Haïti 2024, un tableau cataclysmique ; comment changer le panorama en 2025 ?

0
683

L’année 2024 a été marquée en Haïti par de graves injustices, entraînant de lourdes pertes et des répercussions accablantes sur les plans social, économique et politique. Le pays était à toute épreuve, endurant un climat de souffrance, de désespoir et de misère profonde au sein duquel la pauvreté a atteint un niveau paroxysmique. L’économie a souffert d’une double peine néfaste : un chômage excessif et une hyperinflation galopante dont le taux avoisine 30%. Les groupes criminels se sont étendus, radicalisés et convertis en terroristes, perpétrant une série de crimes et de sabotages spectaculaires sur les vies et les infrastructures stratégiques du pays. Plus de cinq mille décès et environ un million de déplacés selon le Bureau intégré des Nations-Unies en Haïti (BINUH) sont liés à la violence des gangs. Les animaux détraqués ont ravagé les richesses tangibles et intangibles de la société en y alimentant un climat de terreur et d'instabilité qui va crescendo. Haïti a vécu une année des plus dramatiques.

 

Une tragédie quasiment intégrale, orchestrée par les gangs violents, s’est abattue sur le pays au cours de cette sombre année 2024. La population a subi des expropriations et une vaste d'exactions notamment des enlèvements, des meurtres, des violences sexuelles et d'autres formes de prédation. L’insécurité s’est exacerbée ; l’économie est paralysée. La population n’a pas accès aux services de base. Le Programme alimentaire mondial (PAM) souligne que 4 enfants sur 5, vivant dans les zones urbaines, sont privés d’au moins un besoin essentiel. Quasiment tous les enfants des zones rurales vivent dans une vulnérabilité similaire. L’organisation humanitaire de lutte contre la faim a rapporté qu’en juin 2024 plus d’un tiers des Haïtiens ont connu une insécurité alimentaire aiguë. Cette aggravation des précarités est due aux récurrentes crises économiques et sociales. Un nombre pléthorique de familles et de professionnels, y compris des artistes et des entrepreneurs, ont été dépouillés de leurs ressources. Les plus chanceux, rescapés du kidnapping et de la mort, ont été forcés de chercher refuge à l’étranger, amplifiant ainsi une fuite massive de capitaux et de cerveaux déjà très critique.

Dans la région Caraïbe-Amérique Latine, Haïti exhibe une tendance chaotique en décrochant tous les titres associés à la gouvernance exécrable. La corruption, génératrice d'inégalités flagrantes et cause principale de la pauvreté extrême, sévit au cœur de cette république constamment dirigée par des imposteurs et des vilains. Affichant un produit intérieur brut (PIB) par habitant de seulement 2 120 $ en 2024 et un indice de développement humain (IDH) de 0.552 le classant 158e sur 193 pays, Haïti demeure la nation la plus pauvre de l’hémisphère occidental (Banque Mondiale). L'économie haïtienne a dessiné une suite de récession pendant six années consécutives, culminant cette année à une contraction plus prononcée. Les baisses de production enregistrées ont été respectivement de -1.7 % en 2019, -3.3 % en 2020, -1.8 % en 2021, -1.7 % en 2022, -1.9 % en 2023 et -4.2 en 2024. Le pays s’enlise davantage dans un labyrinthe qui le coince dans l’exclusion sociale et une farouche asthénie économique.

La Banque mondiale révèle que plus de six millions d’Haïtiens vivent en-dessous du seuil de pauvreté de 2.41 $ par jour ; et plus de 2.5 millions sont tombés en deçà du seuil de pauvreté extrême de 1.23 $ par jour. Deuxième pays le plus corrompu de la Région selon le rapport de Tranparency International en 2023, Haïti est classée 172e sur 180 pays. L’insécurité entrave la libre circulation des produits et des personnes en provoquant une pénurie des ressources essentielles. Haïti figure parmi les rares sociétés de l’ère contemporaine où l’espérance de vie des escadrons de la mort est si longue. Une telle longévité criminelle s’expliquerait par la connivence des ambassades étrangères et des officiels politiques avec les milices lourdement armées.

Il est indéniable que le mode de gouvernance qui y prévaut constitue la source fondamentale de ce tableau cauchemardesque d’une société en plein déclin. Il convient de prendre des mesures drastiques pour éradiquer l’impunité et restaurer la sûreté publique. Sans une volonté manifeste locale et internationale vers l’atteinte d’un tel objectif, Haïti ne sortira pas de l’impasse.

