Retour de Trump : quelle sera l'économie de la mémoire d'Henry Kissinger ?

Décembre 2023, le mapou de la politique étrangère des Etats-Unis durant plusieurs années est tombé, à l'âge de cent ans et quelques mois. (27 mai 1923-29 décembre 2023). Moins d'un an après, en novembre 2024, un président républicain, membre de ce même parti d'attache, est élu pour reprendre le contrôle de la politique étrangère des Etats-Unis.  Sur la base que l’histoire est souvent un perpétuel recommencement, à quoi devrait-on s’attendre dans l'après-midi du 20 janvier 2025, qui rappellera dans un certain sens certaines similitudes de la période dominée par Henry Kissinger ?

Dans la nouvelle palette de la géopolitique de la maison blanche, plusieurs couleurs sont ciblées, notamment celles des drapeaux du Canada, du Venezuela, de la Norvège, entre autres qui pourraient être, se voir ajouter des étoiles, ou voir le trempé dans les nouvelles vagues tarifaires qui seront imposées ou négociées. 

 Dans une approche de politique comparée, quels sont les points communs entre la période d'influence de Henry Kissinger, comme grand boss de la diplomatie américaine avec celle qui s'annonce déjà ?  Devra-t-on s'attendre à l'émergence d'une nouvelle figure aussi symbolique que Kissinger, qui passera des marqueurs géopolitiques et économiques, aux marqueurs technologiques et économiques ? 

Diplomate de carrière, 56e secrétaire d'Etat des Etats-Unis, conseiller à la sécurité nationale, auteur entre autres, Heinz Alfred Kissinger originaire de l'Allemagne et membre du parti républicain aura marqué son temps et la géopolitique internationale de l'après 1945. 

Dans ce nouveau chapitre des relations internationales qui sera écrit à partie de  20 janvier 2025, en reconnaissance de son influence persistante dans plusieurs domaines, notamment dans l'économie du savoir, à travers l'héritage politique, géopolitique, institutionnel, intellectuel et symbolique, tout esprit curieux ou avisé devraient prendre le temps de revisiter la mémoire de ce dernier, pour tenter de décrypter quelques éléments ou instruments diplomatiques ou politiques qui pourraient refaire surface dans la nouvelle aventure qui s'annonce sur la scène internationale. 

Diplomatie d'affaires revue et corrigée, certainement augmentée dans ce contexte de nouvel ordre mondial dominé par l'affirmation de nouvelles puissances et nations émergentes, qui imposera plus que jamais la négociation (politique, économique, militaire, culturelle, humanitaire ou croisée). N'est-ce pas que c'est Henry Kissinger qui a été un acteur incontournable pendant la guerre froide, notamment dans le rapprochement des Etats-Unis, avec la Russie et la Chine ? Ces deux mêmes pays, aussi puissants et déterminants dans l'équilibre et l'émergence des BRICS, avec lesquels la nouvelle administration devra revoir ses agendas et centres d'intérêts. 

D'une mission secrète réalisée en juillet 1971, pour nouer les liens avec la Chine communiste. Ce qui allait favoriser la visite du président Richard Nixon à Pékin l'année suivante en 2025. Désormais, confirmée parmi les concurrentes les plus incisives et agressives des Etats-Unis, ces derniers devront  inévitablement reconstituer les notes de Kissinger pour tenter de tenir ce taureau par les cornes.  

Des dictateurs supportés, comme les régimes au Chili, avec Augusto Pinochet, et en Haïti avec les Duvalier en Haïti, de père en fils, entre 1957 et 1986.

Des négociations entreprises dans le même temps, pour mettre fin à la guerre au Vietnam, allaient lui offrir le ticket pour le Prix Nobel de la paix. Même si ce dernier a dû se faire représenter lors de la cérémonie de remise du prix à Oslo, pour ne pas subir les critiques et les manifestations hostiles au choix de sa personne pour bénéficier d'un tel honneur.  

Des invasions soutenus par les Etats-Unis,  durant le règne de l'auteur : "Les années orageuses", notamment avec le cas du soutien accordé au président indonésien Suharto, dont l'invasion aura causé plus  plus de 200 000 morts en 1975, au Timor, sans citer les cas de la Turquie en 1974, qui a saisi un tiers du territoire de Chypre, et les opérations de déstabilisation en Afrique, sont autant de faits géopolitiques associé au personnage de Kissinger,  un criminel pour certains et un sage pour d'autres, dont l'ombre pourrait bien s'entendre au delà de sa sépulture encore fraîche. 

