Dans le chaos actuel dans le pays, qui est largement causé par les violences urbaines depuis plus de cinq ans à travers les principales villes qui composent le département l’Ouest, parmi lesquelles la capitale Port-au-Prince, et les autres plus importantes communes telles Delmas, Pétion-Ville et Tabarre, qui accueillent les bureaux des conseils d’administration des banques, plus d’une reconnaissance que les esprits rationnels ne sont pas à la fête. Face à cette ambiance morose, cela ne nous n’empêche pas pour autant d’investir nos recherches et réflexions autour de l’économie du temps, afin d’explorer certaines des dimensions commémoratives relatives à la mémoire des banques en Haïti.
De nombreux bâtiments et des succursales des banques ont été détruits au cours de ces vagues de violences récentes à répétition. Autant que de nombreuses institutions financières et bancaires ne figurent plus dans les répertoires au fil des ans. Pourquoi explorer les rendez-vous manqués dans ce secteur en 2025 ? Quelles sont les principales dates à retenir de 1825 à 2025 ? Comment observer l’évolution des banques en Haïti à travers les décennies 1985, 1995, 2005 et 2015 ?
Deux siècles d’introduction des banques en Haïti : 1825
Dans le premier paragraphe qui relate quelques faits majeurs dans l’histoire des institutions financières en Haïti, publié sur le site de la Banque de la Republique d’Haïti, on peut lire que : « La plus ancienne référence relative à l’établissement d’une banque en Haïti au lendemain de l’indépendance demeure à cette date une brève correspondance échangée au cours du mois de septembre 1825 entre un commerçant étranger, M. Nicolas M. Kane, et le secrétaire d’État Balthazar Inginac. Il s’agissait d’une proposition faite par M. George Clark au nom d’un groupe allemand, Hermann Hendrick et Co., d’établir une banque en Haïti. » Cela nous porte à croire que l’histoire de la finance et des banques en Haïti célèbre pratiquement en 2025, son premier bicentenaire.
De 1825 à 1875, pendant cinquante ans, ce texte rapporte : « La pose de la première pierre le 8 juin 1875 donna lieu à “d’imposantes cérémonies”. Les travaux s’effectuèrent à une allure rapide et, le 1er septembre 1875, selon les termes du contrat, le local était prêt. Mais l’institution ne put ouvrir ses portes en raison d’un ajournement de trois mois sollicité par le concessionnaire en vue de lui permettre de réaliser certaines lettres de crédit dont il se disait porteur. »
Derrière le logo de Capital Bank on retrouve la Banque de Credit Immobilier (BCI) fondée en 1985
Durant les quarante dernières années, on retiendra la création de la Banque de Credit Immobilier (BCI) en 1985, qui, onze ans plus tard, allait changement de nom en 1996, pour devenir Capital Bank. Trois ans après en 1999, l’institution allait changer de statut pour devenir une banque commerciale. Que retient-on des enseignes et archives en lien avec cette transition ? Quels sont les souvenirs des bâtiments et des membres du personnel qui ont servi la population avant la destruction des murs et la délocalisation des populations dans ce qui reste de la capitale du pays ?
Des investisseurs haïtiens entreprirent d’acquérir le patrimoine local des banques étrangères qui se retiraient. « Ceci occasionna la création de nouvelles banques domestiques. Le tableau Évolution du système bancaire permet de suivre le processus. En 1986, la Banque Royale du Canada cédait ses activités à la Société Générale Haïtienne de Banque (Sogebank). », rapporte un autre texte de la banque centrale, tout en soulignant : « Pendant la deuxième moitié de la décennie 1980, deux banques d’épargne et de logement (BEL) à capitaux privés haïtiens furent créées : la Banque de Crédit immobilier (BCI) en 1985 et la Société Générale Haïtienne de Banque d’Épargne et de Logement (Sogebel) en 1988. ».
Décennies 1985-1995 : quand la BCI et la Socabank manquent à l’appel ?