 

L’année de la burlesque « créativité politique »

La sphère politique est pourrie, car nourrie de sophismes et de paralogismes qui ont pourchassé les gens honnêtes pour plutôt accueillir sur tapis rouge des criminels et des imposteurs qui y assurent les rênes dans la sinécure, la cupidité, la paranoïa. Le poisson pourrit par la tête. Quand ce sont des ambitieux et des vaniteux qu’un pays accueille à sa sphère politique, la santé, l’éducation, la sécurité et le loisir en subissent les retombées négatives. L’année 2024 s’est davantage distinguée par une stupide créativité politique pour remplacer l’acéphalie migraineuse par un monstre multicéphalie vénale qui suce les maigres ressources publiques sans y apporter de résultats probants.

En bon G-9 entre familles et alliés, les conseillers CPT accapareurs du pouvoir sont solidaires dans l’escroquerie. Ils se protègent les uns les autres dans une coalition de ravisseurs qui pillent les caisses de l’État dans une insouciance déconcertante envers ce peuple meurtri. Dans son livre sur la violence économique, Fritz Jean aurait parlé de capture de l’État par des entrepreneurs politiques. Dans des délits flagrants, certains marchandent et exercent des abus de pouvoir. Tous, en référence aux fonds du service d’intelligence, ils détournent et divisent par neuf les butins récoltés de leurs exactions du trésor public. Même pas quelques miettes ont été jetées à la population famélique.  

Haïti devient neuf fois plus appauvrie dans cette gouvernance insolite d’une couleuvre venimeuse à neuf têtes à sa plus haute magistrature. Les neuf conseillers présidents jouissant chacun de tous les avantages et privilèges de la présidence sont inaptes à stopper l’hémorragie catatonique provoquée par le décor de criminalité monstrueux qui a été planté depuis le lendemain du séisme 2010. Cette gestion présidentielle calamiteuse n’est pas une surprise, car l’agenda de ce G-9 souffre d’une absence de respect des lois et du dévouement au bien commun que Montesquieu décrit dans la vertu politique (Esprit des lois). Cette qualité morale et collective que devraient cultiver les gouvernants afin d’éviter la corruption, préserver la liberté et s’élever à la dimension de l’intérêt général est une denrée rare dans la sphère politique haïtienne.

Ladite année bissextile a accueilli trois Premiers ministres dont deux inutiles éjectés de la chaise bourrée de manière la plus ignoble, malheureusement sans qu’ils n’aient eu à fournir d’explications ni de redditions de compte à la société. Début mars, alors qu’il était en voyage pour signer un accord avec le Kenya, Ariel Henry a été contraint de s’exiler aux États-Unis, contre son gré. Il a été évincé de sa fonction de chef de gouvernement dans un DDN, un néologisme d’expulsion, émaillé de tirs nourris conspiré par cette communauté internationale omnisciente et omnipotente dans une Amérique conquise selon les vœux de la doctrine de Monroe. Pourtant, Ariel Henry, fidèle compère de Michel Martelly, a été accusé de connivence avec l’un des assassins notoires de Jovenel Moïse, Félix Badio. Un gros poisson nageant dans des eaux troubles de la corruption et de la criminalité aurait traversé vers un autre océan. Il serait sous la protection du FBI avant qu’ils le sortent éventuellement de leurs filets pour des chantages économiques et politiques. À quand donc des démarches sérieuses de recherche de lumière et de justice au niveau local concernant le magnicide du 7 juillet 2021 ?  

Le gouvernement de Garry Conille a été éteint seulement six mois après son investiture, le 10 novembre dernier, quasiment de la même façon improvisée, dans une mort subite provoquée par les arrivistes présidents. Ce Premier ministre Kennedy, construit sur un bluff blancomane, était devenu trop condescendant dans sa folie de remplir simultanément les fonctions de la primature et de la présidence. Garry Conille, ancien gestionnaire de la CIRH, était lui aussi indexé dans des scandales de corruption. À l’insu du CPT envers lequel il est redevable, Conille avait fait entrer au pays des mercenaires étrangers, personne n’a élucidé jusqu’à présent dans le cadre de quelle mission. Garry Conille ne devrait-il pas rendre compte de sa gestion au cours de son deuxième passage éclair à la Primature du pays ? Ces deux chefs de gouvernement dont un expatrié et un rapatrié seraient des informateurs clés voire des complices de beaucoup de crimes commis au pays. Ils sont détenteurs de plusieurs dossiers publics secrets qui devraient les contraindre à se mettre à la disposition de la justice. 

