Journal haïtien de l'aviation: les Cayes à la une, un pas de plus dans la bonne direction !

Déplacement officiel, délégation présidentielle, décor modeste, discours officiels, distinctions remises, divertissement culturel, tels sont les principaux points qui marqueront la journée du 5 mars 2025, dans l'histoire de la ville des Cayes. Avec l'achèvement des travaux d'agrandissement de la piste de l'aérogare rebaptisé aéroport international Antoine Simon, pour   accueillir prochainement des vols internationaux, comme c'est le cas pour la deuxième grande ville du pays depuis plusieurs années, un nouveau pas a été franchi dans la bonne direction. 

De nouveaux défis pour l'ensemble des acteurs politiques, économiques, socioculturels  pour la commune ? La ville des Cayes à la une d'une majorité des médias du pays, et sous une pluie de critiques majoritairement légitime et compréhensibles, sur  les réseaux sociaux, discutant autour du sens et de l'essence de ce qu'il entend ou à l'habitude de voir et de visiter comme aéroport international, au delà du discours politique et  représentation symbolique  ? 

Dans ce petit pas franchi dans la ville des Cayes, c'est une invitation qui est lancée à toutes les couches de la population du Grand Sud, en particulier aux habitants du chef- lieu du département du Sud, et les plus proches voisins de cet équipement aéroportuaire qui se réinvente. A bord de ce nouveau numéro du  journal de l'aviation civile en Haïti, je vous invite à lire et à déconstruire certaines perceptions ou appréciation des faits en cours, pour mieux pénétrer le sujet beaucoup plus en profondeur et sans passion. Pardon à celles et ceux que mes idées pourraient déranger. Même en plein vol, vous êtes libres de prendre la sortie. 

Dans l'éditorial qui inaugure ce numéro autour du titre en trois mots clés : Critique, Construction et Conscience, on se posera les bonnes questions (Si se pa voye yo voye w !). A partir du premier concept, un grand nombre de critiques retenus (fondées ou mal formulées) sur les médias sociaux, en lien avec la cérémonie du 5 mars aux Cayes, cet événement a permis de voir et d'apprécier comment le peuple haïtien dans toutes ses composantes, même dans cette situation chaotique, continue de garder haut et fort le flambeau de la grandeur ancestrale, le goût du beau et de l'excellence, l'affirmation de l'intelligence et du bon sens.    

Du deuxième concept qui fait référence à la construction, on est pourtant amené à travers une démarche philosophique et constructivisme à rappeler à qui veut l'entendre, que la génération de l'après 1986, en dehors de quelques exceptions confirmés comme Castel originaire des Cayes et ses pairs, la majorité des autres acteurs semblent très confortables dans  la formule du «Pito nou lèd nou la». 

D'un autre côté, il n'y a pas lieu de s'en prendre aux décideurs actuels, en sachant que depuis toujours dans le secteur de l'aviation civile à travers le monde, a toujours été un secteur largement influencé par la dimension de la coopération internationale, depuis la première réunion tenue dans la ville fondée aux Etats-Unis par un Haïtien. Cela dit, sans l'accord des principales institutions internationales impliquées dans la régulation et la supervision du secteur, telles que l’Organisation de l’Aviation civile internationale (OACI) et de l’Association internationale du Transport aérien (IATA), les autorités haïtiennes n'allaient jamais s'engager dans une telle démarche pour accrocher cette nouvelle distinction internationale à l'ancien aérogare.    

Du bon sens à l'intelligence, pour aboutir au peu de conscience qui reste chez nos frères et soeurs, passagers sur cette terre, on est en droit de nous questionner, de façon objective et sans démagogie,  en ces termes : Est-ce que la ville des Cayes est prête honnêtement pour se doter d'un grand et moderne aéroport international en 2025, comme le souhaite plus d'un ?  De l'incendie de l'avion dans cette même ville, il y a moins d'un an, le 29 mars 2024 au 5 mars 2025, et sans se référer aux incendies des bureaux publics en 2011,  la compréhension et l'intelligence de la population cayenne autour de la notion du bien commun, s'est-elle améliorée depuis ? Quelles sont les véritables potentialités économiques et touristiques, culturelles et attractives de la ville des Cayes et ses régions, et en particulier les principaux  investissements  consentis pour consolider la sécurité du site, afin d'éviter que  l'incident du 11 novembre 2024 à Port-au-Prince, avec les avions touchés par balle entre la piste et l'envol à l'aéroport Toussaint Louverture, ne se répète, ou ne reproduisent les mêmes effets dans le Sud, qui a déjà connu le pire ?  

