De la sagesse !

Peut-on rêver de sagesse dans ces temps troubles où les hommes flirtent avec toutes les folies et les noirceurs du monde, oubliant la mission que nous avions d’utiliser notre cœur et nos connaissances pour remodeler les choses, pour faire en sorte que la terre, notre terre, puisse mettre à notre disposition tout ce qu’elle a de beau à nous offrir ?

 

De la sagesse, pourtant, il faut en rêver. Allumer sa lampe et la brandir comme Diogène dans ce jour faux pour identifier les fils qui peuvent encore s’enorgueillir d’être encore des hommes. Des fils de l’antan et du futur.

 

De la sagesse, il faudrait en faire un bulldozer pour ramasser de ses pelles puissantes les haines et les triomphalismes parfois stupides qui s’amassent dans les artères de la cité. La haine nous fossilise. Le triomphalisme est stupide quand il vient renforcer les fondations d’un État délétère, voyou, qui a démontré jusqu’à aujourd’hui un profond mépris des besoins d’une population qui s’enlise dans la précarité.

 

De la sagesse, il nous en faut encore plus. Pour tranquillement faire reculer nos démons toujours fermes sur leur position, pour faire s’asseoir nos femmes et nos hommes à la grande table de la convivialité pour qu’ensemble ils puissent avoir un autre regard sur notre réalité. Un regard vrai cette fois-ci, qui puisse aller au-delà des murs de nos enfermements. Un regard qui pousse à la réflexion sereine.

 

De la sagesse, il nous en faut comme d’un contrepoison qui puisse annihiler chez chacun de nous le venin de cette conception morbide et médiévale du pouvoir qui se manifeste dans toutes nos postures. Cette sagesse qui peut provoquer chez l’homme cette honte salutaire quand il constate à un carrefour de sa vie que ses turpitudes l’ont plongé tellement bas qu’entre lui et l’animal la frontière n’est plus que virtuelle.

 

De la sagesse, il nous en faut pour prendre le taureau de la précarité par les cornes et le terrasser. Car, cette précarité nous plonge justement dans cette animalité ou aucune convivialité n’est possible.

 

Nous devenons des hyènes bavant de faim devant une proie et qui s’entredéchirent allégrement pour s’approprier quelques lambeaux de chair et de sang.

 

De la sagesse, il nous en faut pour avoir cette autre forme de honte.

Celle de ne pas pouvoir regarder nos enfants dans les yeux, car nous ne leur offrons pas un avenir sur la terre qui est la leur, sur la terre que leurs ancêtres avaient voulue pour eux, mais un avenir chez l’étranger alors que nous dépeçons le présent, forgeant pour la majorité un enfer d’où personne un jour ne pourra s’échapper.

 

De la sagesse, il faut pouvoir la réclamer même des fous qui peuplent nos rues. Il peut y avoir de la sagesse cachée chez les fous.

 

La sagesse, chez les fous, peut naître de l’instinct de conservation.

 

De toute manière, il faut trouver l’intelligence de faire surgir une lueur de sagesse chez les fous. Sinon, il faut les forcer à se taire. Ou les enfermer tout simplement, sinon ce sera le pays qui deviendra un asile le jour où il ne sera plus possible de distinguer les fous des sages.

 

Les amateurs de rhétorique discuteront peut-être de la question de la folie. Qui sont les fous ? Qui ne l’est pas ? La réalité, elle, est loin de la rhétorique. Notre délabrement est partout, visible.

 

La sagesse doit rendre pour nous tous ce délabrement insoutenable.

Alors, seulement, elle trouvera les armes qu’il faut contre la folie.

 

La Rédaction

 

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