Durant la deuxième moitié de cette décennie suivante, l’article poursuit : « De nouvelles banques à capitaux privés haïtiens émergèrent. Il s’agit de la Unibank (1993), la Société Caraïbéenne de Banque (Socabank, 1995) et la Banque Métropolitaine d’Haïti (BMH ou Métrobanque, 1996). La Banque de Promotion commerciale et industrielle (Promobank) reprenait les activités de la Banque Nationale de Paris (1994); la Banque Intercontinentale de Commerce (BIDC) celles de la First National Bank of Boston (1996) et de la Métrobanque (1997). L’acquisition, en novembre 1998, de la BIDC et de sa filiale, la BMH, par la Sogebank porta le système bancaire à douze établissements : 2 banques commerciales d’État, 2 succursales de banques étrangères, 7 banques commerciales à capitaux privés haïtiens et une BEL. La BCI a changé de dénomination en 1996 pour devenir la Capital Bank qui a acquis, en mars 1999, le statut de banque commerciale. »
Dernier conseil de la BRH sous l’administration Duvalier le 11 juin 1985 !
Dans un arrêté publié le 11 juin 1985, l’administration de Jean-Claude Duvalier qui avait opté six ans plus tôt, en 1979 pour la séparation de la BNRH en deux institutions distinctes (Banque Nationale de Crédit et Banque de la République d’Haïti), allait nommer à la tête de la BRH, son dernier conseil pour 3 ans. Il est composé des personnalités suivantes : Jean Claude Sanon, gouverneur ; Jacques Joubert, gouverneur adjoint ; Félix Gaston, directeur général ; Stanley Théard, membre et Bonivert Claude, membre.
Dix ans plus tard, en 1995 : « les dépôts ont enregistré une augmentation exceptionnelle de 43%, passant de 6 507 à 9 310 millions de gourdes. Leur évolution subséquente (1996-1998) a été assez inégale et n’a jamais pu atteindre le niveau de 1995. », rapporte le huitième paragraphe de l’article titré : « Le système bancaire haïtien “, disponible sur le site de la banque centrale.
Dix ans bientôt, depuis la promotion de l’ancien directeur général Jean Baden Dubois, comme gouverneur le 15 décembre 2015, pour passer environ huit ans à la tête de l’institution avant d’être remplacé par un autre ancien directeur général devenu gouverneur, l’économiste Ronald Gabriel, le 8 octobre 2023.
Durant cette année 2025, même avec une certaine amélioration de la situation sécuritaire et socioéconomique dans le pays, comme le souhaite plus d’un, les principales banques du pays devront reporter à l’avenir la commémoration de plusieurs grandes dates importantes.
Dans cette perspective, on retiendra les principaux faits marquants autour de l’évolution du système financier et dans l’histoire de la banque centrale. On commencera par le dixième anniversaire de l’inauguration du Centre de Convention et de Documentation, le 17 novembre (2015-2025). Ce local fut au cours des ses cinq premières années, l’un des principaux centres d’attraction et d’animation à l’ancien centre-ville de la capitale, il était une fois.
D’autres rendez-vous manqués pour la banque centrale cette année 2025, tels que le cinquième anniversaire de la création du Fonds BRH pour la recherche et le développement le 19 février (2000-2025). Les 25 ans de la création du musée numismatique le 23 février (2000-2025) sont passés sous silence en dépit des nombreux projets d’expositions et de publications qui visaient depuis plusieurs années à valoriser la diversité des collections de l’institution.
Deux parmi les anciens membres de conseils d’administration de l’institution à gravir les échelons pour devenir gouverneur de la banque centrale. Bonivert Claude faisait son entrée au conseil en 1985, et Ronald Gabriel allait faire son entrée au conseil en 2015.
Dans l’espace de deux siècles (1825-2025), pour passer les quarante dernières années (1985-2025), avant d’aboutir à la dernière décennie en date (2015-2025), ils sont nombreux les faits marquants en dehors de l’inauguration des bâtiments administratifs, des succursales et d’autres lieux de rencontres dans le secteur qui participent dans la dynamique institutionnelle et la gouvernance du système financier haïtien. À travers la mémoire des banques en Haïti, il y a toute une économie des dates à prendre en compte pour mieux entreprendre dans ce secteur.
Dominique DOMERÇANT