Dans son soutien inconditionnel à Israël, et notamment dans la reconfiguration de la région du Moyen-Orient au profit des Etats-Unis, sous l'influence de Henry Kissinger. Le Devoir souligne dans l'article titré Henry Kissinger en cinq moments clés",  "Henry Kissinger a consacré une bonne partie de son temps au Moyen-Orient, organisant notamment un pont aérien massif, l’opération Nickel Grass, pour ravitailler l’allié israélien en armes après l’attaque surprise de pays arabes lors de la fête juive de Yom Kippour en 1973. Il y inaugure ensuite la « diplomatie de la navette », négociant avec Israël, la Syrie et l’Égypte, qui deviendra un allié clé sortant de la sphère d’influence de Moscou.". 

D'ici le 20 janvier 2025, avec le retour en force du clan républicain, le même au sein duquel Kissinger a servi pendant des années, même s'il reste un personnage aussi inspirant pour des figures influentes du camp démocrate, quelles sont les leçons géopolitiques ou les exercices géostratégiques qui porteront les marques de Kissinger,  que la nouvelle administration du 20 janvier 2025, va tenter d'adapter ou d'imposer aux nombreux autres pays ciblés dans les déclarations en cascade qui suivent la publication des résultats des élections présidentielles de novembre 2024 ? 

De la nécessité de consulter : “L’incidence des fuites non-autorisées sur la politique étrangères des Etats-Unis”, suivant une stratégie bureaucratique ou coup d’épée dans l’eau ?”.  Cette recherche portée par Karine Prémont, dans le cadre de ses études de doctorat en science politique à l’université Québec à Montréal en 2010,  permet d’explorer les différents mots clés suivants :  présidence des Etats-Unis ; Maison-Blanche ; Processus décisionnel ; Fuite non-autorisées ; Politique étrangère des Etats-Unis ; Leadership présidentiel ; John F. Kennedy ; Lyndon B. Johnson ; Richard Nixon ; Gerald Ford ; Jimmy Carter ; Ronald Reagan ; Georges Bush ; Bill Clinton ; Georges W. Bush.

Diplomatie des savoirs partagés, le résumé de cette thèse se propose d’explorer : “La littérature spécialisée sur le processus décisionnel menant à l'élaboration et à l'application de la politique étrangère des États-Unis néglige l'étude des fuites non-autorisées d'informations confidentielles. En fait, les rares auteurs qui s'y intéressent les présentent principalement comme des tactiques d'influence bureaucratique, jugées la plupart du temps efficaces, sur le processus décisionnel et, par extension, sur la politique étrangère américaine.”.

Démarche objective, souligne l’universitaire :  “Une étude préliminaire de 30 fuites a permis d'établir trois constats: d'abord, il y a des différences importantes entre les conséquences des fuites autorisées et celles des fuites non[1]autorisées sur l'élaboration de la politique étrangère, ces dernières ayant en général plus d'impact puisqu'elles sont par définition inattendues. Ensuite, les classifications existantes ne permettent pas de bien comprendre les motivations et les objectifs visés par les personnes qui orchestrent les fuites. Finalement, les conséquences des fuites non-autorisées ne sont pas fortuites.”.  Ces résultats ont mené à la formulation de l'hypothèse suivante: pour qu'une fuite non-autorisée ait une conséquence directe, c'est-à-dire soit capable d'influencer la politique étrangère des États-Unis, quatre éléments doivent être présents simultanément: (1) il y a un manque de cohésion au sein de l'équipe décisionnelle entourant le président, (2) la Maison Blanche n'a pas de position claire au sujet de l'enjeu visé par la fuite (3) le président n'exerce pas un leadership positif et (4) les médias critiquent l'administration de façon soutenue concernant l'enjeu visé par la fuite. Si un seul de ces éléments est absent, il semble que les fuites non-autorisées ne peuvent avoir que des conséquences indirectes: elles ne seront alors pas en mesure d'agir de manière significative sur la politique étrangère américaine bien qu'elles peuvent avoir des effets sur les conseillers ou sur les mécanismes décisionnels. De même, si tous les critères sont absents, les fuites non-autorisées n'ont aucune conséquence, directe ou indirecte, sur le cours de la politique étrangère des États-Unis.

Devant toutes ces considérations scientifiquement prouvées par Karine Prémont, en tenant compte des faits relatifs avec le personnage central de notre publication, par rapport aux nouvelles configurations en perspective, les observateurs avisés sont invités à suivre avec attention les éventuelles, possibles ou futures fuites qui pourraient confirmer l’héritage de Kissinger ou se démarquer de ce dernier.  

Diplomatie ; De la Chine ; Leadership. Six studies in World Strategy ; L'ordre du monde ; Genesis. Artificial intelligence, hope, and the human spirit ; White House Years ; Years of renewal ; Years of Upheaval ; The age of Al ;  Sortie de Crise ; La nouvelle puissance américaine, sont entre les deux langues ( anglaise et française), parmi les repères que certainement des anciens et nouveaux conseillers de la future administration de la politique étrangère, ou même des intelligences artificielles vont tenter de décrypter pour trouver les ressources ou les recommandations à travers l'héritage de l'économie des savoirs de Henry Kissinger. 

 

Dominique Domerçant

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