Des intellectuels suggèrent la voie à suivre !

Le journaliste et spécialiste en relations internationales Joël Lorquet vient de publier un ouvrage intitulé « Des intellectuels haïtiens proposent des pistes de résolution de la crise socio-politique », paru aux Éditions Lorquet.

 Plus d’une trentaine d’intellectuels, d’économistes, et de journalistes ont participé à cette publication qui va vite devenir une référence pour la pensée haïtienne contemporaine. On y trouve des considérations historiques sur les « « racines profondes »  de nos blocages socio-politiques. L’intérêt de l’ouvrage réside dans la pluralité d’angles qu’il offre aux lecteurs. Des éléments d’analyse substantiels sont venus éclairer l’épais brouillard qui obscurcissait nos visions et les raisons historiques de nos tâtonnements. Si notre histoire bégaie, c’est parce qu’en lieu et place d’un discours structuré on assiste à un grand délire médiatique où nous nommons mal les choses, faisons dérailler les concepts,  nous enfermant finalement dans un « dialogue de sourds ».

 Dans ce contexte, le sociologue Daniel Supplice nous invite à cesser le comportement tribal pour retrouver une certaine unité qui permettra de créer de la richesse. Il croit fermement qu’un système éducatif promoteur de valeurs citoyennes peut aider à déconstruire l’inacceptable. Pour l’économiste Fritz Alphonse Jean, il nous faut sortir du chemin malaisé de l’économie de rente et opter pour un réseautage d’importance. Il faudra redéfinir les rapports entre l’État et le reste de la société, le libérer de sa captivité par les groupes mafieux pour qu’il cesse d’être une machine à fabriquer l’exclusion.

Charles Tardieu, spécialiste en sciences de l’éducation, pense qu’il faut changer la mentalité de dépendance. De son côté, le cinéaste Arnold Antonin s’insurge contre les faux semblants, les manipulations de la question de couleur. Pour lui, « l’idéal du vrai sera de finir avec la corruption et l’impunité, d’exiger la transparence ». Toute chose qui, selon Michel Soukar,  passe par une prise de conscience des Haïtiens envers leur propre devenir.

La sociologue Michèle Oriol  croit « qu’il faut ouvrir le jeu politique et à partir de ce moment arriver à des politiques publiques qui puissent améliorer le sort de la population ». Marcus Garcia, journaliste senior, prône un leadership éclairé, tandis que le Dr Kawas François en appelle à un plan national de développement. Si l’historien Pierre Buteau pense qu’il faut «  recadrer Haïti et lui donner une orientation plus conforme à son histoire et sa naissance », l’écrivain Gary Victor plaide pour que nos élites se libèrent de « la mentalité d’affranchis ».

Lyonel Trouillot rejoint Fritz Jean dans la nécessité de « rompre avec l’actuel système économique et social ». Frantz Voltaire reste d’un optimisme modéré et croit que tout n’est pas perdu, si nous parvenons à « mettre fin à un système archaïque qui a échoué et rompre avec l’actuelle impasse politique ».

Nous ne faisons que citer au hasard quelques-uns des précieux contributeurs de ce livre qui braque ses projecteurs sur une réalité d’une rare complexité.  Cet ouvrage paru sous la direction de Joël Lorquet se présente comme un « colloque » sur la crise haïtienne, et semble faire la démonstration que les solutions existent.

Un document à mettre aux mains de notre jeunesse, des faiseurs d’opinions et de nos décideurs d’aujourd’hui et de demain pour que le débat politique cesse de tourner à vide. Un travail laborieux et pluriel qui constitue un excellent repère pour tous les citoyens engagés.

Il va sans dire que cette mise en œuvre suppose plusieurs préalables :

D’abord une mise en commun des efforts pour la bonne gestion du Bien commun, une révolution éthique pour sortir des « eaux glacées » de l’égoïsme et de la culture de la faillite.

Malgré les mauvais signaux que la conjoncture nous envoie (misère, insécurité, anarchie), nous au « National »  refusons de tomber dans une sous-culture du déclin. Nous devons repousser la sinistrose et faire la promotion d’une nouvelle éthique politique et administrative. Pour le moment, c’est là que se situe notre combat et c’est dans ce sens que nous invitons le débat à se poursuivre autour de ce maître-ouvrage.

Roody Edmé

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