Pourquoi faut-il à tout prix négocier ?

Dans les menaces renouvelées par la Russie de Vladimir Poutine de passer par l’utilisation des armes nucléaires, dans le cadre de la prolongation de l'opération spéciale qu’elle mène en Ukraine depuis février 2022, certains médias font état des échanges et de négociations en cours, entre des officiels, des diplomates, des médiateurs et des hauts gradés militaires des forces armées russes et américaines, au début du mois d’octobre 2022.

 

Derrière le soutien croissant des États-Unis et de ses alliés aux forces militaires ukrainiennes qui progressent avec la reprise de plusieurs villes qui étaient sous le contrôle des  l’armée russe, et la reconnaissance officielle par Moscou des nouveaux territoires annexés à l’intérieur des frontières. Toutes les parties en conflit reconnaissent plus que jamais les bienfaits de la négociation, face aux escalades qui pourraient conduire le monde à une guerre nucléaire irréversible, sous le signe autodestructeur que l’on baptisera un nouvel octobre rouge !

Dans le cas d’Haïti, pratiquement si rien ne bouge dans les deux sens, entre le pouvoir et l’opposition, en dehors de la destruction des vies et des biens, de la déshumanisation progressive et suicidaire de la population, et d’une jeunesse désorientée et désabusée, les négociations demeurent pratiquement la seule et l’unique porte de sortie pour éviter au pays des jours encore plus sombres.

 

Du nombre des acteurs en place, qui, de face stérile continue le face à face, ou en faisant des pas sur place, ils sont pratiquement au nombre de cinq. 1-Le gouvernement en place ; 2-Les forces éclatées de l’opposition qui portent tous les noms ; 3-Les élites économiques au sommet qui se partagent des intérêts complémentaires et contradictoires entre les deux premières catégories ; 4-La population qui doit aussi bien nourrir les trois premières catégories et subir les moindres gestes et mouvements des trois acteurs qui prennent place tout autour ; 5-Et l’international qui viendra en dernier lieu, et dispose certainement du couteau pour trancher le gâteau, et décider du même coup de la part qui reviendra à chacun.   

Dans l'impossibilité pour les trois acteurs autour de la table de s’entendre sur la part qui reviendra à chacun d’eux, à force de trop bouger autour de la table, ils risqueront de voir effondre la table, sans que personne ne puisse en profiter véritablement de cette énième réception, qui à la face des ancêtres ne rime qu’à une nouvelle forme de déception.

Dialogue indispensable, les parties autour de la table devraient pouvoir s’inspirer dans la méthode du «REC» qui se définit par les trois étapes suivantes: résister, engager et conclure, pour offrir au pays, et s’offrir une meilleure porte de sortie. Pourquoi faut-il négocier pendant qu’il est encore temps ? À qui profitent les rapports de force actuels ? En dehors de l'utilisation de la violence comme l'un des instruments de négociation en temps de crise, pourquoi et comment encourager les acteurs à se mettre autour d'une table pour discuter et négocier dans l'intérêt de la population ?  

Dans toutes les étapes de la vie commune, dans les relations personnelles, familiales, amicales, sentimentales ou sexuelles, professionnelles, diplomatiques, internationales, et pratiquement dans toutes les activités humaines, nous ne faisons que négocier. Ce sont pratiquement des cours sur la négociation, sur la gestion des crises et des conflits et le leadership collectif,   qui ont manqué dans le curriculum du système éducatif haïtien pendant longtemps, et dont la nation paie pratiquement le prix à chaque grande crise politique et institutionnelle majeure.

«Dans toute négociation, mieux vaut être la solution que le problème», disait il y a quelques années le  conférencier Alain Leblay, quand bien même Nelson Mandela nous rappelait que : «La négociation et la discussion sont les meilleures armes dont nous disposons pour promouvoir la paix et le développement».

 

Dans la situation critique et chaotique haïtienne en 2022, quels sont les hommes et les femmes qui ne souhaiteraient pas voir revenir la paix dans le pays ? Ce bien commun indispensable et irremplaçable pour initier un véritable développement au bénéfice de la population. Pourquoi dialoguer ? Comment négocier ? Pourquoi les Haïtiens refusent-ils de discuter, de dialoguer et de négocier entre eux ?  Quand l’international, en présence des acteurs aussi intolérants et irrespectueux envers la mémoire et l'héritage des ancêtres, n’aura rien d'autre à faire que d’imposer ses propres choix, ses lois, sa voie ?  Voilà ce qui nous attend !

 

Dominique Domerçant   

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