Où sont passés nos leaders?
Lorsqu’une population sombre dans le plus profond désespoir, elle espère toujours entendre des voix rassurantes, une parole sensée à même de lui inspirer confiance dans l’avenir. De ce point de vue, la communauté haïtienne si précarisée est vraiment mal lotie.
Pendant la Seconde Guerre mondiale, Winston Churchill était sorti dans les rues quelques minutes après le passage des bombardiers allemands pour haranguer une foule qui s’était attroupée. Médusées, ces personnes étaient heureuses de voir leur Premier ministre partager leurs souffrances et leur insuffler de l’espérance. Churchill est aussi connu pour ces mots célèbres « je n’ai rien à vousoffrir que du sang, de la sueur et des larmes ». Phrase qu’il a prononcée le 10 mai 1940, lorsqu’il prit la tête d’un gouvernement de coalition. Depuis l’Angleterre deviendra une forteresse assiégée mais imprenable pour les nazis.
En France, le fameux discours de De Gaulle depuis la BBC de Londres reste inoubliable dans la mémoire de ses compatriotes. Tout comme la décision historique de Paul Reynaud ancien président du Conseil et ministre des Affaires étrangères puis de la Guerre de démissionner de son poste parce qu’il était en désaccord avec les principaux membres du gouvernement et responsables militaires quant à la conduite àtenir après la déroute de l’armée française en juin 40, au début de la Deuxième Guerre mondiale. Au plus fort de la défaite de l’armée française, il a eu ces mots pleins de courage : « Si l’on venait me dire un jour qu’un miracle peut sauver la France, ce jour-là je dirais : « je crois au miracle parce que je crois en la France ».
Dans notre histoire, Henri Christophe depuis sa « citadelle » du Nord face à une « invincible armada » au lieu de mettre bas les armes, prononça des paroles pleines de défiance et de résistance : « je ne vous rendrai la ville que lorsqu’elle sera réduite en cendres…même sur ces cendres, je vous combattrai encore ».
Bien sûr, tous ces « monstres sacrés » de l’Histoire ont aussi leur part d’ombre, mais ce n’est pas ici notre propos. Nous voulons mettre l’accent sur la nécessité qu’émerge au plus vite des offres politiques alternatives et conséquentes pour un renouveau du leadership politique nationale dans ce marasme qui menace de tous nous engloutir. En attendant, il nous faut obtenir un premier consensus pour faire reculer ces menaces de «peste anarchique » et de choléra.
Le peuple haïtien vit la crise la plus grave depuis des décennies et ce qui lui est offert sur les réseaux sociaux ce sont tout simplement le bruit et la fureur qui viennent en écho à nos rues voraces. La nation perd complètement le « nord » et ce qui est palpable, ce sont : l’épaisse impuissance des dirigeants, des organisations explosant en vol, des anciens élus surpris au coin des rues à attiser de grands bûchers.
Aucun bulletin d’urgence sur quoi faire en pareille catastrophe, aucune parole apaisante et/ou d’espérance, aucune percée historique de la grisaille quotidienne,aucune concession majeure d’un côté comme de l’autre de l’échiquier politique qui aurait permis d’éclaircir les voies de l’avenir. Il n’y a que les discours furibonds de seigneurs de la guerre qui nous promettent des lendemains ensanglantés. Courtisés de partout, ils sont les nouveaux rois d’une « jungle » sociale dont ils sont les cerbères avec un «permis de tuer » ad libitum.
Nous aurons besoin dans les heures et jours qui viennent, de leaders courageux qui assumeront de prendre quelques « coups » pour oser la vérité. Celle d’une nation embourbée dans une catastrophe humanitaire sans précédent, qui devra compter sur l’aide pas toujours particulièrement désirable compte tenu du passé, mais incontournable de partenaires internationaux. Une aide que nous définirions dans le cadre d’une transition consensuelle et qui aurait une durée, pour éviter toute tendance à « l’addiction ».
Le pays nécessite aussi des meneurs capables de porter les revendications populaires sans tomber dans la fascination pour le vide, ou la destruction mutuelle assurée combien suicidaires. Des initiatives novatrices qui prennent en compte les souffrances insoutenables de ce peuple.
RoodyEdmé
Références utilisées : www.histoire-en-citations.fr
