Oser rêver

Le calendrier est un tyran qui ne se soucie guère des humeurs et des projets. C’est exactement pourquoi, il est illustré à merveille par l’expression très populaire, un brin agaçant et vulgaire : yon wikenn se yon wikenn tout kote sou latè (Peu importe le lieu et les circonstances), le weekend est un temps consacré au repos et aux loisirs.

 

Fatalement, nous approchons des Fêtes de fin d’année et, même involontairement, nous nous risquons à faire le bilan de l’année qui est en train de mourir et d’imaginer, avec audace et hardiesse, le scénario souhaité pour 2022.  Au pays des petits bonheurs et des désagréables surprises, il n’est pas aisé de se projeter dans le futur proche, de corriger les manquements et d’espérer le climat propice à la réalisation du meilleur, même dans la fantaisie.

 

Pour cette fin d’année, nous avons constaté que le pays continue de se disloquer, que personne ne peut prétendre détenir la solution pour combattre l’insécurité, gérer la Covid-19, reprendre le contrôle de l’économie en déshérence et stabiliser le pays avec des outils politiques plus convaincants que les pilules amères, les accords et leurs forceps et aussi les vieilles « illusions perdues ».

Nous avons regardé, dimanche, les images de la foule en liesse au Chili, le pays qui a connu l’assassinat d’un président, la dictature et l’expérience du libéralisme le plus inhumain qui soit. Un homme, jeune et fougueux, a accédé à la présidence après avoir accompagné le peuple chilien, à plusieurs niveaux, pendant une dizaine d’années. Leader étudiant puis député, il est parvenu à dégager un point d’intérêt commun entre les classes supérieure et moyenne au Chili. Il a été placé à la tête du projet de changement dans son pays avant de devenir Président.

 

Il est jeune certes, mais ce n’est pas la jeunesse qui a gagné. Plus que son honnêteté, sa foi dans la politique de gauche et sa combativité, c’est un regroupement d’organisations politiques qui l’a porté au pouvoir.

 

Bien entendu, la majorité de la population a choisi de créer les conditions pour une réforme fiscale de grande ampleur capable de canaliser les impôts des riches et des travailleurs modestes vers un meilleur accès à la santé, l’amélioration du système éducatif et la démocratisation du système de retraite.

 

Comme le calendrier nous le permet, nous allons oser rêver. Non pas du leader jeune, charismatique et de gauche (ce que nous avons déjà inventé), mais d’un projet pour le pays. S’il est porté par un Haïtien avec le profil de Gabriel Boric, on ne s’en plaindra pas.

 

Jean-Euphèle Milcé

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