Les autorités américaines ont mis en place une véritable task force pour lutter contre la contrebande d’armes à destination d’Haïti. Lors d’une conférence de presse, des principales autorités de la Floride et du Homeland security, les officiels américains ont annoncé des mesures drastiques contre ce désastreux trafic. Une nouvelle attendue depuis longtemps de ce côté des Caraïbes.
On peut dire que cette bonne nouvelle arrive très tard dans un environnement déjà déchiré par les violences armées. Le dernier rapport du Réseau national des droits humains (RNDDH) fait état de l’assassinat de plus de 300 personnes et du viol collectif de 52 femmes et filles. Un véritable crime contre l’humanité qui n’a pas eu l’écho et la solidarité souhaités dans la communauté des nations. Ces actions indiscriminées contre l’intégrité physique et mentale de centaines d’êtres humains auront des conséquences à long terme sur les enfants qui ont assisté directement à des actes d’une extrême gravité et qui ont perdu fatalement leur innocence dans cette nuit horrible des « longs couteaux » tropicale.
L’opinion publique en Haïti a toujours condamné fermement les négligences et/ou complicités des douaniers américains et haïtiens qui ont encouragé ces désastres que nous vivons au quotidien.
Les spécialistes américains ont affirmé que certaines de ces armes avaient une portée de 1.8 kilomètre et pouvaient atteindre un avion ou un hélicoptère. Nous sommes donc devant un cas patent de complicité de terrorisme régional qui risque de mettre en péril la vie de passagers de vols civils et commerciaux. Avions-nous besoin que l’on ajoute ceci à nos « chroniques des sept misères ».
Les pays de la région doivent prendre leur part de responsabilité comme ont semblé le faire les autorités des États-Unis avec cette « parade » des plus hauts gradés du sud de la Floride. Il est effectivement très tard pour cette décision vigoureuse attendue en Haïti depuis des « lustres », mais il n’est jamais trop tard pour bien faire comme on dit. D’autant que, assécher les sources d’approvisionnement en armes et en munitions peut sur le moyen terme diminuer les mortelles envies des chefs de guerre qui ravagent nos quartiers.
En témoigne le dernier attentat qui ôta la vie ce weekend à plus de huit personnes.
Une telle violence à ciel ouvert où les cadavres de victimes sont carbonisés au milieu de populations apeurées mérite que des mesures soient prises contre ces crimes inqualifiables. Le Conseil de sécurité des Nations unies qui déclare vouloir nous accompagner donne … 90 jours aux contrevenants pour s’ajuster. Un temps dont ne disposent pas les nombreuses victimes au quotidien.
La République voisine qui craint que le « mal haïtien » ne s’exporte pas chez elle devra aussi travailler à rendre la frontière moins poreuse, et ce pas uniquement pour les personnes, mais aussi pour la contrebande d’armes et de marchandises.
Tout le dispositif militaro-technique des troupes dominicaines annoncé sur une base hebdomadaire et qui est déployé non sans une fierté sur la frontière avec Haïti pourra aussi l’être pour une cause aussi noble que l’intégrité territoriale de nos voisins.
Roody Edmé
