Le gardien des trésors

Quand les choses commencent par se décanter, du domaine du plus simple des citoyens jusqu’au niveau d’une élite dite intellectuelle qui ne jure que par les « belles reconnaissances » de la métropole, on n’a qu’à préciser que la résistance haïtienne devra trouver des manières anthropologiques plus nationalistes pour non seulement la survie du pays, mais aussi pour la sortie des « arriérismes » qui nous maintiennent dans les coulisses de la science. Ce n’est pas par hasard que nous en sommes arrivés là, à cette impasse illusoire. Une logique secrète, ésotérique, arcboutée aux réussites individuelles et à ladite réussite sociale de belles jeeps de luxe, promises par le chanteur devenu président nous a poussés dans un coin, avec l’interdiction de ne plus bouger, de ne plus penser, d’être la loque végétative de la société coloniale et capitaliste.

Quand les choses commencent par se décanter, du domaine du plus simple des citoyens jusqu’au niveau d’une élite dite intellectuelle qui ne jure que par les « belles reconnaissances » de la métropole, on n’a qu’à préciser que la résistance haïtienne devra trouver des manières anthropologiques plus nationalistes pour non seulement la survie du pays, mais aussi pour la sortie des « arriérismes » qui nous maintiennent dans les coulisses de la science.

Ce n’est pas par hasard que nous en sommes arrivés là, à cette impasse illusoire. Une logique secrète, ésotérique, arcboutée aux réussites individuelles et à ladite réussite sociale de belles jeeps de luxe, promises par le chanteur devenu président nous a poussés dans un coin, avec l’interdiction de ne plus bouger, de ne plus penser, d’être la loque végétative de la société coloniale et capitaliste.

Durant la sanglante révolution de 1804, les colons acculés à fuir le territoire enterraient avec des rituels magiques des nègres tués à côté de trésors matériels accumulés par les durs travaux des Africains emmenés de force en Amérique. Le calcul avait été fait sur la possibilité de leur retour. Ils avaient toute la cartographie de l’or et autre gisement. Cette dernière est aujourd’hui étudiée comme une indiscutable archéologie. Mais, il n’y avait pas seulement que le trésor. L’esprit de l’esclave tué dans des rituels magiques devrait protéger l’or et autre gisement dans le sol. Ainsi, l’impact social de tous les mythes autour de rêves de trésors dont l’ancien président de la République offrait, à toute une population, vivant parmi les immondices et autres maladies infectieuses imposées.

Mais, l’anthropologue haïtien, formé en grande partie dans les universités occidentales, ne dira pas toute la vérité des manipulations mentales dont a été victime l’ancêtre esclave et, par l’hérédité de l’ADN, sa descendance dans une nation qui a continué, dans l’arrivisme individuel, les mêmes pratiques des maitres, un peu plus élaborées par les nouvelles technologies de la pharmacologie et de l’empoisonnement. Dans la continuité de l’accablement de l’autre, on n’a pas pensé à l’œuvre du temps, au travail permanent sur soi et sur sa collectivité et, surtout, au vol des trésors spirituels antérieurement déposés par la nature chez un sujet choisi pour mener à bon port une nation errante et sans boussole.

Arnold Antonin dans un de ses films inspirés a montré la dimension sociologique d’un être dont l’âme aurait été gardée dans une bouteille. C’est l’esclave enterré dans un trou, près de l’or et autre gisement, cartographié pour l’époque connue du retour des envahisseurs ! Mais Antonin, sociologue, a retenu, pour les générations futures, l’amour de l’aliéné pour une femme jeune et noire. Et c’est ce sentiment-là, éprouvé dans le temps, entre rétention et relâchement, qui fera retrouver à l’esclave, gardien des trésors, son humanité perdue aussi bien durant l’époque coloniale que pendant les pratiques individualistes de pouvoir qui valurent à cette nation pathétique la tragédie de Jean Jacques Dessalines, charcuté comme Horus, puis balancé par-dessus les fosses d’aisance d’une église du Morne-à-Tuf.

Pierre Clitandre

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