Quelles que soient les horreurs qu’inspire la corruption, il s’agit au demeurant d’un phénomène banal, accepté, voire encouragé en Haïti. Et, c’est là, le grand drame de notre pays.
La corruption, si elle est toujours dénoncée pour noircir les pages des rapports et servir de sujets à froid pour les journalistes, elle ne génère pas un débat en Haïti avec l’intensité et la permanence qu’il faut.
Généralement, nous isolons un fait hautement condamnable et nous partons en guerre contre lui. Il est vrai que quelques résultats ont déjà été obtenus. Mais, ils ne sont pas assez pour provoquer une rupture avec ces pratiques qui continuent de creuser la tombe blanche d’Haïti.
Avec le classement (presque confirmé) sans suite de l’Affaire PetroCaribe, on a assisté à l’effondrement des utopies d’une jeunesse en rébellion légitime contre le cynisme des cleptomanes.
Personne ne peut déterminer qui a gagné cette bataille qui a quand même pu mobiliser la rue et les réseaux sociaux pendant une longue période, portant fort la voix de centaines de milliers d’Haïtiens, d’ici et d’ailleurs, rêvant de faire enfin pays.
Demain, nous allons célébrer la Journée internationale de la lutte contre la corruption pour parler de la pluie et peut-être du beau temps à venir. Il le faut, puisque nous avons besoin d’une parole forte suivie d’actions pour chasser les mauvais nuages de la corruption. Notre réputation de peuple corrompu a déjà causé trop de torts à ceux qui s’accrochent à l’espoir de vivre enfin dans un pays qui valorise et défend l’honnêteté.
L’Unité de lutte contre la corruption, l’une des plus importantes agences de l’État haïtien dans le domaine, propose cette année un « Salon de la transparence et de l’intégrité ». Nous imaginons que des spécialistes de la question sauront trouver les bons mots pour traduire la volonté de l’État haïtien de combattre, avec la dernière rigueur, ce mal qui accélère notre perte.
Autour du thème « Votre droit, votre défi : dites non à la corruption », les Haïtiens ont besoin de se faire entendre et de sauver ce qui peut l’être. Le nombre effarant de scandales de corruption en Haïti exige que les autorités proposent, en de termes clairs, une stratégie permettant de la contrer. Aussi, il serait souhaitable d’avoir une idée des moyens et les ressources qui seront mises à contribution dans cette lutte qui concerne l’ensemble de la société.
La corruption est une menace pour la stabilité d’Haïti. Elle est partout. Même dans les activités de ceux, Haïtiens, qui la dénoncent. À l’école, dans le commerce, dans les cercles du pouvoir, c’est comme un renoncement au devoir d’être corrects.
Il est temps de développer et de faire connaître à tous les programmes qui ont été développés pour protéger l’État, le pays et ses habitants.
La Rédaction