De nombreuses autres rubriques sont proposées également dans le journal de l’aviation civile en Haïti, autour de la politique, l'économie, la culture, la coopération, la science, l’éducation, entre autres. Les personnes qui critiquent de façon légitime la forme et le fond de cette communication politique qui sert avant tout à boucler le règne de l’architecte Leslie Voltaire, autant que les notables et autorités dans la ville des Cayes qui sont condamnés à franchir l'étape technique de la piste et le plus politique qui motivent nos dirigeants, seront autant servis dans les principaux paragraphes qui composent ce journal. 

D'autres acteurs sociaux de la commune, principalement les jeunes qui évoluent dans les principaux départements concernés par cet équipement, devraient prendre encore plus au sérieux la maîtrise des langues étrangères et  certaines lectures concernant ce secteur hautement stratégique, afin de mieux identifier les principaux sous-secteurs et professions dans lesquels ils pourraient entreprendre et faire carrière, en sachant  l'aéroport international ou non, est avant tout une porte d'entrée, une vitrine, une passerelle qui doit mener vers des activités, des opportunités et des attractions beaucoup plus sérieuses. 

Dans la section politique du journal, on retiendra les contenus sous forme de questions suivantes : Quel est l'héritage politique réel  d'Antoine Simon dans l'histoire d'Haïti et qu'en est-il de la gestion de sa mémoire dans la ville des Cayes, sa ville natale ? Pourquoi répertorier les principales autorités politiques haïtiennes  qui se sont associées  dans la création et  l'évolution de l'aéroport international Antoine Simon, en termes de passif ou d'actif ? Quelle place occupe la pierre posée en 2013, par l'administration Martelly-Lamothe, dans ce nouveau chantier ? Quelle est l'économie politique de cette cérémonie dans le bilan historique d’un architecte à la tête du Conseil présidentiel de Transition (CPT), Lesly Voltaire ? Comment la ville des Cayes devrait-elle s'organiser face aux acteurs politiques et aux  mouvements populaires pour ne pas s'autodétruire et ternir son image à la face du monde, avec d'autres événements similaires à ceux de  décembre 2011 et en mars 2024 ? 

De nombreuses autres questions sur le plan économique et financier trouveront également des réponses pertinentes dans  la rubrique économique du Journal de l'Aviation civile haïtienne, en consultant les pages de la rubrique économique. Avec la publication dans les détails des montants alloués au financement des travaux d'agrandissement de la piste de l'aérogare d'Antoine Simon, en passant par la liste des principales entreprises et bénéficiaires directes et indirectes ? Même s'il s'agit avant tout des miettes investies et pour lesquelles certains attendent souvent beaucoup trop de résultats, face aux dizaines et centaines de millions ou des milliards qu'il faudrait investir pour avoir un aéroport digne d'un monument de nos jours. 

Dans une perspective pour avoir un grand et beau modeste aéroport international à la hauteur de la vision de grandeur des fiers Cayens, il sera possible de commencer par se questionner sur le vrai montant exact du budget nécessaire pour doter la ville des Cayes de cet aéroport moderne, capable de rattraper  et dépasser les infrastructures de la République dominicaine, ou d’autres villes ? Comme un boomerang, les mêmes questions reviendront  toujours, combien d'hôtels de niveau international, avec des salles de convention, des hôpitaux et d'autres structures écologiques, des parcs, des musées, d'autres services de base comme la sécurité, l'électricité,  les routes et les infrastructures technologiques et numérique,  entre autres la les Cayes et les autres villes voisines disposent-elles pour mériter un plus grand complexe aéroportuaire ?   

Dans la rubrique culture du journal de l’aviation, tous les responsables indistinctement seraient invités à découvrir comment d’autres pays s’engagent, s’investissent et s'organisent dans la valorisation des noms associés aux équipements aéroportuaires. En dehors des images de la maquette d’avion présentée au président Voltaire, autant que les choix des compositions musicales interprétées lors de la cérémonie du 5 mars 2025, il sera question d'apprécier les multiples formes de représentations artistiques, culturelles et symboliques associées au personnage d'Antoine Simon dans la ville des Cayes, en passant par sa tombe, que j'ai eu à visiter avec tristesse.  