Le leadership du pays doit cesser de patauger dans la boue. Le grand nombre mosaïque de têtes militantes d’horizons politiques divers est une désillusion pour assurer le gouvernail dans la bonne direction. Au lieu de marquer une transition de rupture, ce CPT affaiblit davantage la gouvernance du pays en charriant des scandales et des discrédits de corruption et de complicité avec des délinquants et des corrompus notoires. Pour permettre à ce collège présidentiel de regagner la confiance de la population, il faudrait envisager des mesures allant du transfert des fonds de l’intelligence à la Police nationale à l’éviction des trois épinglés dans l’affaire de la BNC.  

 

Expansion des territoires perdus

Tabarre, Pernier, Croix des Bouquets, Carrefour-Feuille, Cité-Soleil, Bas-Delmas, Martissant, Carrefour ; c’était déjà une liste trop longue de zones prises en otage par les assassins. Pourtant, au cours de l’année 2024, Gressier, Gantier, Arcahaie, Bois-Verna, Solino et bien d’autres quartiers de la capitale s’ajoutent au refrain des territoires perdus. Graduellement, les gangs avancent sur la population innocente pour continuer de la déshumaniser et la dépouiller dans une litanie de crimes impunis. Dans l’Artibonite, les criminels ont fait un carnage au Pont Sondé, causant plus d’une centaine de morts. À l’Ouest, ils ont récidivé dans un massacre gérontocratique à Cité Soleil qui aurait fait plus de décès, encore dans le camp de la population naïve. Sous les auspices et les caprices schizophréniques d’un leader aliéné de ces maniaques, environ 200 personnes du troisième âge incriminées à tort de loups-garous ont été massivement exterminées.

Les barbares ont clôturé l’année 2024 « en beauté », dans un cadeau de Noël empoisonné où ils ont criblé et massacré devant l’Hôpital Général plusieurs membres de la population. Deux journalistes et un policier ont rendu l’âme. Maison par maison, quartier par quartier, de zones résidentielles aux lieux sacrés, les voyous s’emparent des espaces privés, publics et religieux. Entre-temps, le successeur à Garry Conille ne fait que déplorer et condamner, sans fournir des répliques à la hauteur des actes terroristes perpétrés par les sauvages. Le gouvernement actuel aurait à sa tête un Fils mal Aimé qui ne paraît pas à la hauteur de la mission de chef qui lui est confié.

Sous les yeux des représentants des ambassades aux yeux vairons qui négocient avec eux dans une connivence receleuse, ces cannibales ont violé, volé, incendié et détruit tout ce qui vit, tout ce qui respire. Invasion de l’aéroport national par des mercenaires protégés par l’Ambassade américaine, plusieurs incendies à des commissariats de police, carnages répétitifs sur les policiers et sur la population sans défense, incendie aux écoles, aux universités, aux hôpitaux, les institutions sacrées ont été vandalisées. Les criminels ont saboté pharmacies, écoles et églises tout en lynchant ceux qui se trouvaient à ces « mauvais endroits », au mauvais moment. Les habitants sont dévastés physiquement et psychologiquement par ces forces diaboliques qui déposent leurs bottes sanguinaires sur leurs cous.

Coachés incontestablement par un laboratoire criminel, les malfrats ont orchestré des Prison Break résultant en l’évasion de plusieurs milliers de prisonniers. Ceux dotés de certaine expertise dans la manipulation des armes, la communication ou la technologie les auraient rejoints pour agrandir étendre leur influence criminelle. Le Pénitentiel national détenait de gros prisonniers notoires, dont certains épinglés à tort ou à raison dans l’assassinat du président. Ils sont aujourd’hui perdus dans la nature sans que le gouvernement s’en inquiète. Plusieurs opérations de vandalisme ont été menées contre des Facultés d’État, dont la Faculté d’Agronomie, la Faculté de Médecine, la Faculté des Sciences, etc. Par la rage de ces animaux sauvages, l’Hôpital Général est réduit à une peau de chagrin ; l’Hôpital Bernard Mevs a été incendié et pillé. Le contexte morose régnant au pays a imposé une fuite massive de cerveaux et de capitaux. S’est amplifié aussi l’exode local forcé de cette population devenue nomade, se déplaçant comme des chiens errants, dans l’indignité la plus totale. L’hémorragie persiste pendant que se font rares les pochettes de sang pour revitaliser le pays et garantir une homéostasie salvatrice.

