De la soupe haïtienne sous le sapin de l’humanité

Cette brise fraiche et rassurante venue de Paris souffle au bon moment, une semaine avant de subir une fête de Noel et ses incongruités dans un pays que nous avons cyniquement transformé en paillasson.

 

La soupe « joumou » vient d’entrer « angranjan » dans le patrimoine de l’humanité. Heureusement qu’il existe des exceptions. Heureusement qu’il existe toujours des symboles forts capables de se proposer comme cheval de bataille pour ramener Haïti à la table du monde.

 

Nul ne prétend que cette bonne nouvelle permettra au pays de sortir la tête des eaux troubles dans lesquelles elle s’enlise, mais c’est déjà bien et très bien même. C’est vrai que nous n’avons pas les moyens d’envahir le monde, de le dominer avec notre littérature, notre cinéma, notre musique et notre cuisine, mais chaque pion bien planté et chaque contribution au patrimoine universel sont des exploits réalisés et portés par le courage, l’investissement, le talent et la ténacité de ceux qui croient que le pays n’est pas mort et qu’il peut se donner les moyens d’avancer.

 

Le journal Le National est fier de s’associer à ses innombrables lectrices et lecteurs pour féliciter celles et ceux, dans leurs domaines respectifs, qui se sont mis au chevet d’Haïti.  Nous avons envie de croire et de dire que le malade respire et fait des progrès notables. Merci et félicitations à la Délégation permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO et à la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO.  Merci également à Lovely Jean-Louis, Emmelie Prophète, Gessica Généus, Franketienne, Louis Philippe Dalembert, Jean D’Amérique, Kebert Bastien, Mike Bellot qui, en cette fin d’année difficile, ont soufflé les braises pour tenir, bien au chaud, l’espoir d’une meilleure Haïti.

 

Et pour sublimer cette bonne nouvelle, la note de la Délégation permanente d’Haïti auprès de l’UNESCO, que nous reproduisons ici en partie, est un condensé de bons mots et de gratitude à l’intention de toutes les institutions et personnes qui se sont mis au service d’une cause nationale commune. Les acteurs politiques et l’élite économique n’ont qu’à en prendre de la graine.

 

«  Symbole de l’identité et de la liberté du peuple haïtien, notre soupe de l’indépendance, soupe de la liberté, est la première inscription haïtienne à cette liste, depuis la ratification par le pays, en 2009, de la Convention de 2003 pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel.

La candidature de la soupe avait été soumise en mars de cette année, et l’organe technique évaluateur avait recommandé l’inscription de cet élément notant qu’il satisfaisait à chacun des cinq critères d’évaluation. Le Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel a aujourd’hui approuvé, à l’unanimité, l’inscription de la soupe.

Ce moment historique est possible grâce à la collaboration entière de plusieurs institutions et acteurs : la Commission nationale haïtienne de coopération avec l’UNESCO ; le Gouvernement haïtien; les étudiants, professeurs et chercheurs de l’Université d’État d’Haïti qui ont réalisé l’inventaire de cet élément; les nombreuses associations et regroupements communautaires d’Haïti et de la diaspora qui ont soutenu cette candidature ; les photographes et vidéographes qui ont contribué au montage du dossier ; les experts qui ont assuré la rédaction du texte de la fiche et sa traduction ; les médias nationaux et internationaux. »

 

Des mots à faire lire et relire à tous les jeunes Haïtiens qui ont la lourde responsabilité de reconstruire notre pays, avec des actions à la fois innovantes et respectueuses de l’incontestable créativité haïtienne et de notre patrimoine.

 

Jean-Euphèle Milcé

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