN.
Dans la perspective de renforcement du capital humain en Haïti, Connor Bohan de HELP et Ancely Alexis du centre de formation professionnelle Haïti Tec, avaient respectivement pris la parole au nom de leur institution, pour montrer un ensemble d'actions, de réalisations et de contributions dans les secteurs de l'education en Haiti, en dépit des différentes crises que le pays a connu durant les dernières années.
D'autres interventions aussi pertinentes, les unes que les autres à retenir au cours de cette première journée, dans d'autres secteurs stratégiques. Comment la diaspora peut investir dans le secteur de la santé en Haiti ? Et l'analyse de la chaîne de valeur du cacao et potentialités pour les exportations. Les deux intervenants suivants: Dr. Chilove Viard de l'hôpital Notre Dame, et Jean Chesnel Jean de Ayitika, ont chacun essayé de fournir des pistes pertinentes dans leur domaines spécifiques.
Durant la deuxième journée de ces assises sur l'investissement de la diaspora, de nouvelles têtes allaient défiler, toujours en présentiel et en mode virtuel. Au menu du premier panel, présenté par Godson Bonjean, on retrouvait le Dr Thomas Lalime qui abordait le sujet de sa thèse de doctorat: La littératie financière et accumulation de la richesse en Haiti et dans la diaspora, pour le premier intervenant. Le Dr Jean Gardy Victor, allait proposer un regard prospectif autour des entreprises hybrides entre Haïti et sa diaspora, tout en déclinant son intervention autour des opportunités pour un développement économique résilient.
De l'implication de la diaspora, tel a été le thème du deuxième panel partagé entre deux autres figures importantes dans la diaspora haïtienne. Avec la coordination de Jean-Numa Goudou comme modérateur, ces deux éminences grises allaient partager les semences de leurs riches expériences professionnelles et scientifiques à l'assistance.
Dr Samuel Pierre de GRAHN Monde, a mis en avant les expériences d'investissements collectifs de la diaspora en Haiti, à travers le cas de GRAHN. Avec des illustrations et des chiffres à l'appui, le grand projet de la Cité du Savoir a été revisité. Dans un autre angle, aussi pratique que pragmatique, la formulation d'une approche stratégique de la diaspora pour le développement d'Haïti a été présentée par Frantz Voltaire du CIDIHCA.
Des territoires et des potentialités d'investissement en Haïti, la spécialiste Marie Fransonnette Prussien, du Forum économique de la Péninsule du Sud (FEPS) a mis l'accent sur l'intercommunalité au service du projet pilote, comment la diaspora pourrait contribuer ? On retiendra parallèlement dans le programme la présentation de Luckny Guerrier Dupuy de la CCHC, qui met en avant les perspectives de la mission commerciale Cap-Haitien 2025, avec la modération de Nersa Dorismond.
Des interventions autant pertinentes que percutantes sont portées par trois figures majeures. On peut citer : Jael Elisée pour le Fonds Afro Entrepreneurs, qui aborde les différents leviers relatifs à la nécessité de contribuer au développement des communautés noires, particulièrement de la diaspora haïtienne. Une autre voix qui a résonné durant le sommet, celle d'Édouard Staco de (SDESSJ), qui nous a servi un plat tres consistant à partir de ses argumentaires plus que légitimes, tout en valorisant l'approche de Montréal pour le développement d'Haïti à multiples niveaux. La grande dame de la culture haïtienne au Canada, Fabienne Colas, avec la fondation qui porte son nom, en a profité pour conseiller et orienter l'assistance, pour une intégration réussie en terres étrangères, avec influence positive sur la terre natale.
Des chantiers à engager pour attirer les investissements de la diaspora en Haïti, la modération de ce dernier panel a été assurée par Ritza Vieux, avec la participation des trois intervenants qui se passent de présentation. L'économiste Etzer Emile a présenté le sombre tableau en guise de radiographie, pour toute personne qui souhaiterait investir en Haïti, tout en formulant des recommandations lors des échanges et questionnements. Le Dr Michel Chancy de son côté, a loué la bonne santé du Réseau Lèt Agogo de Veterimed, malgré les nombreuses crises qui affectent le pays. Il encourage la diaspora à se nourrir de ses produits et à investir dans ce secteur.
Dommage que toute bonne chose à une fin, plusieurs participants sont restés sur leur faim, face aux nombreuses réflexions et communications à approfondir autour des différents sujets abordés durant ces deux jours. Face aux nombreux défis visibles et imprévisibles, en dehors des nombreuses opportunités abordées, le patron du groupe ProFin dans sa conclusion, Robert Paret Jr. a plaidé pour plus d'engagement en guise de complot positif à organiser entre les acteurs, pour continuer à investir en Haïti. Un passage obligé pour garantir à notre pays et sa diaspora un meilleur avenir.
Dominique Domerçant