La blouse, la toge, l’uniforme, pasteurs, prêtres, femmes, enfants et vieillards ne sont pas épargnés par les esprits démoniaques qui habitent ces bêtes détraquées larguées dans l’arène pour honorer les Pharaons occidentaux en leur offrant des têtes décapitées sur des plateaux d’argent. Lorsque la population devient la cible des actes barbares de ces criminels, il y a presque aucune condamnation de la part de ces institutions internationales. En revanche, lorsque ce sont des bandits qui perdent la vie sous la fureur du Bwa Kale, ces mêmes institutions n’hésitent pas à rappeler leur engagement à protéger les droits humains. Sous-jacente à cette extrême insécurité, il existe une étrange complicité de la part des ambassades étrangères. Nous ne cessons de nous interroger sur les raisons voilées pour lesquelles les États-Unis ne choisissent pas de ne plus faciliter l’entrée au pays des armes qui alimentent ces gangs.

Le Centre-Ville, autrefois cœur stratégique et vital des institutions du service public, est désormais abandonné. Une rare exception de ces géantes institutions de l’État à ne pas fuir sa résidence authentique serait la Banque Centrale, sise à la Rue Pavée. Au prix fort, la régulatrice des institutions financières continue de déployer des efforts colossaux pour stériliser son périmètre à la frontière de zones réputées de non-droit. Plusieurs autres institutions clés ont été assiégées à tel point que les hôtels de Pétion-Ville deviennent des annexes de certains ministères. L’abandon du Palais national, symbole de la souveraineté de l’État, est un aveu d’impuissance face à ces petits monstres qui sèment la pagaille dans la Cité. La Villa d’Accueil représente le seul lieu de travail sécurisé de cet Exécutif aux multiples têtes et aux multiples fesses qui ne procure aucun espoir à la population persécutée.

 

Perspectives pour 2025

Le climat d’insécurité et de criminalité est à raison pointé du doigt comme l’origine principale de ce tableau apocalyptique qui se dépeint au pays. Cependant, il convient de rappeler que l’insécurité est un épiphénomène de la corruption et de la mauvaise gouvernance. Ceci dit, toute stratégie se limitant à l’extermination des gangs de rues constituerait une approche superficielle qui ne produirait aucun résultat durable. Évidemment l’on ne saurait les négliger ; par contre, l’approche efficiente consiste à s’y attaquer en amont, en bloquant à la source la vanne de la distribution illégale des armes et des munitions. Il faudra mettre à l’échec les contrebandiers économiques et les racketteurs politiques qui font leur beurre dans ce climat de terreur pendant que les intérêts de la collectivité en pâtissent.

Comme le prouvent les sanctions internationales imposées par l'ONU, les principaux responsables de ce décor de criminalité sont de puissants politiciens et hommes d'affaires corrompus. Ces derniers agissent avec une complicité intéressée d'une certaine mafia internationale qui déstabilise Haïti. Ainsi, dans une perspective de résolution soutenable, l’autorité de l’État doit être rétablie vis-à-vis des acteurs internes et des étrangers qui tirent leur épingle du jeu pervers de la flibusterie et de la criminalité transnationale. Cette restauration de l’autorité de l’État devrait marquer un tournant décisif en envoyant le signal de nouvelles directions vers la refondation économique et sociale. Il est donc impératif qu'émerge un nouveau leadership politique véritablement patriotique, capable de favoriser une mobilisation nationale en faveur de projets structurants.

Compte tenu des moyens techniques et logistiques à sa disposition, une once d’effort des USA devait suffire pour faire taire cet orage d’insécurité sur Haïti. Si Haïti ne s’est pas déjà effacée de la carte mondiale, ce n’est pas la faute à la communauté des nations malveillantes qui ont tout manigancé pour exterminer ce pays. Alors que l’insécurité en Haïti devait être abordée comme l’un des défis communs, ce phénomène serait le cadet de leur souci. La sécurité est un bien public mondial que les gouvernants de la planète doivent jalousement sauvegarder. Le Tout-Puissant opulent de l’hémisphère aurait-il oublié, à leurs dépens, que Port-au-Prince est à seulement une heure de vol de la Floride ? Tandis que la coopération multilatérale dit souhaiter un monde plus égalitaire et pacifique, le Nord ne perçoit jamais le Sud comme un frère à encadrer dignement. En réalité, il n’y a eu aucune volonté manifeste de cette communauté internationale pour sortir Haïti de l’impasse. Il est temps de cesser cette hypocrisie en œuvrant sincèrement à un village mondial plus égalitaire.