Dénaturé avec le temps et laissé dans l'oubli, en attendant les prochaines étapes dans cet aéroport qui porte le nom de l'ancien président d'Haïti, la mairie devrait commencer par restaurer les anciens résidences et la tombe d'Antoine Simon, qui sont le le prolongement de la piste d'atterrissage. Qui a dit que la ville des Cayes pourrait profiter de cette occasion pour aménager le musée Antoine Simon ? A mieux informer et éduquer les jeunes, les écoliers et les visiteurs dans la commune à mieux valoriser, protéger et préserver ce patrimoine en construction ? 

Dans l'attente du concours de logo pour cet aéroport, les notables de la ville pourraient commencer par mobiliser  une équipe engagée dans les activités visant à constituer et  à conserver les principaux documents archives de toutes sortes associés à l'histoire de la ville, et l'évolution de cet équipement multifonctionnel. La liste des participants et les talents, les membres du personnels, les principaux contributeurs établis un peu partout (Cayes, Port-au-Prince, les autres villes en Haïti et dans le reste du monde) impliqués dans la réussite de cette nouvelle étape franchie, les textes des discours, photos, vidéos, objets de souvenirs comme les rubans, les ciseaux, les costumes, les décorations, et d’autres objets témoins, sont autant de choses à conserver pour marquer les prochains dix ans, et le centenaire de ce que sera l'AIAS. 

 Dans la rubrique coopération :  grâce à l’initiative des principaux ministères et autres institutions publiques, notamment l’OFNAC et l’ANN, de  rendre disponibles à la ville des Cayes, les principaux contrats signés entre l’Etat haïtien avec ses différents  partenaires locaux et internationaux dans le cadre de ce projet et  pour les autres interventions à venir, les lecteurs seront largement informés sur ce dossier. Enfin, les deux rubriques sciences et éducation, proposées dans ce journal haïtien de l’aviation civile, permettront d'apprécier  de nouvelles  informations à travers les angles suivants : Les portraits des hommes et des femmes d’origine haïtienne, avec des racines familiales dans le département du Sud, ces derniers qui sont pour la plupart formés dans le secteur de l’aviation civile et qui évoluent au sein des plus importantes institutions de l'aviation et du transport aérien. Une sélection des projets de recherche en maîtrise et en doctorat abordant la problématique de l’aviation civile en Haïti serait présentée dans les colonnes du journal.

Dans cette même page, l’analyse des retombées de l’accord signé entre le rectorat de l'Université d’Etat d’Haïti (UEH) et l'Autorité aéroportuaire national (AAN) sera revisitée, pendant que dans la page suivante, on pourrait découvrir une sélection des principaux auteurs haïtiens, avec leurs ouvrages, qui abordent différentes manières la thématique de l'aviation. Ce sont autant d'informations parmi d'autres à retenir dans ce numéro.  

Dans l'attente des prochaines étapes dans la continuité des travaux de cet aéroport, on retiendra dans la culture populaire de  plusieurs pays et cultures à travers le monde, on dit souvent que chaque peuple a le dirigeant qu’il mérite. Cette formule pourrait bien s'appliquer dans un autre angle, selon lequel chaque ville à l'aéroport international qu’il mérite. 

D'ici les cinq à dix prochaines années, les élites et les notables, les entrepreneurs, les élus et l'ensemble des acteurs influents de la commune, du Grand Sud, des femmes et des hommes évoluant dans la diaspora, les plus hautes autorités de  l'administration centrale, sont invités à prouver les étendus et les limites de leur vision à travers des actions concrètes.  

Des leaders politiques apatrides, des masses manipulées ou motivées par l'autodestruction du bien commun, devraient à leur tour commencer par arrêter d’incendier les bureaux publics et les avions civiles. Ces actions autodestructrices ne vont certainement pas attirer les investisseurs, les touristes, encore moins les gros aviateurs capables de rendre fonctionnel et utile les travaux remis le 5 mars 2025. Autant reprendre le contrôle des mouvements populaires et les dérives  dans la commune, tout en profitant des leçons et des revers de l'aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince, malgré la construction en cours de sa grande tour de contrôle a dû se soumettre aux normes, restrictions ou sanctions internationales. C'est aussi ça, le prix à payer pour porter le qualificatif international que l'on vient d'ajouter, à l'une des plus importantes et stratégiques institutions de la ville des Cayes, et infrastructures aéroportuaires du pays, qui porte le nom d'Antoine Simon.

 

Dominique Domerçant 

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