Vodou : quel agenda économique pendant les vacances dans les Lakou ?

Des Lakou Vodou ne tiennent plus l’animation dans certains quartiers et certaines villes avec le niveau d'insécurité, de violence et d’isolement de certains quartiers, des villes et de plusieurs départements en Haïti.

 

Derrière ce couvre-feu imposé dans plusieurs villes du pays, elles sont nombreuses les bandes de Rara et des sociétés secrètes qui n'occupent plus les rues et les carrefours pendant la nuit pour les besoins de représentation, de négociation, de célébration, de consommation, de communion, de création et d’animation.

 

Durant la journée pratiquement qui accueille les plus importantes activités, on se demande quelles sont les principales activités économiques  innovantes organisées dans les péristyles en Haïti pour répondre aux besoins du moment ?  En dehors des consultations ou leçons, des bains de chance, des interventions pour les guérisons, des illuminations et des fabrications de lampes,  des interpellations et des expéditions, il parait important d’initier des réflexions sur les agendas économiques des Lakou Vodou en Haïti ?  

 

Durant ces journées qui compléteront les vacances estivales, nombreuses sont les activités socioculturelles et socioéconomiques qui pourraient animer  l’agenda des dizaines et centaines de  Lakou établis dans chaque département géographique d'Haïti. Quelles sont ces activités et pour quel public ?  Comment sortir de l’agenda traditionnel de célébration des Lwa qui tournent autour des dépenses et de la consommation, pour rentabiliser les activités dans les Lakou ? Pourquoi et comment sortir de la pauvreté des membres qui occupent les espaces des Lakou ?  

 

De la formation des jeunes et leurs familles, en passant par l’animation des quartiers, des villes et des régions du pays, les Lakou en Haïti disposent toute une artillerie d'activités les plus diversifiées, pourtant non prise en compte par les responsables. Ces manifestations et propositions innovantes pourraient d’une part, renforcer leur image, et d’autre part, rentabiliser leur actif socioéconomique.

 

De la formation initiale des jeunes dans les pratiques du Vodou, en passant par l’initiation dans les danses populaires, et sans oublier -les traditions ancestrales, les connaissances populaires, l’histoire du Vodou et les créations autour des Vèvè, entre autres, sont parmi les séances ou sessions de formation que les Hougan et Manbo, les Hounsi devraient offrir à leurs communautés respectives pendant les vacances estivales chaque année.

Des élèves et des étudiants beaucoup plus disponibles pendant les vacances, ne disposent pas pour autant des activités récréatives et instructives pour combler leur temps, en dehors du sport, des jeux de société, des nouvelles stressantes et des attractions sur internet et les réseaux sociaux pas toujours valorisantes.

 

Devant un tel constat et face à des publics curieux, disponibles, assoiffés de connaissances et motivés à dompter certains mythes et à transcender certains mystères en Haïti, le secteur Vodou en Haïti devrait s'inscrire dans une démarche visant à sensibilisation, à formation, à initier et à développer des activités économiques, socialisantes, entrepreneuriales et innovantes.

 

Des universités d'été sur le Vodou en Haïti, pourquoi pas ?  De telles activités seront organisées dans les plus importants Lakou du pays, en vue de permettre à des professionnels et des spécialistes, des parents, des professeurs, des leaders des autres religions moins hostiles aux traditions populaires, des profanes et des curieux du Vodou de participer à des sessions d’informations et des séances de formations payantes.

 

Des journalistes et des professionnels en congé durant les vacances allaient ainsi bénéficier de ces activités enrichissantes lors des échanges et des partages d'expériences sur l’organisation, la structure, la hiérarchie, les productions et d’autres considérations dans le Vodou Haïtien.

 

Des ateliers de création et de production autour du Vodou pourraient également compléter la liste des initiatives économiques et culturelles à mettre en place pour déconstruire le mal qui enveloppe la culture ancestrale ces derniers mois. Quelles sont les productions spécifiques à chaque lakou et chaque région sur le plan de l’artisanat, l’agriculture, la gastronomie, et d’autres produits dérivés et destinés à la consommation locale et à l’exportation à l'échelle régionale et internationale ?

 

De quoi a véritablement besoin le Vodou ? Certainement des moyens économiques et financiers pour intervenir dans les infrastructures à consolider, et pour nourrir les familles qui habitent et entourent les lieux certes ! Mais beaucoup plus encore, le Vodou a surtout  besoin d’un renouveau dans son leadership local et visionnaire, capable de dynamiser ces sites mystiques. Il faut valoriser ces Lakou  les plus authentiques, reconnus comme de hauts lieux cultuels, touristiques, culturels et surtout polyvants à rentabiliser et à protéger contre certaines déviances et délinquances persistantes, entre la drogue, la prostitution et d’autres formes de violences.

Des sites Vodou, notamment des Lakou parmi les plus connus, disposant d’un temple Vodou, pourraient bénéficier de l’accompagnement de certaines institutions pour continuer à assurer leur rôle, en tant que lieu de rassemblement communautaire, de formation et d’animation, de lieu de transmission des connaissances et des compétences et de lieu de création et de production des biens et services destinés aux membres du village,  et du grand public.

 

La rentabilité des Lakou passe obligatoirement par la prise de conscience des responsables de sites Vodou (Péristyle, Humfò, Démembré, Wogatwa, etc.) sur l’importance de créer de l’animation autour de ces lieux marginalisés, méprisés, oubliés et diabolisés au quotidien, pour une meilleure mise en Valeur de leur potentialité.

Dans chaque Lakou Vodou en Haïti sommeille un grand musée, à travers les nombreuses collections ancestrales et souvenirs de plusieurs familles et des visiteurs, traversant plusieurs générations, en dehors de tous les éléments qui participent à la célébration des Lwa. N’est-ce pas une véritable mine d’information qui mérite une meilleure exploitation à travers une transmission intelligente entre les responsables et les visiteurs de ces hauts lieux mythiques et mystiques ?

De juillet à septembre, en passant la nuit du 13 au 14 août de chaque année, il nous faut revoir l’agenda économique des Lakou, par la recherche et le marketing social, le questionnement et l’exploration des nombreuses opportunités économiques et des avantages que chaque élément du Vodou peuvent  offrir au plus grand nombre.

 

Dominique Domerçant

 

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