Face aux défis majeurs de rétablir la sécurité et de permettre à la population de vivre dans la dignité pour pouvoir organiser des élections crédibles, la nouvelle année s'annonce pénible. Le manque de crédibilité dans la présidence actuelle suscite aussi beaucoup de doute à propos de la faisabilité des grands chantiers à engager au pays. Sur le plan de la représentation politique, il est fort probable que la société soit contrainte de revenir une nouvelle fois à la case départ, car la prémisse électorale voudrait que la confiance dans les leaders soit rétablie. La transformation du paysage pour atteindre la stabilité et le progrès souhaités exige des figures politiques intègres et courageuses aux axes stratégiques du pays, particulièrement à la présidence.

Sous hypothèse du respect des clauses des potentielles coopérations avec des pays amis de la région, l’idée de développer des coopérations Sud-Sud paraîtrait effectivement une bonne alternative. Cette nouvelle dynamique avec des frères loyaux promettrait de faire bouger les lignes dans l’intérêt d’Haïti. Tout en saluant la surprenante démarche de la présidence de solliciter le soutien de l’ALBA pour collaborer dans la résolution de l’insécurité, gardons à l’esprit que le succès de toute coopération dépend d’une coordination efficiente au niveau local.

À preuve, la gestion du Petrocaribe était un désastre en raison de la voracité des dilapidateurs dans la gestion administrative du pays. « C’étaient des perles remises aux pourceaux ». Haïti n’en a pas obtenu les résultats de développement escomptés de cette coopération. De la même façon, de potentiels supports de l’ALBA ne serviront non plus à rien en dehors d’un pilotage politique local épris de science et de conscience qui vise véritablement à enrayer le fléau de l’insécurité. 

La démocratie ne se résume pas à des élections. Que l’organisation des scrutins ne soit donc pas une obsession en 2025. Car en absence des préalables, les élections sont susceptibles d’engendrer des désastres irréversibles au pays en attisant des crises interminables. La tâche d’organiser des élections crédibles ne saurait être dévolue à une institution aussi décriée et discréditée que ce CPT sali par des scandales de demande de pot de vin. Haïti a notamment besoin d’une prise de conscience nationale, surtout au niveau de son élite politique. La volonté de changer le décor doit se manifester dans un renouveau politique et une redéfinition des priorités pour assurer un avenir plus stable et prospère.

Haïti doit cesser de perdre du temps dans le même refrain d’un leadership politique clanique mangeur de temps, d’argent et de talent. À défaut de trouver un ultime consensus avec une réduction à trois des membres du CPT, ce qui paraît quasiment utopique, la direction politique du pays doit être assurée par des citoyens dignes, au-dessus de tout soupçon de corruption. De telles personnalités dotées du sens patriotique pour accomplir la mission de remettre le pays sur les rails de la stabilité, il y en a tant au terroir qu’à la diaspora. Les institutions de vigie devraient pouvoir jouer un rôle d’investigation et de promotion pour les persuader à s’y engager tout en leur accordant les moyens de la politique d’assainir le pays et organiser des élections selon les règles de l’art.

S’appuyant sur le creusement des inégalités et des écarts aux objectifs du développement soutenable, le PNUD interpelle sur un danger imminent par rapport à la façon insouciante dont la communauté mondiale agit face aux défis communs. L’institution des Nations Unies convie à changer de cap afin de corriger les inégalités de développement humain tout en évitant de verser dans l’ingérence. À propos de la convergence vers le progrès, et si la communauté internationale opte de faire d’Haïti un projet pilote en choisissant en toute franchise de promouvoir la coopération au lieu du conflit ?

Tout en rêvant une nouvelle forme de coopération internationale empreinte de respect et d’humanité, nous émettons le vœu d’une année 2025 marquée par l’émergence d’un nouveau leadership capable de guider la nation vers la stabilité et le développement.

 

Carly Dollin

carlydollin@gmail.com

Personal Webpage

 

Pour consulter les articles précédents, cliquez ici

 

Références

  1. Banque mondiale en Haïti : Développement, recherche, données | Banque mondiale en bref
  2. Bureau intégré des Nations Unies en Haïti (BINUH). Rapport du Secrétaire général, Octobre 2024.
  3. Jean Fritz Alphonse (2019), Haïti, une économie de violence. Les Editions Pédagogie Nouvelle, S.A.
  4. PNUD. Rapport sur le développement humain 2023-2024. Sortir de l’impasse ; Repenser la coopération dans un monde polarisé.
  5. Programme Alimentaire Mondial (PAM). Rapport succinct de l’évaluation du plan stratégique pour Haïti (2018–2022), 2023.
  6. Unité de Lutte Contre la Corruption (ULCC). Résumé Exécutif - 241002 – 130345

LAISSEZ UN COMMENTAIRE

0 COMMENTAIRES